Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/789

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

1565

JUIF (PEUPLE)

1566

sur ce pauvre I/oloplierne Si méchamment mis à mort pur Jiulilli.

Ou Içur pudeur se révolte en présence des moyens de séduction mis en a-uvre par celle femme juive. « On il souvent reproclié au livre de Judith ce qu’on appelle sa sensualité rallinée. Ce ju^'ement me paraît Irop sévère, dit M. Lucien Oaijmkh, car l’auleiir prenil à tâche de l’aire ressortir que son liéroïne obéit uniquenienl à un mobile religieux et palrioli<(UC et que, contrairement à l’opinion régnante parmi ceux qui n’ont jamais lu son histoire, elle sort intacte de sa périlleuse aventure u (Introd. à l’A. T., lyi/i, t. II, p. 35cj). l’oint de |)assion coupable chez Judith. Mais exciter cette passion chez un autre, n’est-ce pas immoral'.'" Cerle, répond Palmiehi, si ponis v(duisse luditham excitare in Olopherneamoreni sui inhoiiestuni, rem dillicile expediemus : sed lu libi ipse diiricullatem créas. Nam curnon inlenderit provocare amorem honeslum, qui nu|ilias præverlere solel ? » i ; i il montre combien cette hypolhcse est plausible. {De ieriliile liisturica l.ibri.Itiditli, 1886, p. 48). Oans ce cas l’iiitervenlion divine pour augnienler la beauté de Judith n’a rien d’inadmissible ; d’ailleurs, il en est ((uestion seulement dans la Vulyale (x, 4) et ce verset n’est probablement pas du texte primitif.

Il est plus facile encore de juslilier le meurtre d’HoIopherne. Quand il s’aj^it de sauver une ville assiégée et de défendre sa patrie contre un ennemi féroce qui met tout à feu et à sang (Judith, 11. uS-iS), il ne sied guère de parler de u ruse perlide » ou de

« lâche assassinat ». Ces sortes de stratagèmes destinés à faire à l’ennemi combattant le plus de mal

possible, et à lui tuer ses chefs, étaient admis dans l’anliquité comme légitimes : c'était le droit de la guerre ; et « le détestable principe que la lin juslilie les moj’ens » ne trouve pas ici la moindre application.

O’aulres objections tombent devant celle simple réflexion, que bien des choses sont racontées dans la Bible sans être, par le fait même, approuvées. Incontestablement Judith agit avec un courage héroïque, une admirable chasteté, une pleine bonne foi ilans la légitimité de toutes ses démarches ; mais nulle part elle n’est présentée comme infaillible et impeccable.

Somme toute, le livre de Judith est non seulement irréprochable dans sa doctrine morale et religieuse, mais très utile pour encourager à 1 observation fidèle de la loi divine et à la confiance en Dieu.

BiBLioGUAPiiiK. — SuLPicE SÉVÈRE, Chroriicorum lib. ii, 14-16- — Bkknard DE MoNTFAUcoN, O. s. B., /.rt iérité de V Histoire de Judith, 161)2. — Gibert, Dissertation sur l’Histoire de Judith, dans Mémoires de Littérature de l’Acudéniie des [nscriijtions et Belles-Lettres, 1754. t. XXI. p. 41-8'2. — Fuitzsgbe, Vas Buch Judith, 18ôl5. — Gii.i.et, Tubie, Judith, Esther, 1879. — PAr.MiERi. S. J., De veritate historien lihri Judith, 1886. — F. ViGouROfx, La Bible et les découvertes moderne^, C° éd., 1896, t. IV, pp. 99-131. — Fbku. Prat, Judith elle Livre de Judith, dans Dictionnaire de la Bible, III, col. 18221833. — Franz Steinmktzkr,.Ve «e Vntersucliung liber die Geschichtlichkeit der Juditherziihlung, 1907.

Albert Condajiin, S. J.


