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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/708

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JESUS CHRIST

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ouvrages récents de MH. J. Kunze, Die eivige Gottheit Jesu Christi, Leipzig, 190^ ; R. Seeberg, Aus Religion und Geschichte, II, Zur systematische Théologie, Leipzig, 1909 : Fr. Loofs, Christologie dans PBE^, et IVhal is ihe Truth aboiit Jésus Christ ? Edinburgh, igiS.

Il ne peut être question de citer ici tous les travaux de tendance rationaliste. De protestants libéraux français, il faut noter les ouvrages d’Auguste Sabatier, Esquisse d’une Philosophie de la lieligion d’après la psychologie et Fhisioire, Paris, 1896, et Les Religions d’autorité et la Religion de l’Esprit, Paris, igoS ; d’Albert Réville, Histoire du Dogme de la Di^’inité de Jésus-Christ, 186g, Paris, 3 1904 [sans valeur, mais caractéristique] ; Jésus (/e jVa : areiA, Paris, 1897.

515. — Parmi les rationalistes purs, le plus notable est M..lfred Lois}’, Jésus et la tradition évangélique, Paris, igio [représente la forme dernière de sa pensée comme exégète ; comme bistorien des religions, M. Loisy semble devoir aller plus loin encore dans la voie des négations]. Cf. l’Evangile et l’Eglise, Paris, igoS ; Autour d’un petit livre, Paris, 1904. On peut citer les ouvrages de MM. Piepenbring et Ch. Guignebert, Le Prohlème de Jésus, Paris, 1914.

Le libéralisme anglais et américain s’est formulé dans toutes ses nuances, soit dans les articles et recensions du Hibhert Journal (depuis octobre 1901), qui vont du radicalisme atténué de M.VI. James MolTatt et B. W. Bacon jusqu’au radicalisme virulent de M. J. Estlin Carpenter et du Rev. R. J. Campbell, — soit dans ceux de VEncyclopæiia liiblica de T. K. Cbeyne, London, 18gg-igo3. Les principaux articles touchant le Christont été, dans ce dernier ouvrage, confiés au professeur P. W. Selimiedel, et c’est un nouveau signe de l’hégémonie allemande.

516. — L’arc-en-ciel des opinions libérales allemandes s’étale dans la curieuse brochure, qui est aussi le testament exégétique de celui qui fut le chef incontesté de l’école libérale, H. J. Holtzmann, Das messianische Beuusstsein Jesu, Tiibingen, igo7.. gauche, deux groupes assez distincts : les « antiræssianistes », guidés par W. Wrede, Das Messiasgeheimnis in den Evangelien, Goetlingen, 1901 [tiennent que Jésus ne s’est pas donné, ou ne s’est pas certainement donné, pour le Messie ] ; et les’< eschatologistes » [ramenant à peu près toute la prédiction du Royaume à l’annonce de la catastrophe finale, cosmique, considérée comme imminente] dont le précurseur a été le prof. Johann Weiss. Die Predigt Jesu vom Reiche Gottes, Gocttingen, 1892, ^1900, et le plus conséquent champion M. Alb. Schweitzer.

Au centre, le groupe le plus important, qu’on pourrait appeler des « éclectiques », refusant de s’inféoder à aucune hypothèse en particulier. Là voisinent MM… Jiilieher.W. Bousset,.Vrnold Meyer, Paul Wernle, W. HeitmiiUer. dont les dilTérents portraits de Jésus se sont partagé la faveur des protestants libéraux. Le plus caractéristique me parait être le Jésus de M. W. Bousset (^Tiibingen, 1907). M. Ileinrich Weinel, après avoir présenté Jésus, dans sa Biblische Théologie des Neuen Testaments, ïibingen, igii, surtout comme le prophète d’une religion de la délivrance et de la rédemption, fondée elle-même sur la foi en 1 absolue sainteté de Dieu et les conséquences morales qui en découlent, — renonce, dans son Jésus, Berlin, 1912 [collection : Die Klassiker der Religion] à donner un tableau d’ensemble, et se contente de

présenter, classées et accompagnées d’un bref commentaire, les paroles, jugées par lui authentiques, du Maître.

A l’extrême gauche, formant un groupe à lui seul, on pourrait mettre M. J. Wellhauscn, et à droite (du parti libéral !) MM. Adolphe Harnack et ses élèves, Ernest von Dobschiitz et les siens. A vrai dire ils forment, le second surtout, transition entre les protestants conservateurs et les libéraux.

La littérature italienne sur la question est très soigneusement relevée dans les appendices bibliographiques qui suivent les chapitres du livre de B. Labanca, GesaCristonellalitleratura contempuranea, Torino, igoS.ch. m à ix. L’auteur fut un libre penseur avéré, et ses appréciations doivent être lues en conséquence.


Chapitre III

LES PREUVES DU TÉ-MOIGNAGE

317. — Le témoignagequeJésusde Nazareth rendit à sa mission tire une grande force du fait que ces allirmations sont d’un homme profondément religieux, sage et maître de soi. Sa candide probité, sa douceur, son héroïsme soutenu sont incompatibles avec les tares et l’outrecuidance qui rendraient vraisemblable en quelque mesure une aberration aussi singulière. Mais à cette raison de le croire sur parole d’autres motifs doivent s’ajouter.

Les hommes en effet ont toujours pensé que la Divinité pouvait intervenir, et intervenait en réalité pour accréditer ceux qui prétendaient à bon litre parler en son nom, et qu’on peut appeler, d’un nom générique, les « prophètes ». On ne les a jamais confondus avec les maîtres de sagesse humaine, avec les a philosophes ». Il peut suffire à ceux-ci d’avoir raison, ou d’en donner l’impression, pour se faire des disciples ; de ceux-là on réclame des garanties d’une autre espèce. Le fait constant de cette croyance est illustré, loin d’être infirmé, par l’attitude historiquement connue de quelques réformateurs religieux : à première -ue on serait tenté d’en tirer objection. Ni le Bouddha, pourrait-on dire, ni Mahomet n’ont fait appel au critérium du miracle. Mais on reconnaîtra sans peine que l’œuvre de ces hommes n’a gagné des lidèles en nombre, et n’est devenue une « religion > distincte, qu’en se chargeant de merveilleux et en majorant, par des signes innombrables, les leçons de philosophie de Çakyamuni *, les appels au succès et le recours aux Écritures anciennes (expurgées et augmentées par lui) de Mahomet.

Cette exigence est du reste dans la nature des choses, dès qu’une croyance se présente sous forme catégorique et prétend compléter, ou même déterminer d’autorité, les points généralement admis de religion naturelle. Si rudimentaire qu’on suppose son intelligence (qu’il faut bien se garder de mesurer sur le degré atteint de civilisation matérielle), l’homme ne s’incline pas sans raison. Il demande des titres avant de donner une adhésion confiante, à plus forte raison définitive et sans condition. Or ces titres, ces raisons de croire ne peuvent, quand il s’agit de faits présentés comme révélés, distincts des vérités naturelle 1, C’est par l’apothéose proprement dite du Bouddha que la doctrine d’une confrérie, nécessairement restreinte, a pu devenir une « religion ». Cette citensîon est due à

« la mythologie dont la légende de Cakvnmuni s’est de

bonne heure embellie.. Pour un grand nombre d’Hindous, Çakyamnni fui un grand dieu, ell » plus grand dieu pour les bouddhistes i>. L. de i.a Vaiife Povssin, Bouddhisme ri rrli^inns de Vlnde. dans Chrittu.t, Manuel d’histoire des religions, Paris, 1912, p. 288 aqq.