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OCCULTISME

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pauvres médecins chez qui le bon sens remplace l’occultisme.

En principe, certes, ce qui agit le plus fortement sur nous n’est pas toujours ce qui est le plus proche, le plus imiiié'liat, le plus matériel, le plus grand. Et il est scienlilique d’accorder du crédit à des causes invisibles, luicroscopiques. médiates, éloignées, dans le siècle qui suit celui de la microbiologie, des rayons X, de la télégraphie sans lil, de l'électricité. Mais il n’en faut pas moins observer que les agents invisibles im lointains, quand ils sont scientiliquement observés, ne sont pas plus mystérieux que les autres ; que leurs effets ne sont pas plus inconstants ; et que l’analyse de leurs propriétés n’a rien à gagner à de fantaisistes théories plus ou moins couipatililes, mais non solidaires, avec la condition de leur apparition. Or, ce qu’on peut reprocher aux occultistes qui ont mêlé leurs doctrines à la médecine (cf. Drz, Z’xliiiloi^ie médicale ; Pbrhibr, thèse de Lyon, igo5, n" lo ; RoCHA, De l’influence médicale des astres sur le corps humain^ par Hocha, étudiant de Montjcllier, 1501.éd. Des vernay, Lyon, igo4', cf. Boi’chk-Leclbrcq, Astrot. sr., ch. xv, latromanlique), c’est l’audace de leurs conclusions et la fragilité de leurs prémisses. Nous accordons à Duz (p. 3) que « l’homme à sa naissance » (mais pourquoi pas aussi à sa conception ?)

« eslsi^né des qualités, du tempérament, des maladies

et des vices propres au milieu et aux éléments qui ont concouru à sa conception » ; mais les astres et les signes du zodiaque sont des facteurs bien peu importants dans cette formule, ou du moins leur importance n’est pas démontrée. On ne peut même pas dire, avec Papus (Dp. rit., pp. 5/|-5.5), que les phases de la lune à la conception de l’enfant ou à la précédente délivrance de la mère déterminent le sexe de l’enfant. Les dictons qui courent à ce sujet sont souvent vérifiés et montrent que ce facteur joue dans la formule du pronostic. Mais il n’est pas le seul, car l’erreur des calculs basés sur lui est parfois manifeste, nous pouvons l’allirrær. De même, prétendre que le soleil (p. 61, Perrier) a une influence sur la fécondité parce que le testicule du fœtus « descend vers la lumière », c’est une fantaisie peu à sa place dans une thèse de doctorat. Il se mêle à tous ces arguments des rêveries gratuites : qu’est-ce que ces qimtre opérations de la matière (congélation, volatilisation, combustion, condensation, Duz, p. 4) qui veulent donner raison à la théorie pythagoricienne des quatre éléments ? Pourquoi pas cinq opérations, en y ajoutant la raréfaction, six avec la fusion, sept ai’ce la dissolution ?

Nous ne parlons ici du magnétisme que pour mémoire ; ce que l’on entend, ce que surtout l’on entendit par là n’est pas une force de la nature scienliliquement adaptée, comme l'électricité médicale, à la restauration de l’organisme humain, mais un ensemble complexe d’influences suggestionnellc ; , psychiques, dont l'éiude analytique est d’une c diflicullé pratiquement énorme » (Boirac, A’oiif. Hei’iie, i-io-gS). De l’aveu du même auteur (p. Il du tirage à part), il est à peine possible « de reproduire expérimentalement » les faits de magnétisme présumés purs, et r » on préfère tout supposer plutôt que de croire à leur réalité. Quelques heures après les avoir vus, on doute du témoignage de ses sens et de sa mémoire «. Il est diflicile, après un tel aveu, de classer les faits du magnétisme dans les phénomènes physiques.

