Aller au contenu

Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/317

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

621

REFORME

622

dont la réalité se traduisait en fruits de sainteté et de conversion avec sainte Thérèse, saint Charles Horromée, saint Philippe de Néri et tant d’autres. Un certain nombre de théologiens luthériens reprirent goût à la dévotion traditionnelle et à la mystique du moyen âge. On vit apparaître, dès la tin du xvi* siècle, quantité d’ouvrages d’inspiration luthérienne, qui reprenaient la langue et le style d’un ïauler, d’un Thomas a Kempis ou de cette théologie allemande, que Luther lui même avait tant appréciée. C’était le piétismequi s’ébauchait. Le précurseur du mouvement fut Johann Arndt, né à Ballenstedt, au comté d’Anliait, en 1555. Devenu pasteur à Brunswick, Arndt publia, en 1500, le premier livre de son Vrai christianisme (vter Biichern vom wahren Christenthum). Il définissait son but en ces ternies : « d’abord détourner les étudiants et les pasteurs de cette théologie étroite et batailleuse qui menace de nous ramener à la scolastique ; ensuite, conduire les âmes de la foi morte à la foi vivante, de la science pure et delà théorie aune piété pratique et féconde ; montrer enfin ce que c’est qu’une véritable vie chrétienne, inséparable delà vraie foi.etce que signitie cette parole de l’Apôtre : Je ne vis plus, mais Christ vil en moi.’»

Arndt rencontra du côté de sa propre Eglise une opposition acharnée. On l’accusait de toutes les hérésies. Un prédicant de Dantzig, Jean Corvinus, disait de lui du haut de sa chaire, après sa mort, survenue en ibai : « Que Satan le récompense de ses ouvrages ; pour moi, je ne voudrais pas aller après ma mort là où est Arndt. »

L’œuvre d’Arndt marque un tournant important dans l’histoire intérieure du luthéranisme. Désormais les œuvres, que tant de fois on avait déclarées dangereuses, sont remises à leur place, qui est la première de toutes. Le piétisme aura même une tendance à regarder comme insignifiantes et insolubles les discussions doctrinales et à prêcher ce que Kant,

— le philosophe du piétisme — appellera le primat de la raison pratique sur la raison pure, de l’action tur la croyance, de l’amour sur la foi.

Le vrai fondateur du piétisme fut Philippb-Jacques Spbnch, un Alsacien de Ribeauvillé, grand admirateur d’Arndt. C’est lui qui commença à réagir pratiquement contre le formalisme luthérien en organisant, à Francfort, des Collèges de pieté (d’où le nom de piété tes, sobriquet dont on désigne ses partisans). Bientôt d’ardents disciples lui vinrent : A. H. Franckb, P. Anton, Sp.hadb, etc. Quand Spener mourut, en 17<>5, le mouvement était lancé. Il ne devait plus s’arrêter, Mais toute la honne volonté et tout le mérite de Spener n’empêchèrent point sa secte de tomber d’un excès dans un autre. L’orthodoxie luthérienne aboutissait presque à l’indifférentisme moral, le piétisme aboutit très vite à l’indifférentisme théologique et au rationalisme intégral. Chez Kant, l’évolution estachevée. L’existence même de Dieu est indémontrable. La croyance en Dieu est un postulat de la morale. Avant d’en arriver là, le piétisme avait passé par le ûdéisme absolu. On peut ramener à trois les principes de la théologie piétiste, au début du xvm » siècle :

I. Un vrai théologien doit être régénéré. La théologie d’un non-régénéré n’est qu’une philosophie appliquée aux choses divines, un rationalisme pur, d’autant plus choquant qu’il s’exerce en matière sacrée. Toute philosophie doit au contraire être bannie de la dogmatique. Celle-ci ne s’appuie que sur l’Ecriture et ne reconnaît aucune autre autorité. — a° Par la régénération, la volonté de l’homme, contrairement à ce qu’enseignait Luther, est de nouveau inclinée au bien. L’illumination de l’intel ligence est chose secondaire, la transformation do la volonté par l’Esprit saint est seule primordiale. — 3° Un régénéré ne peut plus agir ([lie pour la gloire de Dieu et du Christ. Il n’admet pas qu’il y ait des actions in28). — Jean Calvin naquit à Noyon, en Picardie, le 10 juillet 1501j. Par son père, Gérard Cauvin, comme par sa mère, Jeanne Lefranc, il appartenait à un milieu bourgeois, et l’on se plaît à expliquer ainsi les nuances appréciables qui sépareront l’Eglise t réformée », dont il sera le fondateur, de l’Eglise

« évangélique », établie par Luther, (ils d’un rustique

mineur Saxon.

Cependant les Cauvin n’étaient sortis que depuis peu du milieu ouvrier. Le grand-père Cauvin était tonnelier à Pont-l’Evèque. Deux de ses fils étaient établis, comme serruriers, à Paris. Gérard Cauvin, le père du réformateur, était le premier de sa famille qui se fut élevé à une carrière libérale.

Il s’était fixé à Noyon autour de 1 ^80. Il y devint t notaire apostolique, procureur fiscal du comté, scribe en cour d’église, secrétaire de l’évêché et promoteur du chapitre ». Il avait de la sorte plus d’une