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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/518

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NANTES (RÉVOCATION DE L’ÉDIT DE)

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Bibliographie. — Avant tout, les grands mystiques catboliquesdansleur texte, surtout sainteTLérèse, particulièrement Vie écrite par elle-même et le Château intérieur ; et aussi sainte Catlierine de Sienne Dialogues ; sainte Catherine de Gènes, le Purgatoire ; la B" Angèle de Foligno, le Litre des Visions et Instructions ; saint Jean de la Croix, la Montée du Carmel et la Auit obscure ; saint François de Sales, Traité de l’Amour de Dieu, liv. VI et Vil ; saintvlphonse Kodriguez, ^’ie et Mémoires, Paris, Relaux, 1890. — Traités OKNiiRAUx : René de Maumigny.S.J., Pratique de l’Oraison mentale, IP partie, Oraison Extraordinaire, Paris, Beaucbesne, igo’j ; Aug. Poulain, S. J., Des Grâces d’Oraison, Paris, Beauchesne, 1909 ; Saudreau, l’£tat mystique, Paris, Aiuat, igoS ; E. Laniballe, eudiste, La Contemplation, Paris, ïoqui, igiS.

— Etudes apologétiques : J. Maréchal, S. J., A propos du Sentiment de Présence chez les Profanes et citez les Mystiques. Itetue des quest. scient., Bruxelles, cet. 1908, janv. et avril igog ; Idem, Science empirique et Psychologie religieuse. Recherches de science religieuse, Paris, janv.-févr. 1912 ; Idem, Sur quelques traits distinctifs de la

Mystique chrétienne. Revue de Philosophie, 1912, XXI, p. 4 16-^88. — L. Roure, En face du fait religieux, chap. iv. Le Mysticisme et ses explications pathologiques ; chap. v. Autour du Mysticisme catholique, Paris, Perrin, igo8 ; Idem, 71/v5tique ou Illuminée. Etudes, 5 mars ig18 ; L. de Grandmaison, L’Elément mystique dans la Religion. Recherches, mars-avril 1910 ; II. Joly, La Psychologie des SniHs, Paris, Lecoffre, iSg^ ; J. Pacheu, L’Expérience mystique et l’activité subconsciente, Paris, Perrin, igu ; G. Micbelet, Dieu et l’Agnosticisme contemporain, Paris, Gabalda, 1909 (chap. Il) ; Brenier de Montmorand, J’Erotomanie des.Mystiques chrétiens. Revue Philosophique, oct. igoS ; Ascétisme et Mysticisme, ibid., mars 1904 ; Les Mystiques en dehors de l’Extase, il)id., déc. 1904 ; Les Etats Mystiques, ibid., juil. igo5 ; Hystérie et Mysticisme, ibid., mars igo6. — Le Développement des Etals mystiques chez sainte Thérèse, dans Rul. de la Soc. franc, de philosophie, janv., igo6. (Exposé non ortliodoxe de systèmes divers.)

Lucien Rourb.

N


NANTES (RÉVOCATION DE L’ÉDIT DE). — 1. En quelles circonstances avait été octroyé l’Ed ; t db Nantes(1597-1598). — II. La législation de l’Edit de Nantes (Avril iSgS). — 111. L’accueil rencontré par l’Edit de Nantes (1598-1600) : i" En France ; 2° A Rome. — IV. La disparition

des PRIVILÈGES POLITIQUES (lÔOO-ïGîg). — V. De LA

Paix de 1629A l’Edit de Révocation : 1° Au temps de la Fronde ; 2° Llole de la Compagnie du Saint Sac/-emenl ; 3° Vers la Révocation ; 4° Conversions et résistances. Premières « dragonnades » ; b" Le dénouement. — VI. L’Edit de Révocation (Octobre 168Ô). — VII. L’accueil rencontré par l’Edit DE RÉVOCATION : 1° En l’rance ; 2° A llome. — Vlll. Conséquences de l’Edit de Révocation : i° Gain pour le catholicisme ; 2" Le « Refuge » à l’étranger ; 3" Les vraies « dragonnades’ ; 4° Consultation et Ordonnance de 1698. — IX. Appréciation des responsabilités. — X. Bibliographie.

