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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/365

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MOÏSE ET JOSUÉ

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Sériode de la royauté elle remonte ; la question est même autant plus complexe que le recueil est composite. Nul indice ne nous ramène à la période mosaïque ; divers traits nous conduisent, en revanclie, à la vie sédentaire et agriculluralo. Que si l’on place la rédaction au ix’siècle ou au vin*, il faudra admettre que cette législation a incorporé, tantôt sous leur forme primitive, tantôt sous une forme adaptée aux besoins nouveaux, nombre de décisions juridiques depuis longtemps en vigueur. — g) Les rapports très réels avec le code de Hammurapi ne peuvent s’expliquer par un emprunt direct de document à document. Il faut plutôt penser à un béritage commun des vieux temps. De très bonne boure. Babylone a été en rapport avec le pays de Canaan et lui a fait subir linfluence de sa civilisation. Les Cananéens ont pu prendre aux Baljyloniens diverses décisions juridiques que les Israélites leur auront empruntées dans la suite.

37. — E. Fusion de l’Elohiste et du Yahwiste (Rje).

— a) Quand l’Elohiste fut reçu dans le royaume du Sud, on ne fut pas longtemps sans remarquer, d’une part, les nombreux points de contact qu’il présentait avec le Yaliwisic, de l’autre, les compléments qu’il apportait aux souvenirs judéens des origines. L’idée devait assez naturellement venir de combiner ces deux récits pour obtenir un monument plus complet de Ibistoire du passé. — b) Cette idée fut réalisée avant 622. Sans doute les sections bistoriques des discours deutéronomiques n’utilisent que E, jamais JE ; mais rien n’oblige à penser qu’après la fusion des documents, les exemplaires qui les renfermaient a l’état isolé aient été tout d’un coup supprimés. D’autre part, si Rje s’était mis à l’œuvre après 622, il lui aurait fallu tenir compte du Dt’uiéronome et mettre la nouvelle loi mosaïque parmi les promulgations du Sina’ï. Or, à ses yeux, les tables de pierre ne contiennent encore que les seules paroles de J et de E3.

— c) L’attitude de Rje i)ar rapport à ses sources a été très variable. Tantôt, comme dans la premiore partie de la Genèsr, il n’utilise guère que J ; tantôt, comme dans le récit de l’entrée en Canaan, il le laisse entièrement de côté ; ailleurs, c’est une question de simple prédominance en faveur de l’un ou de l’autre document ; parfois ils sont employés dans des proportions à peu près égales. — d) D’une manière générale, le rédacteur a respect le teste des sources. II en a reproduit le langage, le style, les particularités, les divergences : c’est ainsi, par exemple, que l’on voit encore le nom d’Elobim prendre dans E’la place de Yahweh après la vision de l’IIorob (E.i, m), tandis que E’- adopte avec décision le deuxième de ces noms. Ce respect ne l’a pas d’ailleurs empéclié de fusionner si étroitement les divers éléinents de son récitqu’en une foule de cas il est i peu près impossible de les séparer. — e) Le sigle Rje désigne avant tout le rédacteur auquel nous devons le fond do l’histoire jéhoviste JE ; mais il englobe aussi les auteurs auxquels il faut attribuer les retoucTies et surcharges successives, qui sont assez faciles à discerner. Certaines de ces retouches sont très secondaires. Les plus importantes sont celles qui ont pour but d’harmoniser ces données divergentes des récits que le premier rédacteur avait respectées. On en trouve un spécimen dans Gf/ï,. XVI, 8 sv. D’après J, Agar s’est enfuie avant la naissance d’Ismaèl (Gen., xvi, 1-6) ; d’après E, elle a été chassée après la naissance d’Isaac (Gcn., xxi, 9-1A). L’n reviseur a établi la conciliation en faisant revenir Agar après son premier départ (Gen., xvi, 9).

38. — F. Le Deutéronome. — a) On distingue à première vue, dans notre Deutéronome^ un corps de lois [Dent., xiixxvi ) et des discours qui les encadrent (Deut.j i-xi et xxvii-XXX ; cette dernière section est mêlée d’éléments étrangers, v. g. chap. xxvii, et suivie d’un appendice composite, xxxixxx ; v). — A) Après en avoir éliminé les surcharges, M. Steuernagel ramène les lois à six groupes : ï. Lois de centralisation du culte : xii, 13-28 ; xiv, 22-29 (auquel se rattachent les fragments liturgiques de xxvt, i-ii, 12-15) ; xv, 1923 ; XVI, i-i^ ; II. Lois des /", ifc. « , réglant les questions de justice et concernant les juges de profession : xvi, 18-20 ; XVII, 8-13 ; XIX, 15-21 ; III. Lois de la guerre : xx, 1-20 lo-i^ ; IV. Lois d’/iumanité

; ïxi, 

xv, 1-18 ; xxii, 1-4, 6-8 ; xxiii,

21 (20), 25 (a’i), 26 (zS) : xxiv.

