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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/553

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INVESTITURES (QUERELLE DES)

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sion lie réaliser quelques prolits, en délivrant l’évêclié moyennant de l’ar^’ent ou des liiens-fonds. Au conmienceiuent du xi « siècle, llenaud, évéquo d’Angers, déclare qu’il n’est pas vrai que son père iiit acheté pour lui l’évèché en livrant le patrimoine familial au comte d’Anjou, Geoll’roi Grisegonelle. L’Iiistoriograiilie de l’église du Mans célèbre comme une sorte de prodige l’avèneiuent de l’évêque Mainard, alors que tant de candidats, dit-il, étaient prcls à acheter le siège cpiscopal. Son successeur, Scgeiifride, a livré un domaine important, appartenant à l’église, à Koulques d’Anjou alin qu’il lui procure l’évèclic. L’empereur Henri 1Il tenait en plein synode ce langage aux évêques allemands :

« Corrompus par l’avarice, vous avez acheté et

vendu la grâce divine. Et mon père lui aussi (Conrad 1^, pour l’âme duipiel j’ai de grandes imiuiéludes, a succombé à l’avarice. » Les évcques, dit Kaoul Gi.abbk V, XXV, édit. Prol’, p. l’ili), étaient saisis d’ell’roi à ces reproches, car ils n’avaient rien à y répondre. Ces prélats, qui avaient acheté leur ééché. vendaient à leur tour les chaiges inférieures. Le même chroniqueur dit qu’en Italie, les charges ecclésiastiques se négociaient comme les marchandises sur la place publifjue a qtuisi in foro seciilaiiii mercitnonid » (ilncl.). temps des conciles réformateurs de la cli’uxième moitié du xi* siècle, un grand nombre d’évêques seront déposés comme simoniaqnes, et souvent les coupables arguaient de leur bonne foi. Il se serait rencontré même un clerc romain, l’archidiacre Jean, que Haoul Glaber appelle « vir religiosissimiis ac saiictitate perspicuus « V, xxvi, p. 135), et qui, pour arracher le siège de saint Pierre aux indignes poutil’es qu’y établissaient les barons romains, aurait fait lui-même un marché simoniaque et ne serait devenu pape, sous le nom de GnKGOinB VI, qu’à [irix d’argent.

Les prélats, qui devaient leur charge au caprice ou à l’avarice des rois ou des seigneurs, étaient malaisément de bons évêques. L investiture laïque procurait la charge pastorale à maints prélats indignes. Ils avaient ])lutot les goûts, les mœurs d’un séculier, d’un baron féodal, que les qualités d’un pasteur d’àmes. Les membres des grandes familles seigneuriales peuvent seuls prétendre à ces dignités. Le roi souhaite avoir des évêques qui remplissent bien leurs devoirs de vassaux, qui soient prêts à l’assister dans ses expéditions ; il n’a pas toujours égard aux vertus, à Li science des candidats. Sans doute, parmi les évêques investis par les rois et empereurs, il se rencontre de dignes et saints prélats. Ceux que choisissent les empereurs sortent fréquemment de l’école du palais, sont souvent des clercs instruits et pieux. Mais d’autres prélats sont inaptes à remplir leur charge et mènent une vie peu édifiante.

Ceux-là naturellement ont peu souci des mœurs de leur clergé. Un grand nondtre de clercs, chanoines des chapitres, prêtres des paroisses, ont cessé de pratiquer le célibat. Le mariage des clercs est sur le point de passer dans les mœurs, dans l’église d’Occident.

