Aller au contenu

Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/911

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

1809

LANGUES

1810

la défense de la foi que les pontifes délégués parleur consécration sacerdotale à la sollicitude du troiipeau. La presse, la tribune des parlements ont fait retentir des accents plus libres et mieux écoutés souvent que ceux de la chaire, sans que le sacerdoce en ait pris ombrage.

Ou a vu des laïques fonder des ordres religieux. C’est François d’Assise, laïque, demeuré plus tard, toute sa vie, clerc de rang inférieur, qui a fon<lé l’un des Ordres les plus actifs, les plus populaires, les plus répandus de l’Eglise catholique. Des instituts entiers ne comptent parmi leurs membres que des laïques. L’Eglise a toléré chez quelques-uns que le laïque fut au-dessus du prêtre et que le gouvernement de la communauté lui fût réservé. Dans les œuvres d’éducation sociale ou de charité que noire temps a vues naître en si grand nombre, le clergé a fait souvent appel aux laïques ; il leur a laissé sou^ eut la première place et s’est effacé avec discrétion devanteux. Des associations comme les conférences de Saint-Vincent de Paul, l’A. C. J. F, sont d’éclatants exemples de l’initiative, de la liberté que le clergé non seulement tolère, mais encourage chez les laïques qui lui apportent leur collaboration. Et que dire des droits que l’Eglise confère à la femme ? Œuvres d’éducation, de charité, de piété, il n’est pas de champ d’action où la femme ne puisse apporter son intelligence et exercer son dévouement. D’innombrables et vastes congrégations de femmes se gouvernent elles-mêmes, sous le seul contrèle de l’autorité ecclésiastique. Les prêtres y sont aumôniers. A certaines époques de l’histoire, on a pu voir des ahbesses jouir, en dehors du sacerdoce, de pouvoirs égaux sinon supérieurs à ceux des évêques. Les papes ont souffert parfois d’être admonestés ou du moins avertis par d’humbles femmes, que leur sainteté seule déléguait à ce ministère. Enlin aux plus humbles, aux plus petits, aux plus faibles, aux plus méprisés, aux enfants, aux jeunes ûUes, aux femmes, aux pauvres, aux esclaves, l’Eglise a reconnu — ce qui est l’essentiel, ce qui constitue la dignité humaine — le droit de résister à la force injuste, de se dresser en face de l’autorité séculière et, au besoin, de mourir pour ne point désobéir aux lois de la conscience.

CoNCLi’sioN. — En résumé, les annales de l’Eglise attestent avec évidence, à qui veut les étudier sans parti pris, que partout et toujours elle a été, avec persévérance, hardiesse et succès, ouvrière de liberté et d’indépendance.

Le laïcisme a, au contraire, toutes les allures d’une théocratie farouche. Il est un cléricalisme à rebours. Ses méthodes d’action, ses principes, les résultats auxquels il arrive, en font foi.

L’IIiiraanité, à laquelle le laïcisme prétend ériger dos autels, ne peut être une divinité. Il y a des hommes. L’Humanité n’existe pas. C’est une abstraction. Ce qui existe malheureusement, ce sont les bénéiiciaires du nouveau culte.

Parti d’une conception abstraite de l’homme, le laïcisme vit donc de phraséologie. Le régime dans lequel il prétend s’incarner est en contradiction avec ses principes.. exalter la liberté, le laïcisme aboutit à la ruiner.

La Religion catholique, au contraire, part non d un concept, mais d’un fait : l’homme est impuissant à se sulTirc ; ilabesoinde la société. Il ne s’agit point pour elle d en faire tout d abord un être libre. Elle veut qu’il soit un vivant. De là vient qu’elle fait appela l’autorilé.l’autorité qui, suivant le sens étymologique du mot aubère, a pour but d’ajouter, d’accroilre, de donner ce qui manque à l’individu.

