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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/66

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MARIE, MÈRE DE DIEU

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salua Marie du titre de nouvelle Eve, enfantant à nouveau, par la grâce du nouvel Adam, ceux que la faute du premier Adam avait tués. Exposée dès le deuxième siècle par un saint Justin et un saint InÉNÉE, cette antithèse du groupe rédempteur — Jésus et Marie — avec le groupe prévaricateur — Adam et Eve — constituera un lieu commun fondamental de la dogmatique clirétienne. Constamment rééditée par les Pères, elle trouvera place dans les documents les plus solennels du magistère suprême. Pie IX, définissant l’Immaculée Conception, rappelle par la bulle Ineffabilis Deiis (8 déc. 185^) que Marie

« unie à son Fils par un lien très étroit et indissoluble, 

avec lui et par lui, exerce contre le venimeux serpent d’éternelles inimitiés, et, pleinement triomphante, lui broie la tête de son pied immaculé ».

Sur l’interprétation de cette prophétie, on peut consulter : ConLUY, Spicilegitim dogmaticobihliciim, t. I, p. 34~-37a, Gandavi, 1884 ; Tkrhien, J.a Mère de Dieu et la Mère des hommes, t. III, I. I, cli. ii, p. 26-4y ; card. Billot, De Verbn incarnato’, Romae, 1904, thés. XLi. — Pour l’exégèse juive, F.’WEBEn, Jiidisclie Théologie^, § 48, Leipzig, 1897.

Tradition patristique concernant la nouvelle Kve :

Saint Justin, Dial. cuiii Tryphone, c, P. G., VI, 709.

— Saint Irknke,.4di IJæreses, III, xxii, 3. 4 ; V, XIX, /’. G, , VII, 858.869. 1 170. — Tehtullikn, Decarne Christi, xvii, P. /.., II, 78a. — Saint Cyiiillk de Jfrusale. m, Calèches.,-ail, 16.29, P. G., XXXIII, 741.761.— Saint Ei’iiHEM, Ojip. Syriac, éd. Romae, t. II, p. 318826 ; ibid., t. III, p. 607. — Saint Epiphanb, Hakr., Lxxviii, 18, 19, P. 0., XLII, 728.729 — Saint Am-BROISE, Expos, in Luc, I. IV, vii, P. t., XV, 1614 ; Exhortaiio virginitalis, i, iù.-i-). Z’./.., XVI, 343 ; Ej)., Lxiii, 33, />./.., XVI, 1198. — Saint Jkuôme,.£/)., xxii, 21, Ad Eustochium, P. /,., XXII, 408. — Saint Augustin, Serm. Li, 2, 3, P. L., XXXVIII, 344-345 ; ccLxxxix, 3, a, P. /.., XXXVIII, 1308 ; cxxiii in append., 7, i, P. L., XXXIX, 1991 ; De agone christtano, XXII, 24. P. É-, XL, 503. — Saint Jean Curvsostome. Expos, in Ps. xliv, P. G., LV, 198 ; Hom. in S.Pascha, 2, P. G., LU, 768. — Sévébien deGabala, De mundi creatione, Hom., vi, 2, P. G., LVI, 497- — Saint Proclus, Or. iv. In Natal. Domini, P. G., LXV, 709-712 ; I.audatio Deiparae, 8, ibid., ’)o ! i. — Saint Pierre Chhysoloque, Serm., lxiv ; ic ; cxvii ; cxl ; CLvni, P. L.. LU, 380 ; 478 sqq. ; 520 ; 676 ; 64 1. — Saint Maxime de Turin, llom., xv. De.al. Domini, P. L., LVII, 253.254 ; Serm. lui, p. 638-C40 ; xi et XII in append., p. 865-868. — Saint Eleuthère de Tournai, Serm. de Nat. Domini, P. ],., LXV, 94. — Saint Fuloenxe db Ruspb, Serm. n. De duplici naliiitate Cliristi, 6, P.L., LXV, 728 ; — Pseudo-Fulqence, Serm. xxxvi, ibid., 899.

Des origines de l’humanité, passons à l’histoire juive.

/5., VII, 14.