Préludes de la réforme. — L’investiture laïque des charges ecclésiastiques est le signe le plus sensible de l’envahissement de l’Eglise par la société séculière, la cause profonde des vices, simonie, incontinence du clergé, contre lesquels se dessine dès le commencement du xi’siècle un puissant courant de réforme. Longtemps les réformateurs ont combattu les diverses manifestations du mal avant de s’en prendre à la racine. Les moines de Cluny se sont faits, avec l’appui des souverains qu’ils s’ellorcent d’intéresser à leur campagne, les agents de la

réforme des mœurs dans les cloîtres et hors des cloîtres ; mais ils ne combattent que la simonie et le nicolaïsme, c’est-à-dire l’incontinence des clercs. Aussi longtemps en ellel rjue la réforme ne pouvait être entreprise qu’avec l’appui des rois et des seigneurs, il ne fallait pas songer à leur disputer le droit de disposer des évêchés. Les réformistes se bornent à demander aux souverains de permettre une élection canonique et n’élèvent aucune protestation contre l’investiture laïque.

La papauté a été ad’ianchie du joug des seigneurs de la campagne romaine par Heishi 111, qui prétend dès lors choisir lui-même les papes. Liio.v IX dénie ce droit à l’empereur, et Nicolas II j)romulgue le décret qui réserve l’élection du pape aux cardinaux. La papauté ainsi libérée ju-end la direction du mouvement réformiste ; mais elle se contente aussi d’abord de combattre les deux hérésies du temps, la simonie et le nicolaïsme.

En I074) au premier synode romain qu’il ait présidé, GnKGoiiiE VU renouvelle simplement les décrets de réforme rendus par ses prédécesseurs : « Quicon([ue a obtenu à prix d’argent une charge ecclésiastique, la perdra. Quiconque est coupable de fornication, s’abstiendra de remplir les fonctions sacrées. » Tel est encore au début de son pontilicat le programme d’Hildebrand, exactement semblable à celui de tous les pontifes réformateurs dont il avait été le conseiller depuis l’avènement de Léon I..

Les dillicultés inattendues qu’il rencontra obligèrent Grégoire VII à transporter le débat sur un autre terrain, celui de l’investiture. En Allemagne, Hbnhi IV, en dépit de ses promesses, pratique couramment la simonie ; les évêchés sont mis par lui à l’encan. Au reste, la libre élection, ijuand elle est concédée parle souverain, n’empêche pas les marchés simoniaqucs, car le roi ne donne l’investiture de l’évêclié à l’élu que moyennant tinances. Grégoire VU, instruit ])ar l’expérience tant des années où il inspirait la i)olilique de ses prédéeesseurs, que des premiers temps deson propre pontilicat, s’aperçut que l’investiture laïque était le principal obstacle à la liberté deséglises et à l’épuration des mœurs du clergé. hedominium des rois sur les évêchés et la concession qu’ils en font à des clercs choisis par eux parurent dès lors au pontife incompatibles avec son i)lan de réforme. C’est ainsi que Grégoire VU fut amené à s’en prendre à l’investiture, signe de la possession des églises par le pouvoir laïque et symbole du don fait de l’évèché aux mains de l’évêque par Pautorité séculière.

Condamnation de l’investiture laïque. — Au synode romain tenu du 2/4 au u8 IV rier 1076, Grégoire VU promulgue le célèbre décret qui va soulever le grandiose conllit qu’on appelle la qucrelle des investitures.

« Quiconque à l’avenir recevra Je la main d’un laïque

un évéché ou une abbaye, ne sera pas comjilé parmi les évêques et les abbés. Nous lui interdisons la communion du Ijienheureux Pierre et l’entrée de l’Eglise tant qu’il ne renoncera pas à sa dignité. Nous faisons la même défense relativement aux charges inférieures. De même si un empereur, duc, marquis, comte ou quelque povivoir ou personne laïque ose donner l’investiture d’un évéché ou de quelque avitre dignité ecclésiastique, qu’il sache qu’il est atteint par la même condamnation, n Telle est bien la portée, sinon la lettre du décret, car il semble qu’HiGUES db F1.AVIGNY dans sa chronique (Monamenta Germaniae, Scriptures, t. VllI, p. 4 12) ne nous en ait pas conservé le texte authentique.

A plusieurs reprises, Grégoire VII et ses successeurs