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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/94

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MARIE, MKRE DE DIEU

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en former l’animal essentiellement raisonnable, sans le concours d’une semence.

Le PsEUDOCLÉMBNT, Ep. I ad l’irgines, 6, P. G., I, 392, souligne la réalité de la maternité virginale :

Les entrailles delà vierge sainte ont porté Notre Seignei.r Jésus Christ, Fils de Dieu ; le corps que Notre Seigneur revêlit, et avec lequel il supporta les épreuves de ce monde, il l’avait pris de la vierge sainte.

Adamantius, De recta in Deum Jide, s. iv, P. G., XI, 1844B, alTirme sa foi au Verbe incarné de l’immaculée vierge, àrri à.ypoa/To-j -nv.^dimj :

Le Verbe de Dieu descendit pour prendre la nature humaine dans le sein de l’immaculée vierge Marie ; et le Christ nait sans le commrrci- d’un homme ; prise de.Marie par l’Esprit saint, son humanité endura toutes les souffrances humaines pour sauver l’homme.

Lactance n’est pas un docteur, mais c’est un témoin éloquent de la foi. Il écrit, Divin. Jnstit., IV, xii, />. /.., VI, 478 B :

Descendant du ciel, cet Esprit saint de Dieu fit choix dune vierge sainte pour pénétrer dans ses entrailles. La vierge, ayant reçu l’Esprit saint, conçut sans le concours d’un homme…

Lactance allègue ensuite, parmi des textes de l’A. T., un texte qu’il attribue à Salomon : ce texte s’est retrouvé de nos jours dans une Ode du Pseudo-Saloraon, et a permis d’identifier tout le recueil. Voir ci-dessus, col. 167.

Au reste, Lactance aime à recueillir un peu de toutes mains les témoignages en faveur du christianisme : par exemple, il cite abondamment les Oracles sibyllins.

C’est un trait fort curieux de ces premières généralions chrétiennes, que l’empressement commun des lettrés à chercher dans les œuvres païennes des anticipations plus ou moins distinctes de l’Evangile. Empressement malheureux, osons le dire, quand il se tourne vers la littérature des sibylles, et, sans paraître y soupçonner la supercherie, fait crédit à ces prophétesses fabuleuses, de lumières surnaturelles sur les temps évangéliques. Déjà le deuxième siècle avait donné cet exemple, mais beaucoup plus timidement (voir Ju.sTiN, 1 Ap., XX. xliv ; Tatibn, Or. adx Græcos, xLi ; Athknagore, ie^ntio, xxx ; Thkophilk d’Antiochk, Ad Autolyciim, II, m. xxxi. xxxvi. XXXVIII ; CLKMB^T d’AlÈxandbik, Strom, , III, m ; VI, y ; Tertullikn, II Ad Aationes, xii ; Apologeticiim, xix ; De pallin, n). Cklsb avait raillé chez certains chrétiens ce recours aux sibylles. Voir Origkne Contra Celsiim, V, lxi, P. G.. XI, la^^C. Au troisième et au quatrième siècle, la sibylle obtient plus largement droit de cité chrétienne ; d’autant que son recueil s’était accru récemment de soi-disant oracles, étroitement apparentés à l’Evangile.

Dans la composition qu’EusÈBB nous a conservée sous ce titre : Discours à rassemblée des saints, et qu’il attribue à l’empereur Constantin, l’auteur se montre adepte enthousiaste de la sibylle d’Erythrée. Il lui attribue un acrostiche dont les lettres initiales forment en grec les six mots : Jésus-Christ. Fils de Dieu. Sauveur. Croix : ’Ui’.ùi. Xpiir-^i. © « û. Vi’i ;.’S.’ji-nip. ST « u/30 ;  ; il assure que Cicéron lui-même a recueilli et traduit cet acrostiche. La sibylle de Cumes ne lui paraît pas moins admirable en ses anticipations du christianisme : n’a-t-elle pas inspiré à Virgile son églogue fameuse (iv), où il annonce la venue du Christ par ces vers :

