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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/597

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JANSENISME

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prolonge au travers de négociations stériles, conduites parties négociateurs de bonne foi mais toujours dupes, lesévê<iues opposants sont entraînés plus loin qu’ils n’ont d’abord prévu : des acceptations conditionnelles et des explications données ou réclamées, ils en viennent aux appels et ils sont retranchés de la communion romaine. L’apparente soumission de Noailles semble être un triomphe pour Home, mais l’opiniâtreté des appelants n’est pas domptée : l’hérésie s’est répandue et pour ainsi dire vulgarisée. En même temps les Parlements, dès longtemps gallicans, sont ouvertement jansénistes, et ils entreprennent de faire la loi, sinon au Pape, du moins aux évêques et au roi.

V. — La dernière période : le déclin (17881794).

Vers 1 728, le Jansénisme est entré dans une phase nouvelle, celle du déclin, dans laquelle on distingue quelque chose comme un bas et un haut Jansénisme : en bas, ce sont les Coinnihioniiaires et leurs exhibitions ; en liaut, le Jansénisme parlementaire.

A. Les Convulsionnaihkp. — Dès les beaux jours de Port-Hoyal, les Jansénistes ont parlé de miracles : aux décisions des papes ils ont opposé, comme un témoignage divin rendu à leur ortliodoxie, des guérisons extraordinaires. En1656 et lOS^.par exemple, ont lieu, dans l’abbaye, les miracles de la Sainte-Epine. Plusieurs historiens sont remontés jusque-là pour établir un lien entre le moment de Pascal et les temps du diacre Paris ; ils ont ainsi rattaché au Jansénisme du xvn’siècle celui des convulsionnaires (sur ces miracles de la Sainte-Epine voir : Recueil d’I’trechl, i’)lo, p. 282 et suiv. — ÏXxvi^, Mémoires, t. II, p. 4 18 et suiv. — Maynard, Pa.scrt/, sa vie et son caractère, Paris, 1850, t. I, p. SaS et suiv. —’Sainte-Beuve, Port-Iioyal, t. III, j). 178 et suiv., p. 197 et suiv. — Paquier, Le Jansénisme, ’leçon, les miracles du Jansénisme, surtout p. ! ()ty ! ’)'6 et 506-522).

Des Convulsionnaires, il a été question déjà dans cet ouvrage (art. CoNviLsioNNAmKS, t. 1, e. ^oS-^iS), sons la signature de Mgr G.-J. Waffklakrt, évêque de Bruges. On a vu que leur histoire compreml comme trois époques : 1" Les miracles prétendus qui, peu après la mort du Diacre Paris (i" mai 1727), commencent avec les pèlerinages et les neuvaines faites dans le cimetière Saint-Mcdard.près des restes du Bienheureux François de Paris, comme disent les dévots de la secte, et sur son tombeau. 2" Les débuts, depuis les premiers cas de convulsions qui bientôt se joignent ou se substituent aux miracles, jusqu’à la fermeture du cimetière sur un ordre de Louis XV quillet 1731-27 janvier 1782). L’épidémie convulsive est caractérisée, et les convulsionnaires se chiffrent par centaines. 3" Uentier développement, alors qu’à rencontre d’une nouvelle ordonnance (17 février 1733), les convulsionnaires continuent de s’assembler, plus ou moins clandestinemeiil. au risque de provoquer, par des extravagances trop mal dissimulées, des descentes de police. Les manifestations étranges se produisent dans divers quartiers de Paris, ou même dans la province. Celte troisième époque s’étend de 1782 jusqu’à la Révolution et déborde, par delà même la Révolution, jusque dans le dix-neuvième siècle.