A cette autorité, elle donne des attributs divers ; elle la constitue en autorité civile, en autorité religieuse. Mais toujours elle a en vue la vie de l’individu, et c’est par la vie, la vie vraie, et pleine, qu’elle prétend assurer, dans les limites possibles ici-bas, la liberté et l’indépendance. Vfritas liberabit vos… Personne jusqu’ici n’a fait mieux.

Bibliographie. — Encycliques de Léon Xill et de Pie.1’, édition des Questions actuelles. — Uom liesse, ie5 religions laïques. Paris, (y13 ; Ferd. Buisson, Foi laïque, extraits de discours et d’écrits (1878-1911), Paris, 1912 ; Jules Ferry, Discours et opinions, publiés avec commentaire par Paul Robiquet, 4 vol., Paris, 18c)3-18y6 ; Fustel de Coulanges, La cité antique ; B. Gaudeau, L’Eglise et l’Etat laïque, Paris, igoS ; G. Hanotaux, Histoire de la lll’République ; Y. de La Brière, Les luttes présentes de l’Iiglise, Paris, igiS ; R. P. Lecanuet, L’Eglise de France sous la IW République, Paris, 1907-1910 ; Ch. Maurras, l.a politique religieuse, Paris, 1912 ; R. Poincaré, Ce que demande la cité, Paris, 1912 ; Alf. Rarabaud, J » /es Fer/)’, Paris, igoS ; Paul Sabatier, A propos de la séparation des Eglises et de l’Etat, Paris, 1906 ; L’orientation religieuse de la France actuelle, Paris, 1912 ; Eug. Tavernier, La morale et l’esprit laïque, 2" éd., Paris, 1908.

B. Emonbt.


LANGUES (dans la primitive église). — Avant de monter au ciel, Notre-Seigneur assura à ceux qui croiraient en lui plusieurs faveurs miraculeuses, parmi lesquelles se trouvait celle-ci : Ils parleront des langues nouvelles (Marc., xvi, 17). Cette promesse reçut son premier accomplissement à Jérusalem, à la fêle de la Pentecôte qui suivit l’ascension du Sauveur. Les disciples, au nombre de cent vingt environ, « étaient tous réunis en un môme lieu. Et soudain il vint du ciel un bruit comme celui d’un vent violent, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Et ils virent paraître comme des langues de feu, qui se partagèrent et se posèrent sur chacun d’eux. Ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils se mirent à s’énoncer en d’autres langues {’eripv.tiy)’j177y.i ;), selon que l’EspritSaint leur donnait de s’exprimer » (Act., ii, i-4). Plus tard le prince des apôtres, averti par une voix céleste, se rendit à la demeure du centurion Corneille ; il se mit à instruire cet homme et ceux de sa famille. « Or, pendant que Pierreparlait encore, l’Esprit-Saint descendit sur tous ceux qui entendaient la ])aiole. Et les iidèles circoncis qui étaient venus avec Pierre étaient dans la stupeur, en voyant que la grâce du Saint-Esprit s’était répandue aussi sur les gentils. Car ils les entendaient parler en langues et glorilier Dieu » (Act., X, 44-4*’)- Le même prodige se renouvela à Éphèse en faveur de douze disciples de Jean-Baptiste, instruits par saint Paul : i Et après que Paul leur eût imposé les mains, l’Esprit-Saint vint sur eux et ils parlèrent en langues et ils prophétisèrent. » (Act., XIX, 6.)

Ce don des langues devint fort commun dans les Eglises apostoliques, sans être pourtant l’apanage de tous les Iidèles qui avaient reçu le Saint-Esprit.

« En elTet, dit l’apôtre saint Paul, à l’un est donnée

par l’Esprit une parole de sagesse, à l’autre une parole de connaissance, selon le même Esprit… à un autre la prophétie, à un autre le discernement des esprits, à un autre la diversité des langues (/sv » ; ^^m-twv), à un autre l’interprétation des discours. » (I Cor., xii, 8-10.) Dans l’église de Corinthe, ce don était particulièrement apprécié et donnait lieu à des abus, que saint Paul