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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/30

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LOURDES (LE FAIT DE)

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Depuis 1882, on a fondé, sur l’Esplanade du Rosaire, où se déroulent les processions du Saint Sacrement, un bureau de constatations médicales, qui examine les malades et spécialement les malades guéris. Le premier président de ce bureau fut le docteur de Saint-Maclou. Dans le pèlerinage national, en particulier, chaque malade porte ostensiblement sur la poitrine un numéro d’ordre, qui renvoie à un dossier où est consigné tout ce qui le concerne. La comparaison se fait ainsi avec facilité, entre l’état présent et l’état passé. Et tout a lieu au grand jour. Les portes du Bureau sont ouvertes à tous les médecins, quelle que soit leur religion ou leur patrie. De 1890 à ig14, il est passé, au Bureau des constatations, 6.983 médecins, dont i.6g3 sont venus de l’étranger. Tous les noms figurent dans les registres du Bureau. On trouve, dans ces listes, des professeurs de Facultés de médecine, françaises et étrangères, des chefs de clinique, des agrégés, et une foule de médecins et de chirurgiens des liôpilaux. Et le nombre de ces visiteurs compétents augmente sans cesse. Il était de 27 en 1890, de 216 en 1900, de 3^2 en 1909 ; il est, pour les cinq dernières années de la statistique, de 445 en 1909, de 477 en 19 10. de 534 en 191 1, de 560en 1912, et enfin de 670 en igiS. Ce dernier nombre est le plus élevé qui ait été enregistré jusqu’ici. Il comprend 240 médecins étrangers à la France : 14 Allemands, 2 Alsaciens-Lorrains, ao Américains, II Anglais, 3 Autrichiens. 1 Badois, 2 Bavarois, 82 Belges, 4 Brésiliens, 2 Canadiens, i Chilien, 5 Ecossais, i Egyptien, 22 Espagnols, 7 Hollandais, I Hongrois, 16 Irlandais, 34 Italiens, i Luxembourgeois, I Polonais, 9 Portugais, i Russe, 10 Suisses, I Vénézuélien. C’est sous le contrôle de tous ces regards, expérimentés et vigilants, que se pratique l’examen des malades. Deux médecins sont attachés olliciellement au Bureau. Mais le plus souvent, surtout dans les grandes alllucnces. ils chargent des confrères, présents dans la salle, amis ou ennemis, de procéder eux-mêmes à l’examen médical et de leur en rendre compte.

Mais là ne se borne pas l’intervention des médecins de Lourdes. Non seulement, à Lourdes même et au moment de la guérison, ils consultent les certificats et interrogent le malade guéri et les témoins de sa maladie et de sa guérison ; mais, si le cas leur paraît important, ils instituent une enquête dans le pays d’où le malade est originaire et où l’on a pu suivre les phases de son mal, comme on suit après celles de son retour à la santé. Que dis-je ? Ils le revoient, le pèlerinage suivant, à Lourdes même, et souvent durant plusieurs années. C’est sur des faits établis avec ce scrupule, que la foi à Lourdes repose. Si quelques-uns sont moins étudiés, si l’enthousiasme de la foule ou de l’intéressé y est intervenu avec excès, ou enfin si les résultats n’en paraissent pas durables, qu’importe pour l’authenticité des premiers ? Elle reste entière, et avec toutes ses conséquences.

Mais plus encore cpie sur les études faites par les médecins ou les historiens, la foi aux événements prodigieux de la Grotte peut et doit s’appuyer sur les enquêtes ofTicielles, où ils sont examinés de nouveau et avec rigueur.

Car, depuis 1906, beaucoup d’évêques ont formé des commissions, chargées d’informer sur les faits miraculeux qui intéressent leurs diocèses respectifs. Ces commissions ont à leur service tous les moyens dont un tribunal peut disposer : interrogatoires, certificats des médecins du malade, discussions approfondies, expertises demandées à des hommes comptétents, témoignages rendus sous la foi du serment, sans parler de celui du temps, dont on ne se passe jamais :

il faut que le temps confirme les résultats de la première heure.

Les commissaires ont mandat de se montrer très dilTiciles ; ils doivent ne se prononcer et ils ne se prononcent aCTirmativementsur une guérison, que si aucun doute ne reste possible.

Or ces commissions se sont déjà prononcées bien des fois ; vingt-neuf ordonnances épiscopales ont été rendues jusqu’en 1914- elles portent sur trente-trois guérisons, qui y sont déclarées miraculeuses. Ces documents forment un dossier grave et décisif, capable de faire réfléchir les sceptiques, tout en rassurant la foi des croy.mts’.

4).Vitllitude des guérisons. — Le document officiel où il semble qu’on doive trouver avec précision le nombre des guérisons observées à Lourdes, c’est le registre des procès-verbaux rédigés par le Bureau des constatations médicales. Nous verrons qu’il a besoin d’être complété. Sous le bénéfice de cette observation, voici la liste des cas enregistrés par le Bureau depuis l’année de sa fondation :

1882 — lag 1898 — 200

1883 — 145 1899 — 199

1884 — 83 1900 — 164

1385 — 90 1901 — 123

1886 — 86 190a — 122

1587 — 84 2903 — 133

1588 — 63 1904 — iq8

1889 — 47 1905 — 141

1890 — 81 1906 — 115

1891 — 65 1907 — 101

1892 — 88 1908 — iSg

1893 — 101’909 —’06

1894 — 101 1910 ICI

1895 — 137 1911 — 100

1896 — 158 1912 — loi

1897 — 214 1913 — 75

Au sujet de ce tableau, quelques observations doivent être présentées :

1° Le tableau contient des guérisons importantes et des améliorations secondaires. Pour les guérisons importantes, spécialement étudiées, toute erreur est à peu près impossible. Quant aux faits secondaires, plusieurs ont été enregistrés, comme une affiche placée au Bureau des constatations en avertit le public, sur le témoignage oral des malades. Aussi parait-il à peu près fatal que, dans une liste aussi longue, il se rencontre quelques faits douteux ou même erronés, imputables soit à un mensonge de l’intéressé, ce qui est très rare, soit à une illusion dont il est victime et que le temps ne tarde pas à révéler. Nous devons dire cependant qu’ayant publié, pour la première fois, le relevé exact de tous les cas enregistrés, avec les noms et prénoms des malades guéris, le nom de la maladie et, le plus souvent, celui du médecin signataire du certificat qui la constatait, malgré la prière adressée au lecteur de vouloir bien nous avertir de toutes les inexactitudes qui apparaîtraient, cinq ou six rectifications, seulement nous ont été signalées comme nécessaires. Peut-être d’autres s’imposaient-elles ; mais nous

1. Si quelque lecteur désirait savoir comment procèdent les commissions épiscopales dans l’examen d’une guérison, qu’il me permette de le renvover au petit volume Un Miracle d’aujourd’hui. C est le rapport même que j’ai écrit, comme rapporteur de la Commission épiscopale de Tours, sur le cas de Mlle Jeanne Tulasne. Les travaux de la commission ont duré deux ans.

Depuis, Mgr Meunier, évêque d’Evreux, a publié les travaux de la commission de son diocèse sous ce titre : Trois miracifs de yotre-Dame de Lourdes au diocèêe d’Evreux (Paris, Gabalda, 1909).