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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/535

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NATALITÉ

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la repopulation, la franc-maçonnerie ne dédaigne pas d’y collaborer (La Dépopulation de la Franco,

191 I, p. 320).

Quant au socialisme, il la seconde très activement. La 1. grève des ventres » a été un mot d’ordre souvent donné dans les Bourses du travail, après les doctrines que le trop fameux Bebel avait formulées dans son Vivre La Femme (Die Fia 11), parvenu luimême à une si effrayante diffusion. M. Maxime Leroy, syndicaliste autorisé, s’exprime ainsi sur ce sujet : (1 La limitation volontaire et raisonnée des naissances est une idée qui a pénétré dans la classe ouvrière par les militants anarchistes, influencés par l’initiateur et théoricien du néo-malthusianisiue, Paul Roliin. Sans être statutaire, si elle doit jamais le devenir, elle tend à se transformer en une sorte d’obligation morale tvl’s préciae… » Le résultat sera de <i libérer la femme du joug masculin et de lui éviter la triste ressource de l’avortement ou de l’infanticide… Le néo-malthusianisme, c’est encore un droit de contrôle revendiqué sur la production au nom de la solidarité prolétarienne » (La Coutume ouvrière, Syndicats, Bourses du trai’ail, etc., igiS, t. I, pp. 265-270).

Il est profondément regrettable que beaucoup d'économistes libéraux, étrangers à nos croyances ou timides et illogiques avec elles, aient plus ou moins prêté les mains à cette propagande. Quelquesuns, comme de Molinari (1819-1912), ont calculé froidement qu’il en coûte moins d’importer un homme que de l'élever, et qu’il y a par conséquent un bénéfice économique à introduire des étrangers en France, plutôt qu'à procréer des Français.

Mais aucun auteur, parmi les théoriciens de l'économie politique, n’a prêché le néo malthusianisme plus ouvertement ([ue M. Pikrson, ancien président du Conseil des ministres des Pays-Bas et auleur d’un Traité d'économie politique qui vient d'être traduit en français. « U n’est pas chimérique, dit-il, de supposer, que ce système (le néo-malthusianisrae), recommandé avec force et dans de larges cercles par des personnes qui inspirent confiance, sera un jour pratiqué d’une manière extensive… Je n’ai jamais trouvé de démonstration claire de l’immoralité de tous les moyens préventifs. » (Op. cil. (1896), tr. fr., 1916-1917, t. II, p. ^87 ; p. 44' ")

M. Lrroy-Beauliei ; , lui-même, en louant trop exclusivement la famille de trois enfants, qu’il appelle la famille « normale » — il aurait dii dire

« moyenne > et de faillie moyenne, — a trop laissé

croire que, s’il y a une certaine morale conjugale jusqu'à la troisième grossesse inclusivement, il yen a ensuite une autre, et néo-malthusienne celle-là, si l’on veut.

Pourquoi aussi n’avoir pas développé, avoir laissé même ignorer cette grande vérité, que Carey avait mise en pleine lumière, à savoir que l’homme produit en même temps qu’il consomme, et que peut-être bien avec lui, tant que le point de saturation n’est pas atteint, la production n’est pas incapable de devancer même les besoins ? C’est ce que le docteur Bertillon exprimait par ce mot saisissant :

« Malthus oubliait que les convives du banquet en

sont aussi les cuisiniers… et que, lorsque les convives sont nombreux, les rations à bien des égards sont plus grosses. » (/, « Dépopulation de la France, 191 1, pp. 30 et 43)

V. L'état actuel de la question en France. — Nous ne nous arrêterons pas longtemps sur les ravages du néo-malthusianisme, plus grandsen France que nulle part ailleurs.

Ils sont mesurés par le déclin delà natalité.

Tome III.

On appelle coefficient de natalité le nombre des naissances par 1.000 habitants et par an. Or, le voici pour la France, par période de dix ans depuis 1800 :

1801-1810 32, 5

1811-18ao 31, 6

1821-1830 30, 5

1831-1840 28, 9

1841-1850 29, 4

1851-1860 26, 7

1861-1870 26.4

1871-1880 24, 5

1881-1890 23, 8

1891-1900 22, 1

igoi-1910 20, 5

1911-1913 18, 8

La proportion des mariages (coefficient de nuptialité) est restée stationnaire ; celle des naissances naturelles a haussé légèrement. Il faut noter du reste que les mariages — mariages civils — après divorces, faisant repasser une seconde fois devant le maire l’un des conjoints du vivant de l’autre, commencent déjà à fausser assez sensiblement notre statistique officielle des mariages (15.ooo divorces par an avant la guerre).

Le rapportdu chiffre des naissances légitimes avec celui des mariages n’est pas moins concluant, quoique les naissances d’une année se réfèrent à des mariages de bien des années différentes. De vingt en vingt ans, nous trouvons, en face d’un mariage, le chiffre d’enfants qui suit :

1800 4, a4 enfants légitimes.

1820 4, 08 —

1840 3, 26 —

1860 3, 04 —

1880 3, 09 —

1900 2, 95 —

'9'o 2, 46 —

La proportion des mariages sans enfants, plus grande à Paris que dans les villes moindres et surtout que dans les campagnes, est sensiblement, dans l’ensemble de la France, ce qu’elle est dans les pays voisins (De Felice, Les Naissances en lrance, 191 1, p. 100 etia2). Ce qui est inférieur en France, c’est donc la fécondité moyenne des ménages ayant des enfants ou en ayant eu.

Quelle est l’origine du mal ? Quelles en sont les causes immédiates ? Quelles en sont les formes visibles et palpables ?

Le vice, à coup sûr, est apparu bien avant la Révolution. L’abbé Jaubert le signale des 1167 comme sévissant dans les classes élevées (Causes de la dépopulation, 1767, p. 39).

Un peu plus tard, Moheau le montre pénétrant dans les campagnes et menaçant l’Etat d’un mal

« plus funeste que les pestes qui le ravageaient autrefois ». (Recherches et considérations sur la population de la France, 1778, t. ii, p. 102) Cependant, 

en ce temps-là encore, Messanci- ; notait un coefficient de natalité de 41. 6 pour l’Auvergne, de 42, 1 pour les villes du Lyonnais, etc., bien que déjà la Normandie, tombée aujourd’hui à 13 et 14, se fût assigné un rang défavorable, avec seulement 36, 3 (Voyez Arthur Young, Voyages en France, Paris, 1793, t. III, p. 201 et s.) Pour Lyon en particulier, où les naissances comparées aux mariages étaient tombées de 483 "/n, dans la période malheureuse de 1Ô99 * '7"8. à 433 et 408 pour celles infiniment plus prospères de 1739-1748 et 1749-1 758, on peut se demander si déjà le vice ne s’y introduisait pas (Almanach de Lyon de 1760, que nous citons à

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