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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/576

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ISLAMISME ET SES SECTES

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III. Doctrine. — Les points fondamentaux de la doclrint musulmane sont l’unité divine, le prophélisrae, l’immortalité de l’âme, le jugement et la rétribution des œuvres dans l’autre vie. Les préceptes essentiels sont : la croyance au Dieu unique, la soumission à la loi donnée par le propliètc et contenue dans le Coran, la prière, l’aumône, le jeûne, le pèlerinage. Voici quelques détails sur ces différents points.

Dieu est un ; « il n’y a de Dieu qu’Allah », dit la formule de foi musulmane. Mahomet est expressément hostile à la Trinité ; il l’est de même à l’Incarnation et d’autre part aussi à tous les systèmes comportant l’émanation. Le Coran contient de vives invectives contre ceux qui croient Dieu capable d’engendrer ; Mahomet ne veut pas qu’on regarde Jésus ni « Ozair » (Esdras) comme tils de Dieu, ni les anges comme ses tilles (ix, 30 ; xvi, og). Les Chrétiens sont à ses yeux de véritables polythéistes.

Dieu, selon le Coran, a des « qualités ». Ce sont celles qui sont déjà connues par la Bible : la puissance d’abord, la volonté, la majesté, l’éternité ou plutôt la stabilité ou la durée, — car la notion d’éternité n’avait pas dans la pensée de Maliomet la précision qu’elle peut avoir chez un philosophe, — la science et la justice. Il est moins insisté sur la bonté et la miséricorde que dans le christianisme.

La preuve de Dieu est faite principalement par sa puissance, comme dans la Bible ; celle-ci se manifeste surtout pai’l’ordre et la beauté du monde, par la providence de Dieu et le prophctisme, et par quelques miracles. Le Coran contient plusieurs passages éloquents où le prophète montre comment Dieu a établi la terre comme un tapis, réglé l’ordre du monde et les lois de la végétation, comment aussi il a créé l’homme et arrangé sa reproduction. Les miracles sont la preuve la moins importante ; ils sont en petit nombre à l’origine de l’islam, et dépourvus de vraisemblance. Mahomet était un faible thaumaturge. Son plus grand miracle, selon lui, était le Coran.

La notion du prophétisme est à peu près la même que dans la Bible, mais conçue pourtant d’une façon plus brutale et plus simpliste. — Un ange, — en fuit l’archange Gabriel, — parle au proi>hcte, et lui enseigne, de la part de Dieu, ce qu’il doit dire. Lorsqu’il est pressé dans la discussion, Mahomet demande le temps d’avoir la réponse de Dieu, communiquée de la sorte. Cette idée du [)rophétisme est donc tout objective et externe. Ce n’est pas celle d’un esprit divin qui pénétrerait l’àme du prophète, agirait en elle au dedans et rélèverait à une science surhumaine.

L’islam admet les anciens prophètes. Dans ses légendes, il en ajoute même un grand nombre aux prophètes bibliques. Les principaux à ses yeux sont Abraham et Moïse. Mahomet a cru sincèrement, au nujins au début de sa carrière, ciu’il restaurait la religion d’Abraham, et que sa prédication était conforme à la révélation mosaïque. Il l’ut à ce sujet violemment attaqué par les Juifs. Adam, Xoé, Joseph etSalomon, sont aussi considérés comme de grands prophètes par les Musulmans, et ont une place importante dans le Coran. Il en est de même de Jean-Baptiste et de Jésus.

Mahomet se regarda comme le dernier des prophètes et le plus parfait. Il crut que certains passages de la Bible annonçaient sa venue, et qu’il était le Paraclet promis par Jésus à ses Apôtres (Jean, xv, 26).

Le Coran insistant beaucoup sur la puissance de Dieu, et d’ailleurs parlant peu delà liberté humaine et point du tout de la grâce, il en résulte qu’une apparence de fatalisme est répandue sur toute la doctrine. Il semble que ce Dieu, qui est, avant tout, puissant,

soit l’auteur de toutes choses, même des actes des hommes, des mauvais comme des bons, et que la destinée humaine, en ce monde ou dans l’autre, ne dépende que de sa volonté arbitraire et souveraine. Cette thèse du fatalisme n’est cependant pas celle qui est admise par les docteurs de l’islam ; il n’est pas juste de soutenir que cette religion est théoricpierænt fataliste. Les passages du Coran, qui donnent cette impression avec le plus de force, peuvent être interprétés.

« Som-ds, muets et aveugles, est-il dit des

pécheurs, ils ne peuvent plus revenir sur leurs pas.

— Dieu égare qui il veut ; il conduit qui il veut. » Mahomet a seulement voulu marquer par là la difficulté qu’il y a pour les pécheurs endurcis à se convertir ; on trouve des exxwessions analogues dans les psaumes.

U n’en est pas moins vrai qu’on a constaté jusqu’à nos jours chez les populations musulmanes, une certaine dépression de la volonté. Ces peuples estiment peu le travail, et connaissent peu l’effort, en dehors de l’effort militaire. Ils s’abandonnent sans peine aux changements heureux ou malheureux de la fortune. Le mot même d’islam signifie abandon, résignation. Celle disposition à un certain fatalisme, qui est plutôt d’ordre physique que d’ordre moral, est ancienne en Orient et bien antérieure à l’islam ; on la trouve représentée dans l’âge antique par la conception du Destin.

Le culte musulman est très simple. Il ne comporte pas de sacrifice comparable à celui de la messe, mais seulement la prière. La loi prescrit cinq prières quotidiennes : celles de l’aube, de midi, de quatre heures, du soir et de la nuit. Ces prières correspondent aux heures canoniques des chrétiens, et elles en sont une évidente imitation.

Elles sont précédées d’ablutions. Cette pratique est réglée par le Coran même. Le fidèle doit se laver le visage, la tête, les mains et l’avant-bras jusqu’au coude, les pieds jusqu’aux chevilles. On se déchausse pour prier.

La prière peut être faite soit en particulier, soit à la mosquée. Pour les mosquées, elle est annoncée par les muezzin du haut des minarets. Les minarets, sortes de phares, sont empruntés aux anciens ermitages chrétiens ; ils servaient, dans le désert, à indiquer ces lieux d’asile aux voyageurs. L’usage de la voix humaine, pour appeler les croyants à la prière, date des premières années de l’islam. Les chrétiens se servaient en ce temps-là de cloches de bois ou crécelles.

Les Musulmans prient sur des tapis spéciaux appelés sedjiideh, c’est-à-dire « pour la prosternation ». Ou les tourne dans la direction de la Mecque. Au temps de Mahomet, les chrétiens se tournaient pour prier vers Jérusalem. Mahomet hésita quelque temps entre ces deux directions ou Kililah. L’orientation est indiquée au fond des mosquées par le miliràh, partie réservée et décorée dans l’abside. La prière d.ins les mosquées est présidée par un imam ; c’est un personnage respectable quelconque, en pratique un oflicicr de la mosquée. Les fidèles se placent en rang ; les femmes ne prient pas avec les hommes. Les paroles de la prière sont pour la i)lupart tirées du Coran. Les attitudes sont prescrites ; il y a des génuflexions, des prosternations, des façons d’élever les mains de chaque côté de la figure, ou de les abaisser le long du corps ou sur les genoux.

A la mosquée princiiiale de chaque ville (mosquée cljàmi), la prière du vendredi est accompagnée d’un prône dans lequel on prie pour le khalife et où l’on fait des exhortations. Cette prière est obligatoire en tant que ]uiblique, et pendant le temps qui lui est consacré, les Musulmans doivent chômer.