La réalité historique — non pas des miracles, dont l’Eglise a dûment récusé l’authenticité — mais des convulsions proprement dites, ne doit pas être contestée. C’est sur l’interprétation des faits, sur leur nature intime ou leur cause qu’on peut discuter. Les contemporains mêmes ne se sont pas accordés, les

uns attribuant tout à l’action merveilleuse de Dieu, d’autres à des interventions diaboliques, d’autres enlin aux seules forces de la nature ou à d’artilicieuses supercheries. Bien plus, il ne faudrait jias croire que, dans le parti, l’approbation fût unanime : généralement les Jansénistes de marque, même ceux qui tenaient pour la vérité des miracles, étaient aniiconvutsionnistes. Chez les convulsionnistes, enlin, il y eut des dissidences : quelques-uns, désignés sous le nom de discernants ou de mélanf ; istes, n’admiraient pas tout sans contrôle et réclamaient un tri entre la fange et les parcelles d’or. A côté d’eux, ou en face, une foule de branches et de ramilicalions se formèrent : figuristes et antifiguristes, vaillunti.-tcs ou multipliants, margouillistes, mongeronistef, possihiiistes, angustinistes, otlinisles, i)inelistes, l’ureinistes. Inutile de les examiner en détail. C’est ^ rairænt la queue burlesque, le Jansénisme le plus bas et souvent le plus immoral (Picot, Mémoires, t. ii, p. 370-387 ; t. IV, p. 65. A titre d’exemple, voir, sur l’une de ces sectes, la consciencieuse monographie de M. Paul Dudon, Le L’areinisme).

Sans nous attarder davantage, résumons d’un mot la conclusion de l’article Convulsionnaires, dans l’explication de ces scènes bizarres. De ces faits ou du moins des circonstances qui les accom]iagnent, une partie est due à la fourberie, une partie à des causes naturelles, à des maladies nerveuses surtout et en particulier à l’hystérie. Certains phénomènes ne s’expliquent véritablement que par une intervention prélernaturelle, dont l’agent ne saurait être ni Dieu, ni ses anges. C’est donc le démon. Ajoutons que de ces convulsions il est impossible de tirer un argument contre l’Eglise, contre sa sainteté ou sa doctrine. Tout, au contraire, conlirmc l’infaillibililc de ses enseignements et atteste sa prudente réserve.

B. Le Jansénisme parlementaire. — Durant la période du Quesnellisme, nous avons remarqué l’hostilité des Parlements contre les Constitutionnaires. Elle s’accuse encore, autour de 1780, au point qu’elle domine, pendant près d’un demi-siècle, ^l absorbe, ])our ainsi parler, l’histoire du Jansénisme. C’est donc, parallèlement et au-dessus du Convulsionnisme, le développement du Jansénisme parlementaire.

A la suite d’une déclaration royale, enjoignant I.i signature du formulaire et raccei>tation de la bulle comme loi de l’Eglise et du royaume (24 mars 1780), le Parlement de Paris fait opposition, sous prétexte de défendre contre les envahissements du Saint-Siège les <lroits du roi et les libertés gallicanes. De 1781 à 1788, c’est une suite de conflits plus oumoins aigus : consultations en faveur d’ecclésiastiques appelants, arrêts rendus contre des ordonnances ou des instructions épiscopales, résistances ou représentations à l’encontre des édits du roi, lorsqu’ils prétendent fixer une discii)line au Parlement, démissions ou exil de magistrats récalcitrants. Une bulle de canonisation est même supprimée (/| janvier 1788). celle de saint Vincent de Paul (lO juin 1787), parce que le Jansénisme y est maltraité.

Mais l’affaire principale, par où se manifeste surtout l’esprit janséniste et gallican des Parlements, c’est celle du refus des sacrements et des billets de confession. Plusieurs curés, d’accord avec leurs évêques, avaient ilécidé de refuser les sacrements in extremis à tout appelant moribond qui, ne révoquant ])as l’appel, rejetterait obstinément la bulle Unigenitus, ou n’attesterait pas, par un billet de confession, avoir été entendu par un ])rèlre muni de pouvoirs et d’une juridiction régulière. Ces exigences rigoureuses sont fondées en théologie, et leur opportunité,