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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/576

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OCCULTISME

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fois. Les prétentions de l’occultisme en ce sens sont assez variées.

^i) influences » bénéfiquea n. — Elles sont rares. La sorcellerie n’est pas bienfaisante par essence. Les quelques recettes de médecine tunuaine (Lancelin, SoiceVerie descamp., p. 355-44^) ou vitérinaire (Gilbert, Le sorcier des campagnes, pp. 252-253) qu’on impute aux sorciers, sont généralement de menues avances faites au rlient pour gagner sa conliance et parce qu’  « on ne prend ])as de mouches avec du vinaigre ». La notion de guérison rituelle ou mystérieusement régulière, dibtribuée pai- des procédés spirituels, a pu trouver sa place dans des religions. Le Talmud l’a entretenue concurremment avec celle des causes morales des maladies (Brecher, /.a.Magie et les guérisons magiques dans le Talmud, Vienne, 1850, p. 162 sq.) ; par contre, le peuple juif auiait été entretenu dans une sécurité complète à l’égard des influences astrologiques (ibidem, p. 153-154). — Le catholicisme a fait une place aux charismes dans l’amendement des souffrances même physiques (Dom MARKCUAUX, /fe »’ue du monde iniisiljlt, i y02-o3, p. 300) ; mais cette notion n’a rien decommun avec celle d’une influence magique ou bénélique agissant e.r opère operalo. — Au reste, l’occultisme diabolique pourrait opérer des guérisons non pas miraculeuses, certes, mais encore étonnantes ; cela n’est pas contradictoire avec la puissance du démon, ni même avec sa malfaisance, car. en vue d’un mal plus grand, il peut en suspendre un moindre (Ribbt, Mysl. di ; et diat/iil., 111^ vol., p. 361 ; voir GriinisoN « ).

§ 2).Uo/e/i’ccs. —Beaucoup plus habituels à l’occultisme sont les nialélices. Ils ne sont pas rares, même de nos jours. La suggestion et la crédulité pourraient expliquer l’émotion universelle que déterminent dans les campagnes ces seuls mots : jeter un sort (Gilhrrt, op. cit., p. 171) ; mais les occultistes eux-mêmes revendiquent ce pouvoir : <, autant vaut ne pas frayer avec un sorcier », écrit Lanciîun (op. cit., p. 347) et il continue : u il peut sembler étrange qu’en notre temps de scepticisme je donne un pareil conseil… mes études m’autorisent quelque peu à parler en connaissance de cause ». Bosc (glossaire, sub verho) parle aussi de certains maléûces (ligatures ) propres à détourner le mariage de sa (in. Dans tel cas particulier, il n’est pas toujours facile, en pareille matière, de discerner l’inhibition pathologique de l’effet préternalurel. Mais il existe au Rituel de l’Eglise une formule ad hoc. qui abolit l’effet de ces malélices mieux que toute suggestion médicale dans les cas qui en déterminent l’emploi. Lors même que le maléûce agirait comme une suggestion par l’intermédiaire du système nerveux, ce serait encore un maléfice ; et l’occultisme n’en aurait pas moins été inspiré par l’enfer, en découvrant une pareille trouvaille bien avant que la science ail pu la concevoir.

§ i) Envoûtement. — Parmi les maléfices les mieux déiinis, les plus universellement connus, pratiqués, ou essayés, il faut faire une place spéciale à l’envoûtement. L’envoûtement consiste en un essai magique de substitution d’une chose à une personne, pour nuire à la personne éloignée en s’acharnant sur la chose (toit ou vultus, visage, forme, figurine, statuette ou poupée à l’image de la personne : cf. Decrkspe, On peut envoûter, p. 10, et Kerdaniel, Recherches sur l’Envoût., p. 1) — Que cet essai soit universel, voilà ce qu’on ne peut nier : « Que [les figures] proviennent de l’ancienne Italie, ou du Mexique, ou de l’Allemagne moderne, elles ne dilTèrent point sensiblement » (Hubert, col. iSi’j-iSiS, article Magie). Dans tous les temps et dans tous les pays, les hommes ont cru qu’en frappant ou en piquant une

