Aller au contenu

Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/588

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

1163

ORDINATIONS ANGLICANES

1164

— Rejet formel et absolu des ordres anglicans PAR LE Saint-Siège sous Marie Tudor, sous Elisabeth et drpvis. Attitude pratique des autorités catholiques à l’égard de ces ordres (in^licaiis. — Nouvel EXAiMEN officiel de l’Ordinal anglican en 1685 et en 1704. Rapports de Geiietti, du Cardinal Casanala et d’autres coiisulteurs. La décision de I 704 n’est pas fondée sur l’absence de la tradition des instruments dans le rite anglican. — Histoire

DE LA controverse THÉOLOGIQUE SUR LES ORDRES

ANGLICANS. Im légende de ta ïète de clieval. Sauf quelques points superflus, les arguments apportés dès le début contre les ordres anglicans sont identiques en substance à ceux que devait sanctionner le Saint-Siège. Historicité de la consécration célébrée à Lambeth e/MÔSg. Examen de la question de la consécration de Barloty. — Résumé de la conduite

OFFICIELLE DE l’EgLISE ENVERS LES ORDRES ANGLI-CANS. Stade final (1896-1897). La Bulle Apostolicae curæ (1896). Accueil fait par les anglicans à la bulle Ordines Anglicani. Relation de la oo.m MISSION instituée PAR S. E. LE CARDINAL HERBERT

Vaughan. La Responsio. La Vindicatio des évéques catholiques. La bulle déclarée " irréformable »

PAR LÉON xni.

But de l’article. — L’organisation du clergé de l’Eglise établie d’Angleterre, du clergé anglican comme on l’appelle communément, diffère à plus d’un égard de celle que présente le clergé dans la plupart des autres églises protestantes. L’Eglise anglicane possède une hiérarchie à trois degrés, formée d’évêques, de prêtres et de diacres, qu’elle députe aux fonctions de leur ministère respectifs par trois rites d’ordination, assimilables — du moins à première vue — aux trois rites correspondants de l’Eglise catholique. Les membres de ce clergé s’appuient même précisément là-dessus pour alliriuer qu’ils sont validenicnl ordonnés évêques, prêtres et diacres, tout aussi bien que ceux de l’Eglise de Rome, et pour soutenir avec insistance que le Saint-Siège devrait les reconnaître comme tels. Aussi quand l’un des leurs, comme il arrive parfois, se réconcilie avec l’Eglise catholique et désire y exercer le saint ministère, voudraient-ils que du moins on lui épargnât la cérémonie, sacrilège à leurs yeux, d’une deuxième ordination. D’autre part en Angleterre, où la question a fait de tout temps l’objet d’âpres controverses, la théologie catholique a toujours nié au nom de ses principes propres la validité de ces ordres anglicans ; et cette doctrine a eu pour elle la pratique constante des autorités ecclésiastiques, qui, se conformant en cela aux directions papales, ont toujours traité en laïcs les ministres anglicans convertis qui désiraient remplir les fonctions sacrées, et leur ont toujours conféré les ordres sans condition. De leur côté, les controversistes anglicans sont souvent revenus à la charge, assurant que l’approbation accordée par le Saint-Siège à cet usage se fondait sur l’ignorance où l’on était à Rome des véritables faits : l’autorité Y’ontificale, disaient-ils, avait été trompée par les faux rapports des catholiques anglais, qui, emportés par leurs préventions, n’avaient jau’ais pris la peine de chercher, à une théorie qui h ur était trop chère, des fondements historiques solides.

En 1896, des circonstances sur lesquelles nous aurons à revenir altiièrent l’attention de Léon XHI sur ces revendications anglicanes ; en conséquence il donna ordre à une Commission d’enquête d’entreprendre une étude approfondie du sujet. Les conclusions auxquelles elle arriva l’amenèrent à publier dans l’automne de cette même année la bulle Apos tolicæ curae, par laquelle il confirmait les résultats de l’examen qu’il avait fait faire, et déclarait o définitivement et irréformablement » la nullité absolue des ordres en question.

Origine du schisme d’Henri’Vni(1530-lS47). Séparation d’avec le Pape, mais maintien des formes liturgiques du culte. — Le schisme qui, au XVI8 siècle, détacha du Siège de Pierre l’ancienne Eglise d’Angleterre n’eut aucunement sa cause dans une désaffection générale du peuple anglais pour une religion que lui avaient transmise tant de générations d’ancêtres : la aeule et unique raison en fut la tyrannie d’Henri VIII, exaspéré contre Clément VH parce que ce pape refusait d’annuler son mariage avec Catherine d’Aragon, c’est-à-dire de trahir la doctrine de l’indissolubilité du lien conjugal : car, si Catherine fut la veuve d’Arthur, frère du Roi, l’empêchement dirimant qui en résultait avait été levé par dispense de Jules II. Décidé à exécuter son dessein et à répudier la Reine pour prendre une autre femme, Henri usa de tout son pouvoir pour arracher son peuple à la juridiction de Rome, qu’il remplaça en proclamant sa sui)rématie personnelle, sa primauté suprême sur l’Eglise de ses domaines. Sous la menace des plus terribles châtiments, il fit reconnaître celle suprématie par tous les évêques et personnages considérables du pays, tant civils qu’ecclésiastiques, et il la fit ratifier par un Acte de Parlement de 153/|. .Sans doute, un simple coup d’autorité royale ou parlementaire nt sullisait pas à rompre le lien spirituel qui rattachait le peuple anglais au Saint-Siège ; mais par une clause de cet Acte, le Roi interdisait à ses sujets toute espèce de commerce avec le Pape, et défendait en particulier aux évêques de lui demander les bulles d’institution accoutumées. Et comme par ses menaces il les empêcha toujours effectivement de le faire, il réussit à soustraire la nation tout entière à cette juridiction sans laquelle l’unité catholique n’existe plus.

Mais, si Henri VIII, pour arriver à ses fins personnelles et pour se voir soutenu dans son schisme, entraîna l’ensemble de ses sujets à une rupture avec Rome, il n’avait pas pour autant le désir d’introduire dans son pays un corps de doctrines protestantes. A l’occasion, il lia bien partie avec les chefs protestants d’Allemagne, pour faire bénéficier de leur appui les projets qu’il formait contre le Pape ; mais afin d’abuser mieux son peuple, il voulait que les crojances et les formes du culte divin auxquelles on était habitué demeurassent à peu près ce qu’elles étaient auparavant. C’est ce qui apparaît clairement dans les Articles about Beligion devised by the Kiiig’s llighness, publiés en 1536 ; dans l’Institution of a Christian Man, publiée en 153^ et communément appelée le Bishops’Booh, parce qu’elle s’ouvre par une préface signée des évêques et de certains membres du clergé ; dans lANecessary Doctrine and Erudition of any Christian Man, publiée en 1543, ouvrage qui, bien qu’il ait été, dit-on, « vu par les Lords spirituels et temporels et trouvé très à leur gré », a pris néanmoins le nom de King’s Bool-, en raison de la Proclamation Royale placée au début et qui en prescrit l’usage comme règle de saine doctrine. Ces trois documents n’en forment en substance qu’un seul : l’unique différence qui les sépare, c’est que le second est le développement du premier elle troisième le développement du second. L’objet de leur exposition se diviseen quatre parties, quiont pour thème : la première le Credo, la seconde le Pater, la troisième les dix Commandements et la quatrième les Sacrements. Sur les Sacrements, ces traités sont incomplets, puisqu’ils n’en mentionnent