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PAPAUTÉ

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1* contexte qui précède et qui suit un motif de regarder ces mois comme une allusion à la future défaillance de Pierre durant la Passion et traduisent par l’incidente : quand tu.seras con’erti. Mais la divergence n’importe nullement à la valeur probante du texte quant à la prérogative de Simon-Pierre. D’autre part, certains exégèles attribuent au mol jot, dans le même passage, le sens de confiance, ou plutôt de fidélité, indiqué par le contexte. Mais, loin d’exclure le sens de ciuyaiice au lémoignai ;e divin dont Jésus est le messager, l’idée de confiance en Jésus et de fidélité à Jésus enveloppe nécessairement la croyance aux cboses qu’il enseigne et, d’abord, à la vérité de sa mission divine. Il s’agit donc bien dos périls, que subira la foi des disciples du Christ et du rôle dévolu à Pierre pour les alfermir dans la conservation de cette /bi et de cette vérité. Considéré dans sa teneur essentielle, le texte Confirma fratres tuos est d’une signilioation claire et indubitable.

Le démon va multiplier ses efforts pour ruiner, dans la société des disciples du Sauveur, la croyance à la mission divine de.Jésus et aux autres vérités que contient sa prédication. L’effort de l’esprit du mal pourrait bien ébranler la foi des croyants, leur fidélité au Maître et à sa doctrine. Mais Jésus a spécialement prié, de sa prière toute-puissante, pour que la foi de Simon Pierre demeure intangible, et {à son tour, ou quand il sera converti) Simon-Pierre aura pour tâche de ralTermir, de guider et de conOrrær ses frères dans la /idelite au Christ, dans la croyance authentique à sa mission et à ses enseignements.

Rapprochons le Confirma fratres tuos du texte Tu es Petrus. La tâche de confirmer ses frères dans leur attachement au Sauveur et à la doctrine du Sauveur est manifestement l’un des aspects de la haute prérogative déjà signiUée par la triple image du Fondement perpétuel de l’Eglise, àel » possession des clefs du royaume des deux et du pouvoir de lier et délier par sentence efficace. Le privilège indiqué par le Confirma fratres tuos concerne plus spécialement la charge d’enseigner la doctrine, de maintenir les âmes dans la vérité du Christ. Pour cette tâche, est promise à Simon-Pierre, en vertu de la divine prière de Jésus lui-même, une assistance souveraine qui le préservera d’enseigner l’erreur et lui permettra de confirmer ses frères.

Texte de haute valeur et riche de magnifiques promesses pour la primauté de l’apôtre Pierre, telle que la décrit le Nouveau Testament.

a' Le texte P « sc(" oii'5 meas{Jean, xxi, 15, 16, 17). Pais mesagneaux. Pais mes agneaux, Pais mes hrehis.

TtpoCard you.

L’authenticité et l’historicité du texte sont les mêmes que celles de toutes les autres paroles contenues dans le vingt et unième chapitre de l’Evangile johannique. L’attestation est d’autant plus sûre que les critiques qui attribuent ce chapitre à une autre origine que le Quatrième Evangile ne sont autres que les adversaires de l’historicité du Quatrième Evangile : et, d’après eux, le chapitre additionnel enregistre une tradition analogue à la tradition synoptique, c’est-à-dire antérieure à la composition (artificielle el symbolique, selon leur sj’stème) du Quatrième Evangile et d’un caractère beaucoup plus historique. Outre les arguments qui prouvent, en saine eyégèse, l’authenticité et l’historicité du Quatrième Evangile, notre texte aura donc en sa faveur l’aveu accordé à sa valeur d’historicité par les contradicteurs mêmes des faits rapportés dans ie reste de l’Evangile johannique.

La démonstration qui a été faite, dans l’article Jiîsus-Christ, au sujet de la Résurrection corporelle

de Notre-Seigneur établit combien est abusive et injustifiée la fin de non-recevoir en vertu de laquelle les rationalistes prétendent écarter comme légendaire toute parole de Jésus ressuscité pour le seul motif que les textes (même primitifs) attriliuent cette parole au Sauveur ressuscité. Apriorisme antiscieulilique au premier chef. Le fait de la Résurrection de Jésus est historiquement établi. De même, plusieurs paroles de Jésus, depuis sa Résurrection, sont historiquement attestées. Parmi elles, le Pasce oves meas.

Il n’est pas besoin de longs commentaires pour mettre en relief la valeur probante du texte. Jésus-Christ ressuscité confère à l’apùtre Pierre la charge de régir le troupeau tout entier de ses disciples. Le troupeau tout entier : agneaux et brebis, fidèles et pasteurs de tous les degrés de la hiérarchie, sont placés ensemble sous la houlette du même berger, le prince des apôtres, déjà désigné par le Tu es Petrus el le Confirma fratres tuos. L’emploi de l’image du troupeau pour désigner la société des disciples du Christ appartient déjà au langage évangclique, el, plus spécialement, au Quatrième Evangile, où nous trouvons la touchante allégorie du Bon Pasteur (./(JrtH., X, 14-16). Le tenue Boaxi, 7t51> » cv ! , adopté par Jésus dans notre texte, signifie : dirige, fais paitre (le troupeau), et indique sans contestalion possible la transmission d’un pouvoir de commandement. Bien plus, le mot Tisi/iat » ; est un terme reçu pour signifier l’autorité du chef indépendamment même de la métaphore du pasteur et du troupeau. Dans leNouveau Testament, Troiuxiwi » s’applique souvent au pouvoir royal {.Matth., 11, 6 ; Apoc, 11, 37, xii, 5, XIX, 15) et à la juridiction ecclésiastique {Act., XX, 28 ; I Petr., v, 2).

Conclusion : Pierre est constitué suprême pasteur, chargé de régir, de gouverner le troupeau tout entier des disciples de Jésus-Christ. C’est l’accomplissement de la promesse divine par laquelle le Sauveur lui avait précédemment annoncé une primauté néce^, saiie, perpétuellement transmissible, sur l’Eglise chrétienne, avec pouvoir d’ouvrir et de fermer, comme de lier et de délier, avec mission de confirmer ses frères dans la foi. En un mot, la société visible et permanente des disciples du Christ reçoit un organe visible et permanent de juridiclioa spirituelle et de magistère doctrinal.

Cet organe est la primauté de Pierre el de ses successeurs.

IV. — Les Actes et les Epîtres

1° Les.ictes des Apôtres. — La première partie du livre des Actes nous rapporte l’histoire du christianisme naissant durant les douze années qui suivirent l’Ascension du Sauveur. Dans ces pages, où l’on reconnaît des caractères spécialement frappants d’archaïsme juif et de vérité historique, saint Pierre apparaît sans conteste comme le pasteur principal de la jeune communauté chrétienne. C’est lui qui parle et agit au nom de tous et qui prend l’initiative des démarches décisives. Tous les faits s’accordent aisément avec l’exercice de la hante prérogative que lui attribuent, dans l’Evangile, le Tu en Petrus, le Confirma fratres tuos, le Pasce oves meas. L’histoire primitive de l’Eglise chrétienne vérifie positivement et atteste la primauté permanente de Pierre, prince des apôtres.

Qu’il suffise d'énumérer les diverses mentions du rôle de saint Pierre dans tous les chapitres de la première moitié du livre des Actes, œuvre de l’historien saint Luc.

Entre l’Ascension et la Pentecôte, c’est Pierre qui