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FRANC-MACONNERIK

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pouvoir royal — dcnaturé et impuissant — ne prit aucune n : esiire eflîeace contre les entreprises des loges.

A la < luite de l’Empire, Jcsepli Boncparte, Mi’ral et Camliacérès furent révoqués de leurs fonctions ; les principaux chefs de la maçonnerie firent volteface, jurant « de défendre les lis cl de mourir pour lé maintien de la famille des Bourlions ». (Rcbold, p. 123.) Le retour de Tilc d’Elbe et Waterloo occasionnèrent deux nouvelles volte-face, qu’on essaya ensuite de voiler en mutilant les procès-verl’aux du Gr.-. O.-.

Le marécLal Kellermann, duc de Valmy. resté administrateur général (1814-1815), fut bientôt remplacé par le comte de Bournonville et le marquis de Lauriston (Lieutcnants-(îrands-Maîtres de 18)5 à 1821). Le maréclial Macdonald, duc de Tarente, devint à son tour Lieutenant-Grand-Maîlre, de 1821 à 1828 avec le marquis de Lauriston, puis seul de 1828 à 1833.E11 181g, on avaitprojeté d’a]ipeler à lagrandemaitrisele duc deBerry, héritier présomptif du trône, qui fut assassiné en 1820.

Louis XVIII — tout comme le comte d’Artois et le 1 duc de Berry (initié en Angleterre) — était ou avait

! été franc-maçon. Comme si le voltairianisme n’avait

pas été la cause des malheursdela France et comme si le gallicanisme n’était pas destiné, plus que jamais, à faire le jeu des ennemis de la religion nationale, le roi ménagea les loges et subit leur influence, espérant peut-être y trouver un apj.ui 1 Tandis que tous les trônes européens (sauf celui de Prusse, dont I la secte voulait la prédominance en Allemagne), étaient r<ilijet d’une conjuration que condamnaient Pie VII et Lf.oy XII, et que le cardinal Consalvi dénonçait en ces termes au prince de Mctternich : L’n jour, les plus vieilles monarchies, abandonnées de leurs défenseurs, se trouveront à la merci de quelques intrigants de bas étage, auxquels personne ne daigne accorder un regard d’attention préventive » (voir à ce sujet les Mémoires de Metternich), l’esprit de Louis XVIII restait donc fermé aux terribles leçons des catastrophes. Il acceptait une constitution parlementaire, — b sortie, selon le mot de Thiers, des entrailles mêmes de la Révolution française » —, quiparalysait sa volonté et « pernietlaità la F.-. M.-. de prendre son essor ordinaire » (expressions de Bazot, secrétaire du Gr.-. 0.). Il se laissait imposer comme ministres Talleyrand et Fouché, puis Decazes, futur « Souverain-Grand-Commandeur » du rite écossais. Ildissolvait, coninHulIra-royalistc, laCMiambre introuvable, composée ( ! e|)atiiotcs indépendants, aussi dé^oués à la monarchie qu’adversaires de la centralisation et de l’omnipotence ministérielle. Jouissant ainsi de ses coudées franches, la Mac.-. épurée devint (surtout à partir de 1821) le foyer de l’opposition « libérale), et jeta dans le pays — sous le nom deCharbonnerie et deHaute-Vente — des germes d’anarchieplus dangereux que jamais. — Chah-LKS X crut à son tour de bonne politique de ménager les loges et laissa, en 1829, la société Jide-ioi, le ciel t’aidera, formée par le F.". Guizot, organiser le voyage triomphal de La Faj-etle. — Les Bourbons étaient [icrdus.

Les journées de Juillet, — queles historiens maç.’. reconnaissent sans diflicullé avoir été l’oeuvre des loges « agitées en 1829 et en 1830 d’un frémissement général >- (J/ist. du Gr.’. Or.-, par JorvusT, p. ^21),

— furent accueillies avec enthousiasme par les frères et amis. Le 16 octobre 1830, à l’Hôtel de Ville de Paris, le Grand-Orient cl le Suiircme-Conseil offrirent une fête au F.’, général La Fayette, sous la présidence du F.*, duc de ("hoiseul pair de France, cl du F.-, comte Alexandre Delaborde, men]bre de la

Chambre des députés. On y fit des vœux pour la prospérité du roi tles barricades et de sa famille. On offrit même la grande-maîtrise au duc d’Orléans, (ils aîné du nouveau roi et petil-lils de l’ancien grandmaître Philippe-Egalité. Mais Louis-Philippe s’opjiosa à l’acceptation, et commença bientôt une lutte opiniâtre contre les forces révolutionnaires à qui il devait la couronne.