B) Priîtrndues actions sur l’esprit. — § 1) Télépatliie. Télesthésie. - Au nombre des privilèges que revendiquent certains occultistes, figurerait en bon rang la prétendue propriété d’impressionner à distance l’esprit d’un sujet. Ce phénomène, observé du I

côté du sujet, reçoit le nom de télépathie ou de télesthésie, suivant qu’il y a seulement un étal d’angoisse et d'émotion ou une perception, une sensation du moins ; du côté du transmetteur, le phénomène, s’il est provoqué, reçoit le nom de suggestion mentale ou de suggestion à distance. Distinguons ici les principes et les faits.

En principe, un tel phénomène est parfaitement concevable, sans heurter d’aucune manière les théories psychologiques d'.-ristote ni de l’Ecole thomiste. On sait que normalement deux créatures humaines ne peuvent correspondre que par leurs corps, chaînons intermédiaires de leurs deux âmes. La suggestion mentale ou la télépathie ne ferait pas exception à la règle. Elle ne présenterait d’exceptionnel que l’insolite extension du « milieu » indispensable aux organes transmetteur et récepteur. Mais ce milieu indispensable à des êtres composés d’une âme et d’un corps n’est pas supprimé (abbé Gayhaud, Siiif^, mentale et télépathie, la Quinzaine 189C). La découverte de la télégraphie sans Cl a rendu la télépathie moins mystérieuse en nous rendant plus concevable ce milieu de nos organes. En 1893 (/.e Temps, 12. viii. gS), Pouciiht doutait de la possibilité « d’une influence, d’une vibration nerveuse se propageant sans conducteur matériel * ; douze ou quinze ans plus tard, le colonel dk Hoc.uas (Frontières de lu Physique, sub iniliam) écrivait, en parlant de In télépathie : a L’explication qu on peut donner de ce phénomène n’est ni plus ni moins siire que celle du télégraphe sans fil » (cf. abbé VéhonNRT, docteur es sciences, Itey. du Cl. Français, 15 fév. 0^, décrivant les centres cérébraux des deux

« télépathes » comme un transmetteur et un récepteur

de télégraphie sans fil). Aussi le phénomène de la télépathie, malgré son caractère mystérieux à l’origine, sort-il du cadre de l’occultisme pour solliciter les explications les plus naturalistes (Grasset, L’occ. h. et a., pp. 314 sqq. — Joire, llevue du monde im’isihlc, 1902, p. 625 sq. — Staiioiînmaikr, Die Magie ats experinientelle Natuniissenschaft, 1912, Leipzig, liv. VI, passim, et p. 133. — Bechterkw, I.a suggestion, etc., pp., 54-55).

Mais l’occultisme rentre en scène dès que les faits prennent des proportions extraordinaires. On admet comme naturels et concevables des contacts de pensée entre personnes qui se voient ou se touchent (rHm/<e/7aftrfis » /e, Grasset, 0. c., p. 120 sq. — « transmission de pensée improprement appelée télépathie », — J. Filiathk, Hypn. et magn., etc., chez Genesl, S' Etienne, p. 321, — Muskellesen, Staudknm.ier, I.c.).

Certains cas ont été bien étudiés, notamment celui du tils du D' Quintard, qui lisait les pensées de sa mère pourvu qu’il n’y efit pas d'écran entre elle et lui (Itevue du monde irn’isihle, année 1902-08, p. 360 ; cf. Mgr Fargbs, /.n Télépathie, 1919, lionne Presse).

Mais dès que les deux télépathes » sont invisibles l’un à l’autre, et à une distance telle qu’aucune perception ne soit habituelle entre deux êires, de quelle nature peut être leur communication ? Electriques ou non, que peuvent représenter, les ondes qui vibrent entre eux ? Pourquoi et comment vibrent-elles ?

Il faut convenir d’abord que les faits sont rares. Les occultistes et théosophes vont souvent chercher si loin leurs exemples, que leur expérience est manifestement pauvre (cf. Nralr, The unseen wortd, pp. 35-38. citant deux faits datant respectivement de l’an lij^oet de l’an iSSg ; — G. Delannk, la Revue spiritc, citant, en avril igi' ; , des cas anciens d’au moinscinquanteans ; — Ch. Marteaux, Annecj', 1906, In cas de télépathie au Moyen Age). Mais les faits récents sont rares, peu concluants (cf. Duchatbl,