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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/901

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PENITENCE

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recours à la pénitence. Les meilleurs évêques se sont fait un devoir de mettre à la portée des lidèles ce remède facile du poché ; les meilleurs des fidèles se sont empressés d’aller i)uiser à cette source toujours ouverte de puritication. Les moins bons et les plus coupables s’y sont portés à leur tour comme vers le secours providentiel olfert à leur négli( ; ence et à leur faiblesse. Le pape saint Lko.n, au milieu du v= siècle, déclnre cette pénitence sullisanle. Peu à peu, sous l’inlluence des moines, qui transplantent du cloître dans l’Eglise la pratique de la coulpe ou de l’ouverture de conscience, l’Iiabitude se généralise de recourir aux prêtres, aux prêtres-moines surtout, comme aux guérisseurs infaillibles des maladies morales. A l'époque du pa[)e saint Grégoire tB Grand, la combinaison est en voie de se produire entre l’ancienne et la nouvelle thérapeutique. Mais le choix reste encore ouvert entre les deux. Ce n’est qu’au liout de plusieurs siècles, quand le souvenir des dures expiations primitives a disparu et que les résistances se produisent contre le « moyen court n lui-même, que l’obligation formelle est décrétée. Au ix' siècle, l’on pouvait encore discuter dans l’Eglise sur la nécessité de se confesser ; à partir du xiii « siècle le doute ne reste plus possible : le concile de Latran (1315) prescrite tous les fidèles la confession au moins annuelle.

Telles sont, sur l’origine de la confession, les vues historiques communes — sauf variationsdedélail — aux théologiens protestants du xvi' siècle et à beaucoup des modernes historiens du dogme.

6. — 1° Fins de non-recevoir protestantes. — Pour décliner la portée ou l’autorité des témoignages invoqués par les théologiens ou les historiens catholiques, ils se dérobent derrière le fait que la confession, dont il est question aux premiers siècles,

a) n'était pas l'élément principal et caractéristique de la pénitence (LooFS, Leitfadfn, elc., toc. cit. ; K.MiiLLKR, dans T. /,. Z., iiS97, p. 465) ;

6) n'était pas détaillée (Daillk, cité par NoiiL Alexandre : Dissertatio de sacramentali confessions, I 7 ; — CuKMNiTZ : Examen Concilii Tridentini : de confessione, n" 28) ;

c) était publique, ne portait que sur les fautes publiques, n'était qu’une des voies d’accès à la pénitence publique (Daillé, loc. cit., ^ ! i.b. Il ; Cuemnitz : op. cit., n" 16-28 ; Zezscuwitz : System der cliristl. kirchliclien Katechetik, t. 1. p. ^ôg-^^o) ;

rf) n'était pas immédiatement suivie de l’absolulion (Zrszchwitz : loc. cit. ; Loofs : Lcifaden, § 69, 5) ;

e) n'était pas imposée par l’Eglise à tout le monde ni pour chaque communion (Gaspari, ioc. ci/., p. 533534 ; K- HoLL, op. cit., p. ^67, note 1).

7. — Or tout cela est hors de la question, car l’Eglise catholique ne tient pas :

a) que la confession soit la partie la plus importante du sacrement de pénitence. Le concile de Trente (Session xiv, eh. 3 et 4) enseigne formellement le contraire. Ce sacrement, comme tous les autres, agit surtout, en tant que tel, par la vertu de ce qu’on appelle « la forme », donc ici de l’absolution (in qui præcipua ipsius fis sila est). Mais c’est calomnier les catholi((ues, dit le concile, que de leur attribuer la doctrine d’un sacrement conférant la grâce sans que le pécheur se soit disposé à le recevoir. La contrition, enscigne-t-il au contraire expressément, fut toujours et demeure indispensable pour la rémission du péché ; elle aussi est requise de droit divin (er Dei inslitittinne) et il peut même lui arriver d'être si parfaite qu’elle obtienne à l’homme sa réconciliation avec Dieu avant la réception du sacrement, tandis que la justification du pécheur par le sacrement, antérieurement à un acte de contrition et indépen damment d’un réel détachement du péché, est absolumi’iit inconcevable ;

