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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/90

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MARIE, MERE DE DIEU

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Quand elle est parvenue à l’âge de douze ans, les prêtres délibèrent à son sujet, el le grand prêtre, après avoir consulté le Seigneur, décide de convoquer les hommes veufs en Israël pour savoir qui sera l’époux de la vierge. Us accourent, et| cliæun reçoit une baguette. Le grand prêtre recueille les baguettes et pénètre dans le sanctuaire pour prier. Après quoi il prend les baguettes et les rend à ceux qui les ont portées. Joseph reçoit la dernière, et voici qu’une colombe en sort et va se poser sur sa tête. Par où l’on connaît qu’il est appelé à devenir_le gardien de la vierge.

Peu après, le conseil des prêtres décide de faire tisser un voile pour le temple du Seigneur. Marie est désignée par le sort pour hier la pourpre destinée à ce voile. C’est au cours de ce travail qu’elle est visitée par l’ange de l’Annonciation.

Ainsi, à la lin du deuxième siècle ou au commencement du troisième, la fiction s’évertuait-elle à combler les lacunes de l’histoire évangélique, touchant le passé de la Vierge.

L’Ascension d’haie, xi (Trad. E. Tisserand, Paris, I 909), reflète la croyance à la virginité in partit :

..Je vis encore une femme de la famille du prophète David, donl le nom ét.tit Marie ; et elle était vierge et elle était fiancée un homme du nom de Joseph, un artisan, lui aussi do la race el de la famille de David le juste, de lielhloheiu Jde Juda, el il entre en possession de son lot. El lorsi|u’elle fut liancéc. elle se trouva enceinte, et Joseph l’artisan voulut la renvoyer. Et l’ange de l’Esprit apparut en ce monde, el après cela Joseph ne la reuvoy.i pas, el il çaida Marie, mais il n y eut personne à qui il révélai celle artaire. El il n’approcha pas do Marie, et il l.i garda commeune vierge sainte, bien « ju’un enfant tut dans son sein. Et il ne demeura pas avec elle pendant deux mois. Et après deux mois de jours, Joseph se trouvail dans sa maison, ainsi que Marie son épouse, mais tous les deux seuls : et il arriva, comme ils étaient seuls, que Marie regarda alors de ses yeux el vit un petit enfant, et elle fut effrayée. Et après qu elle fut ellrayée, son sein S’î trouva comme précédemment, avant qu’elle eut conclu. El lorsque son époux Joseph lui dil : a Ou est ce qui t’a effrayée ? » ses yeux s’ouvrirent et il vit l’enfant el il loua le Seigneur, car le Seigneur était venu dans son lot. El une voix s’adressa à eux : « Ne dites cette vision A personne ! » et une rumeur courut dans I3elhléhem au sujet de l’enfant, et il y en eut qui dirent ; " La vierge Marie a enfanté avant qu il eût deux mois qu’elle fut mariée. > Et beaucoup dirent : « Elle n’a pas enfanté, et il n’est pas monté de sage-femme, et nous n’avons pas entendu les cris des douleurs. » El tous furent aveuglés à son sujet (de l’enfant), et tous le connaissaient, mais ils ne savaient d’où il était.

La môme conviction se reflète encore dans les Odes de Salomnn (W siècle). (Traduction et introduction par J. Labourt et P. Batifkol, Paris, 191 1.) Cet apocryphe mystérieux, vraisemblablement écrit en grec, nous a été rendu il y a peu d’années, grâce à la découverte faite par M. Rendbl H.^hris d’une traduction syriaque. L’ode xix rend poétiquement le mystère de l’Incarnation :

Une coupe de lait m’a été apportée, el je l’ai hue dans la douceur de la suavité du Seigneur. Le l’ils est cotte coupe, et celui quia été trait, c’est le Père, et celui qui la trait, c’est rEsjiril saint, parce que ses mamelles étaient pleines et il voulait que son lait l’ut répandu largement. L’Esprit saint a ouvert son sein ; il a mêlé le lait des deux mamelles du Père et a donné le mélange au monde, à son insu, et ceux qui le ret ; oivent dans sa plénitude sont ceux qui sont à droite. L’Esprit étendit ses ailes sur le sein de la Vierge, et elle conçut et enfanta, et elle devint Méro vierge avec beaucoup de miséricorde : elle devint grosse el enfanta un fils sans douleur ; el, alin qu il n’arrivât rien d’inutile, elle ne deman la pas de sage-femme pour l’assister : comme un homme, elle enfanta volontairement ; elle [l’Jenfanta en exemple, elle [le] posséda en grande puissance, et [rjaima en salut, el [le] garda dans la suavité, et [le] montra dans la grandeur. AUeluia !