figurine (moyennant certaines incantations pour que le coup subi par la figure fût éprouvé par la personne), ils pouvaient nuire à leurs ennemis. Hkho-UOTR a noté les pénalités dont les Scythes punissaient cette pratique ; les XII Tables prévoyaient également le cas (ICrhoanikl, p. 16), et à bon droit (cf. les inscriptions commentées par U. Gagnât, loc. cit.. p. 164, etc. : (1 Je voue aux démons Rufa… »). Le moderne /etlature ou jeteur de sorts trouve un ancêtre dans l’aain des Arabes (Kbrdakiel, p. ja) ; et les sortilèges auxquels Ovide ou Horace font allusion (La.ncklin, Ternaire, p. 43) se recommencent de nos jours en Ecosse (immersion de la poupée à envoûter ou corp cher), en Malaisie, au centre de l’Afrique, et même en France, s’il faut en croire Fhazrr (Le Rameau d’or, pp. 13-15 et ^3). Ces pratiques ne sont pas incompatibles avec la foi, qui les rend seule valides, autant qu’illicites, dans l’esprit de ceux qui les accomplissent : celui-ci va jusqu’à faire dire une messe noire (cf. Bladk, Çhutorze s uperstit ions, ci, cyaiTFRzKR, p. ^3) ; celui-là conseille une prièreà saint Jean-Baptiste (BoL’RGEAT, luile d’Isis, igi’i, pp. 242-2^3). Le même ose invoquer un texte pViiPfél’q"" (" Vous ramasserez sur la tête de vos ennemis un charbon ardent », id., : Vagie, p. 13a) ; telautre joint le remêi’.e au mal, une lam[>e alimentée de « l’huile du saint autel », ou aratty (Bosc, Petite £ncrclop., p. y4-9t>) Mais que cette force soit occulte et efficace, c’est autre chose. La cérémonie n’est pas toujours maléfique. Hknry croit que, dès l’antiquité hindoue, l’amant qui décochait une flèche au cœur figuré de l’amante accomplissait un simple symbole (.Magie dans l’Inde antique, p. lai). — L’envoûtement d’amour n’est introuvable ni dans l’antiquité romaine (Fahz, De poetarum Romanorumdoctrina seZec< « , thèse 1904, ch ii)ni dans les temps modernes (DRkgkault. Les Env. rf’amoHr, Chacornac, 1909 ; Gallais, Mystères de la magie, p. 338-339). Mais ces pratiques sont faites en présence de l’objet qu’on désire fléchir et tiennent de la fascination magnétique ou de la suggestion hypnotique Efficaces peut-être dans des conditions qui n’ont rien d’occulte, et qui blessent la morale ou la raison, mais sans déconcerter aucunement la foi, ces envoûtements ne sont pas intéressants pour nous.

Autrement suspect et dangereux pour celui qui le manie, mais d’une eflicacllé contestable pour son ennemi, l’envoûtement de haine est occulte, au moins d’intention, parce qu’aujourd’hui (C.banès et Nass, Poisons et sortilège^, W vol., p. 351-353). et à plus forte raison autrefois, les lois naturelles n’ont rien à vor avec les règles empiriques de la sorcellerie. Nombreux sont les récits d’envoûtement ; et, à lire certains historiens, on croirait que les plus grands personnages ont été victimes ou complices du maléfice. Mais il convient, pour mettre au point les ressources lie l’occultisme, de remarquer que les astrologues et envoûteurs de la cour royale (Defrancè, Caih. de Médicis, ses astrologues et.ses magiciens envoûteurs) n’arrivaient qu’à des résultats insignifiants : si l’on trouve les marques de l’envoûtement sur un cadavre, on ne leur attribue pas la mort (p. 107) ; les effets sont" très lents » (|). 1 55) ; tout au plus l’envoûtement, criminel d’intention seulement, a-t-il 1 hâté la fin » d’une victime peut-être timorée, et complice par crainte (p. 17O) ; d’autres envoûteurs (Cahanks et Nass, p. 250) se flattent de donner la mort per venena et verha : c’est l’aveu de l’impuissance des maléfices nus. U convient aussi de mettre au point les responsabilités, et de justifier ceux qui, paraissant détourner le maléfice par la superstition (Cabanes, p. aSG-aS^) comme le pape Jean XXII, n’agissaient