10 (Vulg. 1.5), 17 (16), 20 (19 ;

6, 10-22 : XXV. 1-4 ; V. Lois des anciens^ attribuant des fonctions judiciaires aux anciens de la cité : xii, i-13 ; xxi, 1-9 l5-21 ; XXII, 13-29 ; XXIV, 1-5 ; xxv, 5- ! o ; VI. Lois d’aboniinatinn ^ prohibitions motivées par la formule « car c’est une abomination à Yahweh » : xvi, 21-xvii, i ; xviii, 9-12 ; xxii, 5 ; xxiii, 19 (Vulg. 18j ; XXV, 13-16 ; [xxn, g.12]. — c)’C’est en 622 que le Deutéronome paraît pour la première fois dans l’his toire. G est du Deuli ! ronome, en effet, qu’il s’agitdans ce récit de la découverte, de la promulgation et de l’application du

« Livre de la Loi » qui figure Il Iteg., xxu-xxiii et dont les

éléments fondamentaux’.xiii, 3, 4", S^, 8-14, 15 »…, 18aba, 19a » /, aoaab ; xxiii, i-4a ».’, 6-8 », 11-12 », 13, 14I’, 15, ai-23)et ctrtalnséléments secondaires (v. g. xxiii, 5, S*", 10, 12’», 14 ») sont absolument dignes de foi. Tous les critiques et la plupart des autres cxégètos sont d’accord sur l’identificaton foncière du « livre de la Loi » avec le cinquième tome de notre Pcntatcutiue. — d)Mas, au regard de M. Steuernagel, l’identilication ne porte que sur les parties les plus fondamentales de la législation (Urdeuteronoutiuiu). c’est-à-dire sur les groupes I, V, V’I. Encore une distinctiim s’inipose-telle. Ce qui, à beaucoup près, était le plus caractéristique, c était la loi de centralisation du culte ou de l’unité de sanctuaire. Elle-même n’apparaissait pas comme entièrement nouvelle ; on la pouvait traiter comme une reprise et une codification de l’essai do réforme du pieux roi Ezëchias. (Juant aux lois des anciens (V) et aux lois d’abominations fvi), elles étaient loin d’être totalement ignorées auparavant. L’Urdcuteronomium (Di) se ramènerait ainsi à : Deut., xii, 13-28 ; XIV, 32-29 : XV, 19-23 ; XVI, 1-17, 21, 22 ; xvii, 1, 2-7(.’) ; xviii, 9-12 ; XIX, i-13, 14 ( ?) ; XXI, 1-9, 15-21, 22-23 (.’) ; xxii, 5, 9-29 ; XXIII, i-15(.’Vulg. XXII, 30-xxiii, 14), 18 (1 1-)] 19 (18), 22-24 ( ? 21-23) ; XXIV, 1-5 ; xxv, 5-io, 13-16 ; xxvi, i- j5 J]. C’est ce document qui aurait été promulgué en 622’,

— e) Mais à quelle date en remonte la composition ? L’auteur auquel nous nous attachons rejette l’hypothèse d’une pieuse fraude, chère jadis à un trop grand nombre de critiques. La prohibition des’ «.ii-rim et des efféminés (û «  « (., XVI, 21 ; xxiii, 18[17l I9[18]) nous ramène en deçà ^ 900 (cf., I Ileg., XV, 12, 13, la réforme attribuée à Asa) ; la prohibition du culte de Moloch (Dent., xviii, 10) nous fait descendre jusqu’au temps d’Achaz (cf. II Lteg., xvi, 3) ou deManassé (cf. II rieg., x-xi, (i). Avec l’interdiction du culte des astres (Deut., xvii, 2-7) nous serrons de plus près encore la date de ce dernier roi (cf. II Reff., xxi, 5) ; c’est là de nouveau que nous ramène la comparaison de la loi de lunitéde sanctuaire avec la réforme d’Ezéchias. h’Urdeuteronvmium aurait donc été composé au début du règne de Manassé, vers 697. — f] Il est probable que, des l’origine, cette loi se présentait comme mosaïque. C’était par une de ces fictions littéraires dont l’antiquité ne se faisait aucun scrupule. On entendait dire parla que la nouvelle loi n’était qu’une simple application à des besoins nouveaux des principes posés par le fondateur et le premier législateur de la nation’. Ici la fiction souffrait d’autant moins d’objections que l’œuvre était aussi peu personnelle que possible. Il n’y avait, en réalité, de personnel que le groupement des lois. Celui-ci fut fait pour un but très précis. La réaction de Manassé contre les réformes religieuses d’Ezéchias, la faveur accordée au syncrétisme, aux désordres moraux auparavant censurés dans Mi., vi. vu : autant de maux qui appelaient une protestation. L’auteur de D’recueillit dans le legs du passé les lois les plus aptes à constituer un véritable programme de réforme. Mais les temps devenaient si mauvais qu’il n’csa pas publier son œuvre ; en attendant de.s jours meilleurs, il la déposa au Temple. C’est là qu’IIelcias la trouverait en (>22. — g) On notera qu’au regard de M, Steuernagel et contrairement à l’opinion de beaucoup de critiques, D’n’a aucunes relations de dépendance avec le Code de C alliance : les lois communes, dont la présence ne s’explique pas par des remaniements conciliateurs, proviendraient d’une même source perdue.

39-’— h) Devenu loi d’Etat, D’jouit aussitôt de la plus haute estime parmi les partisans du culte orthodoxe de Yahweh ; ceux qui avaient quelque influence la mirent en œuvre pour accréditer ces ordonnances. De là les discours dans lesquels on encadra la législation. Le premier est D-b, dont il ne nous reste que le prologue qu’il faut chercher dans Deut., IV, 45 ; v, i-4, =0-28 (Vulg. 23-31) ; ix, g-xi, 28. Il est rédigé à la 2" pers. plur. ; le texte législatif qu’il encadrait était celui de D’, avec déjà ses premiers suppléments. —

1. En recueillant et en codifiant les lois des groupes I, V, VI, le rédacteur auquel on doit V Urdeuleronomium avait déjà, selon toute probabilité, ajouté des remarquas destinées à mettre ces ordonnances en rapport avec la situation qu’il envisageait. De très bonne lieure, de nouvelles additions fournirent des précisions nouvelles. Parmi ces additions, il faudrait mettre en première ligne les péricopes munies d’un point d’interrogation ; mais les autres elles-mêmes n’ont pas été exemptes de retouches.