JUIF (PEUPLE) DANS L’ANCIEN TESTAMENT. — Les deux sujets <|ui, dans l’histoire du peuple d’Israël, intéressent davantage l’apologétique, sont le monothéisme et l’espérance messianique..Viissi est-ce à ces deux questions que nous

allons restreindre notre attention. Sans négliger de remonter, à l’occasion. jusqu'à la période patriarcale, c’est à l'époque de Moïse que nous ferons commencer notre élude. C’est à celle date, en elïet, que le monothéisme hébreu revêt sa forme caractéristi<iue, par suite des grandes révélations de l’IIoreb et du Sinaï.

PuKMiiiRK l’ARTiK t Le iMONOTHÉisM b. —. Remarques préliminaires : 1° Polythéisme, hénothéisme, monothéisme ; 2* Les noms divins dans la religion d'/srarl. — II. Le fait du monothéisme : i" Les documents les plus explicites (Deuléronome, /.soie xï.Lxvi, Ezéchiel) ; 2" Le monothéisme postexilien ; 3" Le monothéisme chez les prophètes préexiliens ; 4° Le monothéisme depuis Moïse jusqu’au neuvième siècle ; 5° J.es patriarches. — III. Origine du monothéisme juif : 1° C’est un fait nnii/ue dans l’histoire des religions : 2° Il ne trouve pas son explication dans les conditions naturelles du peuple juif : 3" Conclusions : Le témoignage des prophètes.

Deuxikme partie : L’espébancb mkssianiqub. — I. Uemurques préliminaires. — II. J.e fuit de l’espérance messianique : 1° Dans les livres historiques : 2'- Dans les prophètes préexiliens ; 3° Dans Ezéchicl ; 4° Dans Is., xl-lxvi ; 5" Dans les prophètes postexiliens ; 6" J^ans les livres sapienliaux ; 7" Dans les Apocalypses ; 8° Appendice sur la doctrine de la Sagesse dans les livres sapientiaux. — III. L’idée messianique accentue la transcendance du monothéisme juif. — IV. Accomplissement des prophéties messianiques : 1" Remarques préliminaires ; 2' La réalisation de l’espérance messianique en Jésus-Christ et en son œuvre ; 3° Les prophéties spirituelles.

PRKMifeBE PARTIE LE MONOTHÉISME

I. Remarques préliminaires. — lo Polythéisme, hénothéisme, monothéisme. — Il est nécessaire de préciser, à l’aide de quelques remarques préliminaires, la notion du monothéisme telle qu’on doit l’entendre en cette étude. Le monothéisme a pour corrélatifs le polythéisme et l’hénothéisme.

A. — Le polythéisme reconnaît et honore plusieurs divinités. Ceux qui le pratiquent rendent pour leur propre compte des hommages directs à un groupe plus ou moins compact de dieux : dieux de la famille, de la tribu ou de la cité, de la nation. Déjà se manifeste le caractère très hospitalier du polythéisme : l’union des diverses tribus ou des cités dans la nation a eu pour conséquence l’adoption par chaque individu des divinités honorées dans les familles ou les clans qui lui étaient primitivement étrangers. Ce n’est pas tout. En outre des dieux auxquels il rend lui-même et directement ses hommages, le polythéiste reconnaît ceux des autres peuples et des autres territoires. Il entrevoit même qu’un jour ou l’autre, il aura des devoirs à leur rendre ; c’est ce qui arrivera, par exemple, en des cas de conquête ou d’annexion : Cf. l’histoire des colons établis à Samarie par Sargon en 722 (II fteg., xvii, 24-4 ') Pf utêtre aussi l'épisode de l’arche au temple de Dagon (I Sam., V, i-vi, 12).

B. — L’hénothéisme, que l’on appelle aussi monolâtrisme, est un polythéisme plus sobre, on pourrait dire plus pauvre. Pour son propre compte, le monolàtre n’adore qu’un seul dieu, mais il ne songe pas à refuser les titres et les honneurs de la divinité aux êtres divers auxquels les autres peuples les décernent. Tout disposé à se prosterner devant les patrons des territoires qu’il rencontre aux limites de son pays, il admettra aussi volontiers que des