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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/863

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1713

PAUVRES (LES) ET L'ÉGLISE

1714

quise deMaignelay, qui, veuve àvingt ans, se consacra aux pauvres de l’Hôlel-Dieu pendant sa vie et leur laissa soixante raille livres à sa mort ; c'élail Mme de Miramion, Mme de la Suze qui pansait les galeux et ensevelissait les morts, la Ogure couverte d’un voile pour qu’on ne la reconnût pas. Puis Mme de Pollalion, Mme de Sainctot, veuve du trésorierde France la baronne de Uenty, Mme de Sclioniberg (née Marie de Hauteforl), Mme Séguier, femme du chancelier, Mme de Lamoignon et la duchesse d’Aiguillon, nièce de Richelieu, qui toutes deux présidèrent la Compagnie après Mme Goussault, Mme de Brienne, Mme de Herse, la princesse de Gondé.mère du grand Condé, la duchesse de Nemours, la princesse Louise Marie de Gonzague, qui devint reine de Pologne. Citons enfin Mlle Legras, la Bienheureuse Louise de Marillac, que saint Vincent de Paul employa à partir de 162g à la visite des confréries, et que Rome a placée sur les autels le g mai igîo (Voir des notices sur dix-huit Dames de la Charité dans P. Coste, Saint Vincent de Paul et les Dames de la Charité, Paris, igi^. Cf. aussi G. Goyao, /.es Dames de la Charité de Monsieur Vincent, Paris, 1918).

Dès 1634, M. Vincent écrivait à Rome à Du Coudray, que la Compagnie se composait déjà de cent vingt dames de la plus haute qualité. Bientôt la Reine elle-même et les princesses de la Cour formèrent une compagnie semblable, à laquelle le saint donna un règlement.

Il s’en forma bientôt dans toutes les villes de France, et à Paris même dans toutes les paroisses entre 1650 et 1660, et l’on prit pour modèle le règlement de la Compagnie des Dames de la Charité de l’Hôtel-Dieu, fondée en 1634, comme nous l’avons dit. Des modèles imprimés furent envoyés dans les différentes villes ; l’un d’eux, qui se trouve à la Bibliothèque de l’Arsenal (nis. 2565), est intitulé :

« Mémoire de ce qui est observé par ta Compagnie

des Dames de la Charité deVIlotel-Dieu à Paris, pour en former d’autres semblables es autres villes du royaume ». Nous trouvons là, indiscutablement, l’influence de la Compagnie du Saint-Sacrement, dont faisait partie saint Vincent de Paul, carnous savons par les Annales de cette Compagniequ’elle fit écrire en 1645 à toutes ses filiales de province pour les exhortera établir dans leurs villes une assemblée de dames semblables à celles de l’Hôtel-Dieu de Paris (Ci". Annales de la Compagnie du Saint-Sacrement, publiées par Dom Bkauchet-Fillbau, p. 20 ; Raoul Allier, La cabale des Dévots, p. 58, et surtout l’article du R. P. Yves db la BniénE, Cabale des Dévots, dans le Dict.Apol.de la Foi Catholique). El en effet l’on retrouve peu à peu dans beaucoup de villes, et à Paris pour la plupart des paroisses, les règlements des Compagnies fondées sur le modèle de celles de l’Hôtel-Dieu, que nous pouvons appeler la compagnie-type. Voir dans P. Coste, o/ ;. cit., à la partie documentaire, divers projets de règlements autographes de saint Vincent de Paul, datant de 1660, c’està-dire postérieurs à ceux dont nous parlons. Les règlements delaCompagnie de Charité de la paroisse Saint- André-des-Arts et ceux de la paroisse SaintEustache, publiés en igoS par la Société des Bibliophiles, datent, en effet, les premiers de 1662, les seconds de 1656. Ceux de Saint-Sulpiee datent également de)652, ceux de Saint-Paul de 1655, ceux de Saint-Germain-l’Auxerrois de 1658.

