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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/368

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MOÏSE ET JOSUE


multipliés surtout dans le premier siècle qui suivit la Grande Assemblée. Ils étaient achevés au moment où la communauté samaritaine se sépara délinitiveinent de l’orlhodoxie hicrosolymitaine, en emportant le l’enlatcutjue (vers 330, d’après M. Steuernagel) '. — -A) Dans Josiii le récit sacerdotal n est conservé que pour la deuxième partie (xui--xiv). Comme dans les cinq livres, il se conforme aux données générales de la tradition élohislique. Il renferme toutefois des particularités qui permettent, ici comme plus haut, de songer à des sources indépendantes.

44. — I-RÉDACTION SACERDOTALE (RpK — a).Après la publication de l'écrit sacerdotal, on eut deux représentations parallèles et également autorisées de l’histoire îles origines et de l'époque mosaïque. On devait être tenté de les combiner, comme on avait fait pour J et E. — b) La fusion eut lieu de bonne heure, sans doute avant 400, à une date en tout cas où tous les éléments de Ps n’existaient pas encore. — c) Le rédacteur sacerdotal a autant que possible respecté ses sources, mais en donnant ses préférences h P. Quand il avait le choix, c’est toujours P qu’il a adopté, supprimant d’importantes sections de JEDqui auraient formé des doublets ou introduit des contradictions, n’empruntant aux anciens documents que des fragments complémentaires : dans Gert., X, par exemple, la table etiinogr.iphique est avant tout celle de P, bien que J soit représenté par des extraits assez importants. Rarement Bp se livre à une combinaison proprement dite des sources, comme dans le récit du déluge ; il préfère, surtout dans les épisodes les plus importants, juxtaposer les récits parallèles. — d) Comme celle de D et do JK, la combinaison de P avec.lED a été l’occasion et le point de départ de nombreuses modifications dans les parties constituantes, surtout dans P : retranchements, additions, déplacements, etc. Toutefois les limites ne sont pas toujours faciles à préciser entre ce qui provient de Ps et ce qu’il faut attribuer à Rp. D’ordinaire on saisit la raison de ces changements. Parfois elle échappe, comme pour le déplacement à'E.v, , XV, 22-xviTi, 2 ;  ;, dont une bonne part devait se trouer primitivement après la grantie péricope du Sinaï.

— e] Vers 330, non seulement lo développement progressif du Pcniateiiquc est achevé, mais l’ouvrage est déjà considéré comme canonique. Dans la suite, il y aura encore des cliangemenis. Les moindres, qui relèvent surtout de la critique textuelle, trouveront accès dans los exemplaires officiels. Los plus importants seront rejetés par la communauté juive ; ils ne seront reçus que dans le PeiiiateiKjue samaritain et surtout dans les Septante. — f] L’ouvrage ainsi réalisé était si considérable que l’on eut besoin de plusieurs rouleaux pour le transcrire. D’où la répartition en livres. F^es limites de la Genèse et du Deulérononie sont déterminées par la nature même des choses. Pareille considération aurait amené à faire les autres sectionnements après ir.r., xix, 2 et.Vani., X, 10. Mais les parties ainsi obtenues auraient été par trop disproportioni.ées. On a adopté un compromis en constituant un livre purement légal, le Lefitiçue, entre deux autres qui unissent à peu près dans la même proportion des récits et des législations.

45. — J. RÉDACTION DE JosuÉ. — a) Le récit du livre de Josué est le complément indispensable de celui du Pentateuque et nombreux sont les liens par lesquels il s’y rattache. On sait d’ailleurs que los sources du Pentateuque, J, E, P. ont leur continuation dans lo livre qui vient ensuite ; D luimême y est représenté par la suite des récits de D-a qui entrent dans la constitution de la finale du Deutéronome.

— b). beaucoup de signes néanmoins, on reconnaît que la rédaction du Pentaieuque et de Josue n’a pas été réalisée en même temps ni d’un seul trait. Xu moment de la séparation des Juifs et des Samaritains, Josué formait un livre distinct du Penlatew/ue qui, à lui seul, constituait le Canon. D’autre part, la combinaison des documents n’est pas la même dans les deux livres. — c| Nulle part dsns Josué, on ne trouve de traces de cet écrit composite JE qui tient une si grande place dans Gen.-JVum.-^Dcut., xixi-xxxiv. Deux documents sont à la base du sixième livre de Yllexateuijue : P, d’une part, et, de l’autre, la continuation historique de D-a, déjà enrichie à la vérité de nombreuses additions et retouches (Rd^. Le travail de fusion, qui s’opéra peu après iH. ne fui pas l'œuvre du même rédacteur (Rp) que dans le Pentaieuque. Dans Josué, en effet, c’est D'-a qui a la préférence.