I. En quelles circonstances avait été octroyé l’Edit de Nantes (1897-1398). — L’Edit de Nantes, par lequel Henri IV organisa, pour les protestants français, un régime légal de liberté religieuse et d’égalité civile, fut essentiellementune œuvre de circonstance.

Loin de proclamer aucun principe universel et théorique d’égale liberté des cultes, loin de subir l’illumination mystique qui saisit, par exemple, Henri Martin lorsqu’il décrit leur œuvre, les auteurs de l’Edit de Nantes ne songeaient qu’à parer le moins mal possi !)le aux besoins des circonstances. Ils adoptèrent, faute de mieux, une solution transactionnelle dont personne ne fut pleinement satisfait, mais à laquelle chacun finit par se résigner comme à la fatalité des circonstances. Benoit, l’hislorien protestant de l’Edit de Nantes, caractérisait judicieusement la situation : « Il y avait des catholiques qui murmuraient de ce qu’on avait tant accordé. Il y avait des réformés qui se plaignaient d’avoir si peu obtenu. Il y avait enfin des uns et des autres qui trouvaient l’avantage égal des deux côtés et qui, ne désirant que la paix, estimaient tolérable tout ce qui pouvait la donner. »

Le dispositif de l’Edit ne fut nullement, de la

part de Henri IV et de ses conseillers, l’objet d’une libre et solennelle décision étudiée à loisir. Chacun des articles est littéralement arraché au roi par l’assemblée politique du j)arli calviniste, réunie successivement à Loudun, à Vendôme, à Saumur, à Chàtellerault, qui avait siégé en permanence durant plus de deux années, bénéliciant sans vergogne des effroyables périls extérieurs et intérieurs avec lesquels la Couronne était aux prises.

Converti du calvinisme au catholicisme, Henri IV dut, pour conquérir son royaume, vaincre ou désarmer la puissante Ligue catholique, repousser l’invasion espagnole qui menaça la Bourgogne, la Picardie et l’Ile de France, et subir en même temps les exigences comminatoires de ses anciens coreligionnaires protestants. Tel est le morne ;  ; / historique où apparaît l’Edit de Nantes.

Les plus considérables d’entre les avantages politiques et financiers reconnus aux huguenots par cet Edil, nous voulons parler du privilège exorbitant des places de sûreté avec les subventions correspondantes, furent même accordés en bloc, le 25 juillet 1697, par le commissaire royal Schomberg, à l’insude HenrilV, pour obtempérera un ultimatum del’assemblée protestante de Chàtellerault. Les Espagnols sont maîtres d’Amiens, Paris est menacé, le roi fait adjurer l’assemblée de surseoir aux querelles intérieures et d accorder le concours militaire indispensable au salut du royaume : et l’assemblée i^rolestante menace de reprendre immédiatement la guerre civile si l’on ne lui concède pas les garanties politiques qu’elle réclame. Pour éviter à tout prix la catastrophe, Schomberg prend sur lui de concéder l’inévitable. Et Henri IV, mis en présence du fait accompli, jugera nécessaire de ratifier ce qu’il ne se sent pas assez fort pour refuser ou pour révoquer. La mort dans l’ànie, il accordera ainsi aux huguenots ce qu’il avait dénié aux ligueurs : un véritable partage de la souveraineté politique.

D’ailleurs, les clauses religieuses de l’Edit de Nantes répondaient à une nécessité sociale plus forte que la volonté des hommes. A la fin du xvi’siècle, quarante années de luttes civiles avaient abondamment démontré : d’abord que la grande majorité des Français restait et resterait ardemment catholique ; mais