A titre de spécimen, nous citerons ici le règlement de Saint-André-des-Arts (1652). A la différence des règlements élaborés par saint Vincent de Paul, on y voit que la Compagnie, au lieu d'être présidée par un Prêtre de la Mission, est placée sous la direction lu curé delà paroisse. Etcela même nous l’ait entre voir la fécondité de l'œuvre, qui déborde vite l’action personnelle du fondateur et de ses disciples, les Prêtres de la Mission, mais devient — ou redevient, commeaux siècles précédents — une œuvre populaire, une œuvre paroissiale et par là une (Buvre quasi nationale. D’ailleurs la première compagnie n’avait-elle pas été fondée par le saint, tandis qu’il était curé de Chài.illon-les-Dombes et les Dames n'étaient-elles pas dans sa pensée les auxiliaires du clergé paroissial ?…

I RèCLBMENTS DE LA COMPAGNIE DE ChARITÉDE LA PaBOISSE Dlî SAl.'tT-ANDRli-DES-AKCS, 1652

l.a princi|iale fin de la Compagnie sera de se lier et de s’unir en l’esprit de charité avec son Pasteur pour honorer Jésus-Christ en ses membres qui sont les pauvres, et travuillersous sa bénédiction au soulagement du prochain dans toute l'étendue de la Paroisse,

La Compagnie « era composée des Dames delà Paroisse de toute sorte de conditions, et qui auront assez decharité pour assister les pauvres dans leurs besoins.

L'élection des dames qui seront en office sera fuite & ceitiiins jours, et on limitera le temps durant lequel elles seront en charge, et pourront être continuées selon qu’il seia juj^é à propos par la Compagnie, et la trésorière rendra ses comptes tous les six mois.

Les assemblées se tiendront chez Monsieur le Curé, s’il le juge à propos, tous les derniers dimanches des moi » après Vespres, ou autre jour de la semaine, s’il y a quelque affaire ou empêchement le dimanche ; et pour lors on en advertira.

Monsieur le Curé présidera l’Assemblée et recueillera les voix pour prononcer à la pluralité, ou quelqu’un de Messieurs ses Ecclésiastiques en son absence nommé par lui à cet effet.

Auparavant l’ouverture de l’Assemblée, se fera lecture de quelque livre de piété, pour l'édification de la Compagnie et sa récollection devant Dieu, au cas qu’il y ait du temps suffisamment,

L’Assemblée commencera parla prière du Veni Creator et finira par le psaume Laudate Dominum, omnts génies.

On prendra séance sans distinction de rang et de condition, et celles qui arriveront les premières prendiont les premières places en simpliciié, pour éviter la perte de temps et les cérémonies inutiles.

Le secrétaire fera l’ouverture de l’Assemblée par la lecture de ce qui aura été arrêté en la précédente, et après on escrira les résolutions pour la suivante. Sera observé grand silence et modestieextérieure pendant la séance, et chacune se tiendra recueillie en la [)résence de Dieu pour attirer bénédiction sur les affaires qui se traitt-ront en Assemblée, en laquelle on ne parlera que de celles des pauvres.

Cliacune étant appelée sur le registre rendra compte de sa commission aux ordres de l’Assemblée, et celles qui ne pourront pas venir k l’Assemblée feront leur rapport par billet ou par autrui.

On évitera les interruptions, demeurant à la prudence de Monsieur le Curé, ou de celui qui conduit la Compagnie en son absence, de les faire selon le besoin.

Les rapports se feront succinctement et simplement sans attache, chaleur ni eia^jération, laissant le tout à la [iluralité des voix, pai' laquelle la volonté de Dieu est connue, et à sa Providence de pourvoir aux besoins des pauvres par d’autres voies.

On évitera dans les rapports les circonstances qui poui raient porter scandale au prochain, dont en ce cas le niMu se ntettra au dos d’un billet et, se donnera à Monsieur le Curé.

Les flélibérations seront tenues secrète », pour éviter l’impnrtnnité des pauvres, et afin que l’avis de chacune des Dames ne soit point révélé hors la Compan-nie, ce qui donne autrement sujet aux [lauvres de murmurer contre elles.

Le temps le plus ordinaire du domicile est de six mois pour pouvoir être admis aux charités de la Paioisse, ce qui n’a point lieu lorsqu’il « 'agit de la religion, de l’iionnesteté ou du scandale public, ni à l'égard de ceux qui sont né » dans ladite Paroisse, lorsqu’ils y sont de retour parce qu’elle est toujours leur Mère.

Si quelqu’une des Dames de la Paroisse demande d'être