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GALILÉE

Clément VIL s’y montrait plutot favorable ! , tandis que onze papes. ses successeurs, n’y trouvaient rien de répréhensible. IL fallut que Galilée prit. un peu maladroitement, la défense des idées nouvelles. pour susciter contre elles la crise qui “a nous occuper.

2° Galilée et le système de Copernic.. — Nous n’avons pas à raconter ici en détail la vie de Galilée ni à apprécier son œuvre scientifique. On ne doit done s’attendre à trouver, dans les lignes qui suivent, que les faits en rapport avec le but que nous nous proposons.

A l’époque où il commence à nous intéresser, Galilée est professeur de physique et de rmathématiques à Pise (158ÿ-1592) et à Padoue (1592-1610), et déjà ses premiers travaux sur la gravité l’ont fait connaitre du monde savant. Les opinions qu’il professe alors, dans ses cours et ses écrits, portent l’empreinte profonde des principes péripatéticiens et laissent voir en lui, non point un furieux novateur, mais un homme qui reflète assez fidèlement, tout en se les assimilant, les opinions de ses prédécesseurs. En astronomie, Galilée enseigne le système de Ptolémée. En dynamique, il admet le principe fondamental de la mécanique aristotélicienne. à savoir la proportionnalité entre la puissance qui sollicite un mobile et la vitesse qui l’entraîne, principe qui restera d’ailleurs pour lui, jusqu’à la fin de sa vie, une vérité hors de conteste et un axiome intangible. Il reprend également plusieurs des principes sur lesquels Aristote basait sa théorie de la pesanteur ; après même qu’il aura fait sienne la révolution copernicienne, Galilée gardera tout ce qu’il pourra de la doctrine d’Aristote.

Dés cette époque. apparait nettement aussi la tournure d’esprit qui oriente le savant Florentin vers la méthode expérimentale, dont il est l’un des plus brillants initiateurs ; grâce à elle, il fait d’intéressantes découvertes, qui attirent sur lui l’attention et les faveurs.

D’après certains historiens, Galilée aurait été convent au système de Copernic par le copernicien Michel Mastlin, le maitre de Kepler, ou par le Bälois Christian Wursfessen. Selon d’autres, ses premiers doutes sur la valeur des idées astronomiques des péripatéliciens lui seraient venus à la suite de l’apparition d’une étoile nouvelle, en 1604, car, pour les disciples du Philosophe, les cieux incorrnptibles étaient dans l’impossibilité d’engendrer ainsi un nouvel astre, Ces doutes se conlirmèrent à la suite des brillantes découvertes que tit Galilée, en 160) et 1610. Mis au courant, par l’un de ses amis, de l’invention récente des lunettes, il s’empresse d’en construire une et de la tourner vers le ciel, Il observe les inégalités de la surface de la lune, la Voie lactée, les satellites de Jupiter, et décrit ces curiosités dans un ouvrage intitulé Sidereus nuncius (1610)., dont la publication fait grand bruit. Nommé professeur bonoraire à l’université de Pise ce mathématation officiel du dne Cosme IT de Toscane, il poursuit ses recherches. observe les taches du soleil, les phases de Vénus, et n’hésite pas à donner ces phénomènes comme d’éelatantes confirmations du système de Copernic, Les protestations des partisans de Ptolé-

1. C’est un fuit Connuqu’en 1533, Jenn Widmanstad discourail devant Clément VIT, duns les jardins du Vatican, sur la doctrine héliocentrique,

2. Cf. Favaro, Gal, Gal.e lo studio di Padova, Firenze, 1883. — A. Mülier. S. J., Galileo Galilei und das kopernikanische Weltsystem, Fribourg, 1909.

3. Op. Gal., t. ii, p. 203-205.

4. Op. Gal., t. IlU, p.59.

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mée ne se font point attendre ! , et la discussion ne tarde pas à s’animer. D’ailleurs ces nouveautés étonnantes rencontraient aussi des incrédules, qui les mettaient sur le compte d’illusions d’optique. Les télescopes étaient encore bien imparfaits comme construction. clarté et grossissement, et des yeux fatigués par une observation un peu prolongée pouvaient bien croire à l’ohjectivité de phénomènes purement physiologiques. En tout cas, les découvertes de Galilée ne constituaient pas des preuves péremptoires-

Au mois de mars 1611. Galilée vient à Rome, où l’on mène grand bruit autour de son nom ; son arrivée fait sensation ; pape. prélats et princes veulent se faire expliquer et montrer les merveilles dont il parle. Dans une lettre du 22 avril, Le grand homme se félicite de ce succès ? et le cardinal del Monte, éerivant au duc de Toscane, constate la satisfaction de son protégé.

On eût donc pu s’entendre sur le terrain scientitique ; malheureusement, Galilée avait à peine quitté Rome, qu’il acceptait de descendre dans l’arène théologique où l’un de ses adversaires lui présentait le combat. Vers la fin de 1611, François Sizi l’accuse, dans un écrit intitulé Dranoïta _{stronomica À, de se mettre en contradiction avec l’interprétation reçue de la Ste.-Ecriture. Galilée répond. en 1613, en exposant dans un lettre au P. Castelli, Bénéèdictin. sa manière d’expliquer les textes de la Bible qui semblent contraires au systéme de Copernic®. En 1615. il reprend le même sujet dans un opuscule dédié à Christine de Lorraine, la mère du Grand-due, où il cite en sa faveur des textes de Pères et de théologiens®., Les idées exprimées dans ces écrits étaient en somme trés soutenables, mais Galilce eut le tort de mêler à ses explications des allusionset des mots provocants pour ses adversaires, Il défiait tuême l’autorité ecclésiastique, la mettant en demeure cle se prononcer sur la question. La réponse ne se lit pas attendre.

Dès 1614, le P. Caccini. Dominicain, avait tonné en chaire, à Florence, contre une doctrine nouvelle qu’il déclarait contraire à la foi catholique. Le 15 février 1615, le P. Lorini. Dominicain également, envoie au cardinal Sfondrati, Préfet de la Congrégation de l’Index, une copie de la lettre de Galilée au P. Castelli, et motive ainsi son envoi : Galilée et ses partisans sont d’honnètes gens et de bons chrétiens, mais ils font peu de cas de l’interprétation habituelle de l’Ecriture, et foulent aux picds les principes de la philosophie d’Aristote, dent Ia théologie a toujours tire si grand prolit : entin la lettre de Galilée contient des expressions dangereuses qu’il convient d’examiner ?. Du reste, le P. Lorini se défendait de faire de cette démarche une déposition juridique. Les pieces furent communiquées par le cardinal Sfondrati à la Congrégation du St.-Office qui ordonna. comme elle le fait toujours en parcil cas, d’ouvrir une enquête secrète. En même temps, l’examen de la lettre de Galilée à Castelli fut confié à un théologien consulteur : celui-ci exprima l’avis qu’il ne s’y trouvait rien de condamnable, sauf trois expressions qui. d’après l’ensemble, pouvaient cependant s’interpréter dans un bon sens..

Bien que l’enquête ordonnée par le St-Office se fit dans le plus grand secret, Galilée devina san

Op. Gal..t. NI, p.127.

Op. Gal., t. XL p. 89. Op. Gal. 1. XI, p. 81.

. Op. Gal.. L IlI, p. 201. Op. Gal. t. NV, p. 279.

Op. Gal..t. Y, p— 307. Galil.e l’Ing., p. 37.

Galil.e l’Ing., p. 45.

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