/') ((ue l'énuiuération des fautes doive être absolument exhaustive et comporte de la part île tous la môme exactlitude et la même précision d’analyse. Tout en demandant des aveux complets, le concile s’en remet à la bonne volonté et à la bonne foi de chacun : il sullit au pécheur d’indiquer les fautes mortelles — connues comme telles par lui, et qu’un examen de conscience loyal et sérieux lui fait revenir à la mémoire. La marge reste donc largement ouverte pour les variations et les inégalités que doivent forcément introduire dans la praticpie les circonstances générales ou |)articulières de lenips et de lieu ou les degrés divers de culture et de délicatesse morales. Les auditeurs de saint AugUï^tin, qui se refusaient avoir un adultère dans leurs relations avec leurs esclaves ou avec des femmes non mariées, devaient se sentir la conscience bien légère ; et de fait, aujourd’hui encore, moins on se confesse, moins on se connaît de péchés à confesser. Les confessions les plus longues ne sont pas celles des plus grands coupables, et il est de doctrine courante qu’un aveu général de culpabilité sullit, en cas d’ignorance, d’impossibilité ou d’absence de fautes caractérisées, à assurer la validité du sacrement ;

c) que la confession sacramentelle ne puisse pas être publique. La doctrine du concile de Trenti- est fort claire sur ce point : il nie que la confession doive être publique ; il n’enseigne pas qu’elle ne puisse point l'être, ni qu’elle ne l’ail jamais été ; il enseigne que la confession secrète n’est pas — comme le prétendaient les protestants — contraire au précepte du Christ ; il n’ajoute pas qu’elle soit la seule à y satisfaire ; elle a toujours été pratiquée, dit-il ; mais il n’ajoute pas qu’elle ait toujours été la seule, ni même qu elle ait toujours précédé ou complété la confession publique. Dans le mode de la confession, des variations ont donc pu se produire au cours des siècles et il importe souverainement d’en faire abstraction quand on recherche les éléments essentiels.

8. — d) que la confession doive se faire sous forme d’acte cultuel, s’accomplir dans un local consacré au culte ou se traduire en formules rituelles. Rien n’est plus étranger même à la conception et à la pratique actuelle. On peut se confesser et l’on se confesse partout : en wagon ou sur la grande route, tout comme dans une cellule de religieu.x ou une salle de patronage. A plus forte raison peut-on le faire dans le ttte à tête d’une visite d’amitié ou d’une explication de siipérieur à inférieur. La manifestation du péché elle même, quand Icprêlre le connaît de par ailleurs, peut se réduire à une parole, moins encore, au geste ou à l’attitude qui en sollicite ou en accepte le pardon. Demander l’absolution, c’est alors éqiiivalemment se confesser. Ainsi le scliismatique et l’apostat confessent sullisamment levir faute, qui, après plusieurs années d'éloignement ou de rébellion, viennent à résipiscence et sollicitent de l'évêque leur réadmission dans l’Eglise. Il est des situations et des professions qui en disent plus sur l'état moral des âmes que de longues énum^rations. Si mon ami, ((uoique répugnant encore à la confession, me raconte néanmoins te détail de sa vie, je n’aurai pas ensuite, s’il accepte de recevoir le sacrement, à lui faire réitérer son récit : la confidence amicale, dès là qu’elle est ordonnée à l’absolution, devient confession sacramentelle. Et ces queUpies exemples, empruntés à la pratique actuelle, sufiisent, je pense, à montrer que la confession peut et a pu trouver place dans l’administration de la pénitence, sans pour cela s’accompagner d’aucun appareil liturgique. Il serait bonde se le rappeler, lorsqu’on recherche les