La prophétie de l’Emmanuel, chez

Isaïe, présente un parallélisme très remarquable avec le protévangile de la Genèse. Comme le protévangile, elle se produit après un grand désastre et permet d’entrevoir, à travers le châtiment divin, la restauration à venir. Comme le protévangile, elle montre une femme étroitement associée à l’œuvre du Libérateur. D’autre part, voici des différences. Le désastre visé n’est pas celui de l’humanité tout entière, mais celui du peuple élu. La maternité d’une vierge sera l’occasion prochaine du salut promis. Ces ressemblances et ces différences avec le protévangile permettent de saisir, à travers l’histoire de l’humanité, le développement d’un même dessein de miséricorde, dont Dieu poursuit la réalisation et dont il découvre, à ses heures, quelques aspects nouveaux.

Le royaume de Juda traversait alors une crise redoutable. Les rois d’Israël et de Syrie, ligués contre la Judée, menaçaient Jérusalem ; le roi Achaz songeait à s’appuyer sur l’Assyrie. Au nom de Dieu, le prophète Isaïe vient le détourner de cette alliance profane, et fait appel à sa foi en disant : « Si vous ne croyez (à la parole divine), vous êtes perdus. " (/s., VI, 9, hebr.) Pour gage de la protection d’en haut, il l’invite à demander un signe. Achaz refuse. C’est alors que le prophète prononce son oracle, Is., VII, 10-16 :

Et Isaïe parla encore à Achaz et dit : « Demande un signe à lahvé, ton Dieu, dans les profondeurs du Cbeol ou dans les sommets là-haul ! » Et AcIjbz dit : « Je ne le demanderai pas et je ne tenterai pas Jabyé. » Alors [Isaïe] dit : « Ecoutez donc, Maison de David, c’est peu pour TOUS de fatiguer les hommes, tous fatiguez encore mon Dieu ! C’est pourquoi le Seigneur lui-même tous donnera un signe : Que la Vierj^e conçoive et enfante un fils : qu’elle l’appelle Emmanuel ; il se nourrira de lait et de miel au temps où il saura rejeter le mal et choisir le bien. Car avant que l’enfant sarhe rejeter le mal et choisir le bien, la terre pour laquelle tu redoutes les deux rois sera dévastée. »

(Trad. Condamin, Le Lii’re d’Isaïe, p. 50, Paris, 1905.)

Sans discuter chaque détail de la prophétie, nous ferons remarquer que, d’après le mouvement général de cette scène, on doit attendre un signe miraculeux. C’est à la maison de David qu’il est promis. Et il renferme le gage du salut que Dieu destine à la race de Jacob ; mais il s’enveloppe de menaces pour le présent, parce que le roi de Juda ne s’est pas montré digne du secours divin, qui Jui était offert immédialemenl pour prix de sa foi en la parole divine.

Le terme employé par le prophète, PINi s’entend ordinairement d’un signe miraculeux, voir Ex., vii, 3 ; /i., XXXVIII, 7.8.22 ; et c’est bien ce que le prophète proposait de par Dieu, en parlant d’un signe dans les profondeurs ou dans les hauteurs. Le signe s’accomplira pour la maison de David, qui a reçu les promesses divines et ne sera point frustrée ; le prophète ne dit pas qu’il s’accomplira pour Achaz. En quoi il consistera, c’est ce qu’il faut renoncera comprendre, à moins d’admettre qu’il s’agit de la maternité d’une vierge, car le contexte ne renferme pas d’autre élément merveilleux. Les Septante se portèrent d’eux-mêmes à cette interprétation, qui est demeurée celle de la tradition chrétienne : ce n’est pas en vain qu’au troisième siècle avant notre ère, à l’abri de toute influence perturbatrice, ils rendirent

l’hébreu HD ? ! ^ P^’"’^ grec T.rj.ç/thi-., , version non équivoque pour laquelle les Pères durent combattre contre la nouvelle exégèse juive des Aquila et des Symmaque, qui voulait lui substituer un terme

moins expressif, v- : 5vi ;. En soi, le mot hébreu nîD’i’i^ n’olïre pas un sens aussi nettement tranché que le

mot n’^in^i lui désigne toujours et nécessairement une vierge. C’est proprement une jeune fille. Mais le dépouillement de tous les exemples connus confirme la traduction des Septante. Au terme d’une élude très précise sur Le sens de’Almah en hébreu, d’après les données sémitiques et bibliques, dans Recherches de science religeuse, t. I, p. 168, Paris, 1910, M. J. Calés écrit : « En résumé, ’Almah en hébreu, comme dans les langues sœurs, signifie proprement jeune fille. Le sens de vierge y est normalement inclus et peut devenir la traduction la plus exacte. Les autres acceptions sont sinon abusives, au moins adventices, et l’on n’a i)as le droit de les présumer. Et donc il est tout à fait inexact, dans un lexique