Dans la troisième épître (apocryphe) de saint Paul aux Corinthiens (Actes de Paul, éd.’Vouaux, p. 258, Paris, 191 3), on lit l’aflîrmation de la descendance davidique de Marie :

Notre Seigneur Jésus Christ est né de Marie, qui sort de la semence de David, l’Esprit du ciel ayant été envoyé

u’il I

îlle par le l’ère, afiii (|U il parût dans ce siècle et qi délivrât toute chair par sa chair, el que dans nos corps il nous ressuscitât d’entre les morts, ce qu’il annon< ; a d’avance en en donnant lui-même l’exemple.

Le recueil parvenu jusqu’à nous sous le titre d’Oracles sibyllins, conglomérat indigeste où l’on discerne la trace de diverses mains et de divers siècles, renferme, au livre viii « , plusieurs centaines de vers d’une inspiration évidemment chrétienne : on a de bonnes raisons de les rapporter au temps de Marc Aurèle.’Voir Geffckbn, Komposition und Entstehungszeit der Oracula Sihyllina, p. 38-46, dans Texte und Untersuchungen, XXIU, i, Leipzig, 1902. Nous en détacherons une partie de ce qui regarde la’Vierge.

Oracula Sihylirha, lll, 269-270 ; 357-358 ; 456-475.

Se souvenant donc de ce destin (miséricordieux), (le Créateur)

[ira vers sa créature ;

Fait à rima, ’e (de l’homme), il descendra dans une vierge

[pure.

Il a donné sept ans de jours pour la pénitence

Aux hommes égarés, par les mains d’une vierge pure.

A la fin des temps, il rlescendit sur terre ; petit enfanl. Du sein delà Vierge.Marie, il se leva, nouvelle lumière ; Venu du ciel, il revètU nue forme mortelle. Tout d’abord Gabriel apparut sous un aspect puissant et

[vénérable.

Puis l’archange adressa la parole à la vierge :

« Reçois Dieu, ô vierge, dans ton sein immaculé, n

Il dil, et Dieu insuflla la grâce à la vierge. Mais elle fut saisie de trouble et d’elfroi en entendant. Et demeura tremblante : son esprit était frappé, Son cœur palpitait à ces paroles inou’ies. Puis elle se rassura : son cœur fut guéri par cette voix, Elle sourit virginalernent, la rougeur couvrit sa joue ; Caressée i)ar la joie el touchée en son âme de respect, Elle reprit courage. Le Verbe vola dans son sein, Fail chair enfin el engendré dans ses entrailles, Il prit forme mortelle et fut fait enfant

Par un enfantement virginal : grande merveille pour les

[mortels,

Mais non giande merveille pour Dieu le Père et Dieu le

  • ’[Fils.

Vers le nouveau-né la terre bondit. Le trône céleste sourit, le monde tressaillil.

L’insertion de ces vers nouveaux au recueil des oracles sibyllins explique largement le regain de faveur dont ce recueil devait jouir à l’aurore du qiiatrième siècle.

A plusieurs reprises, Marieestappeléevierge pure, TiKfSsvî ; « /vil. 270, 358, 458, 462 ; — vierge au sein immaculé, 46 1. Une fois seulement elle est appelée par son nom, Marie, 457.

Elle enfante virginalernent, Ttxf^evix’J : tw.îtcî : , 472.

Elle apparaît, non plus seulement avocate d’Eve, comme chez Irénée, V, xix, 1, mais médiatrice du genre humain à qui la grâce de la pénitence est donnée par ses mains, 358. Ceci est nouveau, et très digne d’attention, comme indice de l’orientation des esprits vers l’invocation de la Vierge.

Celle dernière série de documents, provenant de sources mal délinieset parfois troubles, apporte quelques détails peu intelligibles, bizarres ou même suspects ; dans l’ensemble, elle corrobore la tradition de