Malheureusement, malgré sa dextérité politique et l’éloquence de ses ministres, le chef de la nou elle dynastie était impuissant à établir sa quasi-h’^itimité. D’une part, les hommes de Juillet, de Dujont de l’Eure et de Thiers jusqu’à Guizot et à Villcn ; ain, étaient imbus de préjugés antireligieux puisés dans les loges : déliants à l’égard du catholicisme, ils Il aintinrent, par exemple, le monopole derenseignemcnt, contrairement aux promesses de la Charte, comme l’une des citadelles de la Révolution, et l’Univt rsilé continua à élever les nouvelles générations dans les principes rationalistes et naturalistes qui sont l’essence même de la maçonnerie. D’autre part, ce n’étaient point d’anodines mesures, analogues à cette lettre du préfet de police de 1835 qui dénonça le rédacteur de la Jfeiiie 3/açriririifjue comme républicain, qui étaient de nature à empêcher les loges d’élaborer la « république universelle 1). LeGr.’. Or.’, en futquittepour suspendre leF.-. Peigné et blâmer les auteurs de jiublications maçonniques, en particulier Ragon et Clavel. Il est vrai que beaucoup de maçons, désireux de jouir des faveurs gouvernementales et d’arrêter à leur prolit la révolution bourgeoise qu’ils avaient conduite, devinrent alors c conservateurs » (tout comme les républicains radicaux de 1910). Mais les éléments avancés », — qui entenilaicnt réaliser l’égalité de fait et se réunissaient secrètement dans leurs veilles de Carhonari pour préparer les voies au socialisme, — devaient fatalement rendre vains les solennels discours d’un Guizot, et les vaines interdictions du Grand-Orient qu’effrayaient les tendances démocratiques des congrès provinciaux de la Rochelle (18/|5), Rochefortet Strasbourg (1846), Saintcs et Toulouse (18C7).

La monarchie constitutionnelle était d’ores et déjà condamnée à mort.

IX. La ir.açcrnerie sons la seconde Eépublique et le second Empire. — En 18^5, !e maréchal Si ult, ministre de la guerre, avait défendu aux militaires de s’affilier aux loges, et le duc Decazes, acconqiagné d’une commission spéciale du Grand-Orient, avait en vain pressé le duc de Dalmatie de révoquer cette interdiction. L’irritation contre Louis-Philipius’exalta aussitôt dans les sociétés secrètes, dont les comités directeurs décidèrent une nouvelle révolution. Cette révolution, dont le plan fut combiné au Congrès de Strasbourg (1847), t’cvait d’ailleurs bouleverser toute l’Europe centrale : on sait que dans l’espace de moins de quinze jours (du 18 au 30mars 18^8) d’effroyables commotions se produisirent des Pyrénées à la Vistulc, àBerlin et à Milan (le 18), à Parme (le 20), à Venise (le 22), à Naples.â Rome, à Florence. La République universelle, rêvée par Mazzini et la Jeune Europe, étaiten travail…

Prématuiéc, elle avorta, sauf en France.

Notre l’ays a"i ait été représenté (d’aprèsEekcrl)au Congres maçonnique de Strasbourg par Lamartine, Crémieux, Cavaignac, Caussidicre, Lcdru-Rcdlin, L. Blanc, Proudhon, Marast, Marie, Vaulabille, Félix Pyat, personnages qu’on retrouvera tous au pouvoir sous la Seconde République. De même, lis hanqncis réfoiriiisles de février 18/18, qui donnèrent le signal de la Révolution, furent présidés par linq vénérables parisiens : Vitet, de Morny, Berger, L. de