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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/718

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JÉSUS CHRIST

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et mangeaient, Jésus dit : « En vérité je vous dis qu un de -vous me livrera, un qui mange avec moi ! » Ils commencèrent de s’aiiliger et de dire, cliacun à son tour ; Il Est-ce moi ? » Mais lui leur dit ; « Un des Douze, qui trempe avec moi son pain dans le plat. Or le Fils de Ihonime s’en va, selon qu il est écrit de lui : mi.is malheur ii celui par lequel le Fils de 1 homme est livré ! Mieux eût valu pour lui qu’il ne viritpasau monde, cet homme-là I « Et tandis qu’ils mangeaient, pnnunt du pain et ayant rendu grâces, il le brisa et le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. » Et prenant une coupe, ayant rendu grâces, il la leur donna — et tous en hurent — et il leur dit ; Il Ceci est mon snna-, [le sang] de l’Alliance, répandu p"ur beaucoup. En vérité je vous disque je ne boirai plus du fruit de la vigne jusqu’à ce jour où je boirai je [vin] nouveau dans le royaume de Dieu ! » Mc, xiv, 17-2t).

Et avant chanté les hymnes, ils s en allèrent vers le mont des Oliviers. Et Jésus leur dit : i( Tous vous serez scandalisés, selon qu’il est écrit : Je frapperai le pasteur et les brebis seront dispersées. Mais après ma résunec tion je vous précé

éderai en Galilée. Lors, Pierre lui dit :

Il Quand tous seraient scandalisés, pas moi ! i) — Jésus lui dit : " En vérité je te le dis : toi-nième, aujonrd hui, cette nuit, avant que le coq chante deux fois, tu me renieras trois fois. ».Mais lui disait de plus belle : « FalKit-il mourir avec vous, je ne vous renierai pas ! ii Et tous les autres disaient de même. Mc, xiv, iT-S-J.

835. — IJe cet ensemble’le prédictions, que j’ai délibérémenl transcrites de celui des évangélistes que la presque unanimité de nos adversaires tient pour le plus ancien, ressort à l’évidence la réalité, et la plénitude du don prophétique en Jésus. On remarquera que ce don ni ne s’étale, ni ne s’égare sur des objets étrangers à la mission du Maître. El aussi que ces prédictions s’insèrent dans la trame de l’histoire évangélique, amenées par des démarches, des épisodes, des circonstances de fait sur lesquels aucun motif plausible d’exclusion ne peut être articulé, et avec lesquels elles font corps. Leur rejet se fonde donc, plus ou moins explicitement, sur des considérations qui ne relèvent ni de la critique des textes, ni de l’histoire.

A cette première série prophétique, imposante sans doute et persuasive, mais portant sur des faits anciens, il sera toutefois utile d’en ajouter une autre, ayant trait non plus à la personne, mais à l’œuvre du Maître.

B). Les prophéties du Royaume de Dieu

S56. — Très différent du Royaume tel qu’on l’espérait alors [Sui>ra, ch. I, S 3, n’73-77], national, plantureux, inauguré par un coup de force et se développant en apothéose, le Royaume de Dieu, tel que Jésus le prédit, commencera humblement, sans attirer les regards du profane. On aura peine, après coup, à discerner ses origines, comme il arrive au voyageur qui découvre enfin, non sans impatience, sur la pente herbeuse de la colline, le mince lilet d’eau jaillissante qui sera, et commence d’être le grand lleuve. Royaume avant tout spirituel : on pourrail lui appliquer le beau mol de saint Paul : « Marchant dans la chair, nous ne luttons pas à la manière charnelle > (II Cor., x, 3). Formé d’hommes et pas seulement d’àmes. donc visible et soumis aux conditions qu’implique ce caractère humain, le Royaume descicux ne fera pas, pour autant, appel au glaive, à l’éclat extérieur de la force triomphante, aux prodiges simplificateurs dont se bercail l’illusion juive.

Interrogé par les Pharisiens : quand airivc le Uoynume de I>ien, (Jésus] leur répondit, disant :.. he Royaume de Dieu ne vient pas de façon à frapper le regard [comme

un objet d’observation astronomique, comme un météore’]. On ne dira pas : (i il est ici !)> ou « il est lïi ! ». Car voici, le Royaume de Dieu est au dedans de [parmi] vous.)> Lc, XVII, 20-21,

287. — Graine imperceptible au début, il poussera, deviendra un arbre. Mais sa croissance s’opérera lentement, par un cheminement inaperçu dans le monde des esprits, par une action sourde, intérieure, mystérietise, une fermentation comparable à celle du levain dans la pâle :

Il Le Royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé ; c’est la plus petite de tontes les graines ; mais, a-t-il crû, il est j)Ius grand qne les |>Iantes potagères et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent et trouvent leur abri dans ses branches. » Mi., xiii,

(I Ainsi en est-il du Royaume de Dieu : comme un homme qui jelti’le grain en terre puis s’endort et s’éveille, la nuit et le jour ; et la graine germe et se développe à l’insu de l’homme. La terre fructilie d elle-même : l’herbe d’abord, puis l’épi, puis du blé plein l’épi. » Mc, iv, 16-29.

Cl Le Kovaume des cieux est semblable au levain qu’une femme j)rend et mêle à trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute [la pâte] soit levée. «.’/(., xiii, 33.

838. — Toute la pâte humaine est susceptible de lever. Nul cœur d’homme n’est négligé de parti pris comme étant à jamais endurci. Les limitations de race et de peuple sont abolies. Ce n’est pas dans un coin du monde que se recrutera le Royaume : la Palestine ne le mesure pas, non plus que l’Israël de la chair. Mais le Père du ciel, qui est esprit, peut découvrir ou se créer, eu tout esjirit d’homme, un adorateur.

<i Le semeur de bon grain est le Fils de l’homme et le champ est le monde. » ; U’., xiii, 38.

r En vérité je vous le dis : chez personne en Israël je n’ai trouve foi pareille [à celle de ce centurion romain]. Aussi je vous dis que beaucoup viendront d’Orient et d’Occident et s’assoiront avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des cieux ; mais les fils du Royaume seront jeté » dans les ténèbres extérieures. » Ml., viii, 10-12.

Il C’est pourquoi je vous dis que le Royaume descicux vous sera enlevé et il sera donné au peuple qui en fera les fruits. » Ml., xxi, 43.

I. Et cet Évangile du Ituyaume sera prêché dans la lerre entière, en témoignage à toutes les nations. 1) Mi, , xxjv, l’i.

(I Nos pères ont adoré sur celle montagne et vous dites, vous, que Jérusalem est le lieu où il faut adorer. 1) Jésus lui dit : i< Crois-moi, femme, l’heure vient que ce n’est ]dua sur celle montagne, ni à Jérusalem, que vous adorerez le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas, nous adorons ce que nous connaissons, — car le saiul vient des Juifs. Mais l’heure vieni, et la voici, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en verilé ; car le Père cherche des adorateurs de cette sorte. Dieu est esprit : les adorateurs doivent adorer en esprit et eu vérilé. « Jo., IV, 20-25.

239 _ u n’y aura pas, hélas ! que de tels adorateurs dans le Royaume. Large pairie des âmes, où la responsabilité humaine, aidée mais non absorbée par l’action divine, sortira tous ses elfets, nullement secte ésotérique chichement ouverte à quelqiies initiés, nullement ordre ou congrégation recrutée dans

1. Sur le sens exact de -v.pyriipr.’jt : , je suis F. ZoBELl, .Voi-j Tcstamenli Lexicun f^raccuni, Paris, 1911, col. 430.. Le sens général est d’ailleurs certain.