Voici venir lei derniers temps marqués par l’oracle de 1.Il longue série des siècles recommence, [Cumes :

Voici revenir la Vierge, revenir le règLe de Saturne, Voici descendre du ciel une race nouvelle. A reniant nouveau-né, qui éliminera la généralion de fer Et suscitera par tout le monde une génération d’or (Faites accueil)…

Soiis le voile de l’allégorie, l’orateur impérial n’hésite pas à reconnaître dans les vers de Virgile toute la carrière du Sauveur prédite, à commencer par la conception virginale. Oratio ad sanctorum coetum, xviii xxi ; surtout xix, P. G., XX, 1292.

La piété chrétienne, qui depuis longtemps saluait Marie dans la gloire, n’attendit pas le quatrième siècle pour recourir à ses suffrages. Comme on honorait la mémoire des martyrs en offrant le saint Sacrifice sur leurs tombeaux et en sollicitant leur intercession près de Dieu, surtout en leurs jours anniversaires, on avait dû songer de bonne heure à la très excellente médiation de Marie. Pourtant, il faut avouer que les traces d’une invocation positive sont presque imperceptibles dans la littérature mariale des quatre premiers siècles.

Saint GniiaoïnB de Nazianzb montre une vierge, en péril au temps des persécutions, invoquant Marie pour la défense de sa chasteté, et sauvée par son intercession. Oratio xxiv, Il sqq., In laudem S C}priani, P. G., XXXV, 1181 sqq. Cf. H. Delehaye, Les origines du culte des martyrs, p. 134, Bruxelles, 1912. On trouverait à cette date fort peu de textes semblables.

Beaucoup plus abondantes sont les attestations monumentales du culte rendu à Marie dès les premiers siècles de l’Eglise.

La plus ancienne des Catacombes romaines, celle de Priscille, renferme à elle seule plusieurs peintures de la Vierge, dont l’une, au jugement d’une critique indépendante, remonte aux premières années du deuxième siècle. Marie est assise, avec l’Enfant Jésus sur ses genoux ; devant elle, un homme debout montre une étoile : c’est sans doute un prophète. Ailleurs, Marie présente Jésus à l’adoration des mages ; les catacombes de Domitille, celles des saints Pierre et Marcellin, de Calliste, ont conservé de ces images, reliques de sa piété du troisième ou du quatrième siècle. L’attitude majestueuse de la Vierge suggère l’idée de sa dignité éminente et de soncr édit auprès de Dieu..( Le symbolisme des peintures cimitériales est indéniable, et… il faut chercher son explication dans les prières liturgiques. Eefrigeret tihi Domnus Ippolitus, dit une inscription. Si l’on n’a pas encore trouvé la formule : liefrigeret tihi Domna Maria, ele est évidemment traduite par ces images. » Marvcchi, Eléments d’urch. chr., t. I, p. 321.

Voir ci-dessus l’article Catacombes, t. 1, p. 4^7 ; i>E Rossi, Immagini scelle délia heata Vergine Maria traite dalle Catacombe romane, Roma, 1863 ; surtout WiLPERT, Roma sotterranea. Le pilture délie Catacombe romane, Roma, igoS ; H. Maruccbi, Eléments d’archéologie chrétienne, t. I, p. 315-321. Paris-Rome, 1900-1903.

En général, sur cette période, on peut lire E. Xeubert, Marie dans l’Eglise anténicéenne (thèse de l’Université de Fribourg, Suisse), Paris, 1908.

2° Du concile de Nicée (325) au concile d’Ephèse(431).

A partir du concile de Nicée, la littérature christologique devient si abondante qu’il faut renoncer à mentionner tout ce qui s’est dit de notable sur Marie. Obligés de faire un choix parmi les témoins de la tradition ecclésiastique, nous nous bornerons à quelques hommes représentatifs. Ce seront, pour