1. La date de la constitution définitive du schisme samaritain ne nous paraît pas devoir être reportée il une date si tardive (et. J. TouzvitD, op. cit., p. 50-53).

Dans les chap. i-xii, on ne rencontre que quelques fragments de P : si, dans les chap. xin-xxiv, le récit est surtout

de P, les cadres (xiii, 1*, ^' ; xvni, 3-10* ; etc.) sont de D'-a. Il a de soi que le travail de combinaison n’a pas été réalisé sans quelques retouches des éléments constitutils. — d) Au moment où D'-a et P furent réunis, J et E existaient encore à l'état séparé. Bien que D'-a eût surtout exploité E, celui-ci renfermait des détails qui ne figuraient pas dans le récit deuteronomique ; on en inséra quelques-uns (Jos., 11 ; v, 2 sy., 13 sv. ; vii, a sv. ; etc.). On introduisit pareillement des extraits de J (xv, iS-ig, C3 ; xvi, 10 : xvii, ii-13* ; etc. !. Sans parler des retouches à grouper sous le sigle Ps, on notera que, dans Josué. J est plus pur que E, qui a été remanié dans l’esprit do D. — e).Même une fois constitué, le livre de Josué subit des modifications et reçut des additions qui ne figurent pas encore dans les Septante.

VIII. La théorie documentaire 6t les exégètes catholiques

1'^ Fin de non-i’ecevoir et réfutations

46. — Ces théories nouvelles ne pouvaient manquer d’avoir leur répercussion dans l’Eglise ; on peut menie être surpris de constater que les exégètes catholiques ne s’en soient guère préoccupés avant le dernier quart du dix-neuvième siècle. A cette date, ces opinions sont le plus souvent traitées comme absolument incompatibles avec le catholicisme. Elles sont l’une de ces formes multiples que revêt la lutte de l’hétérodoxie et du rationalisme contre la vraie foi ; d’autre part, elles constituent un péril redoutable pour les croyants qui, sans une préparation suflisante, auraient la témérité de se familiariser avec elles. Bref, on reste sous l’impression des sentiments hostiles, tantôt à l’orthodoxie et à la foi romaines, tantôt à toute idée de surnaturel et de miracle, qui tenaient une trop grande place dans les premières manifestations de la Haute Critique. C’est pourquoi exégèles et apologistes se préoccupent avant tout de repousser en bloc des thèses qu’ils qualifient purement et simplement de rationalistes et de leur fermer l’accès de la science ecclésiastique. Ainsi se constitue une sorte de Code ou Manuel de ContieCritique, synthétisant l’ensemble des principes et des remarques de faits que l’on opposera aux théories et aux assertions de la Haute Critique littéraire, historique et doctrinale. Sans parler de M. Paulin Martin, dont l’ouvrage (Introduction à la Critique Générale de l’Ancien Testament : De l’Origine du Pentateuque : Leçons professées à l’Ecole Supérieure de Théolo-^ie de Paris, 1886-1887, 1889-1888, 1888-1889 ; 3 vol. in-4°) est demeuré polycopié et dont les voies spéciales ne sont pas toujours les plus sûres, les deux noms qu’il convient de prononcer en ce contexte sont ceux de M. Vigouhoux, S. S. (dans le Manuel Biblique, t. I, V éd. en 187g, et dans les Livres Saints et la Critique rationaliste, i° éd. commencée en 1884 [la thèse de l’aulhenticilé du Pentateuque est surtout traitée dans le tome IH, ) et du R. P. CouNELY (Iniroductio Specialis in llistorieos Veieris J’estamenti Libros, vol. II, i Ael’JListorica et Criiica Introductio in U. T. Libros Sacros [Cursus Scripturæ Sacræ auctoribus R. Cornkly, 1. K>'ABENBAUER, Fr. DE HuMMF.LAUBR aliisque Soc. lesu presbyteris], 1887). L'œuvre apologétique devait se poursuivre sur un double terrain : preuves de l’authenticité mosaïque du Pentaieuque, réfutation des objections adverses. Il nous semble inutile de reproduire in extenso ce qu’on peut lire dans des traités facilement abordables et ce que l’on trouve monnayé dans une foule de publications secondaires. Nous nous bornerons en conséquence à tracer un rapide aperçu de la thèse de rauthenlieilé mosaïque du Pentaieuque, telle qu’on la trouve en ces divers ouvrages.