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RÉFORME

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es cloistres etmonastères que [qui] sont soubs votre charge et office, et à tous prestres.prevosts, doyens, chanoines, curés, vicaires, chappelains, abbés, prieurs, moennes, nunins [religieuses], et toutes autres personnes appelées d’Eglise, de notre part fassiez exprès commandement de soy incontinent dépourler de toutes cérémonies, sacrifices, offices, institutions et traditions papistiques, et de toutellenient [totalement] cesser d’ycelles, entant qu’ils désireront d’éviter notre maie grâce et griefve punition ; aussy vous expressément recomiuandant sans dilution abatte toutes images et idoles, aussy les autels estans dans lesdites églises et monastères. » Ces mesures furent exécutées immédiatement.

Les pasteurs Caroli et Viret furent envoyés à Lausanne. Un Edit de re formation, du 24 décembre » 530, vint réduire les dernières résistances du clergécatholique.

Encouragés par ces succès, Farel et Calvin avaient proposé, dès le 10 nov. 1 536, des « articles sur la discipline ecclésiastique ». Il s’agissait surtout de détruire les images, et d’obliger tous les citoyens à assister au prêche protestant. Le projet fut adopté. Les ministres firent donc un pas de plus et présentèrent, le 13 janvier 1537, au Conseil de la cité, un mémorandum, où l’organisation du culte protestant prenait sa forme officielle et définitive : police de

« laSaincte Cène », chant des psaumes, instruction

chrétienne des enfants, discipline des mariages.

Cette fois encore Calvin et Farel obtinrent ce qu’ils désiraient. Le Conseil des Deux- Cents accepta leur projet, le iG janvier, avec de légères modifications .

Les élections du 4 février furent favorables aux ministres. Le 17 février parut l’ « Instruction etConfession de Foi dont on use en l’Eglise de Genève », sorte de Catéchisme rédigé par Calvin, d’après ^Institution chrétienne. S’avançant toujours davantage et resserrant, pour ainsi dire, leur étreinte sur la ville, Calvin et Farel imaginèrent alors d’extraire de l’Instruction une Confession, qui serait imposée à tous les citoyens, sous le titre suivant : Confession de la Foi, laquelle tous bourgeois et kahitans de Genève et subjects du pays doibvent jurer de garder et tenir (Opéra Calvini, XXII, 84 et s.). Cette fois, Genève commença à s’étonner, et une opposition se dessina contre les Réformateurs. A vrai dire, les magistrats municipaux avaient imposé depuis le Moyen Age des règlements que notre époque jugerait bien sévères. Mais on pouvait trouver surprenant que des étrangers, tels que Farel et Calvin, eussent la prétention de gouverner le pays et d’établir une tyrannie ecclésiastique, alors qu’on venait à peine de secouer la domination de l’Eglise romaine, infiniment moins oppressive que la leur.

Le Conseil passa outre cependant aux objections et aux murmures. Il fit expulser les Anabaptistes, qui menaçaient Farel, et déposer Caroli, qui l’accusait d’arianisme, aussi bien que Calvin. Il rendit obligatoire la Confession de foi, par décret des 28 et 29 juillet, prononça, en septembre et novembre 1 037, la peine de bannissement contre ceux qui la repousseraient. Cependant l’opposition grandissait. De notables citoyens refusaient de jurer la Confession de foi. Merne les appuyait. Au début de 1538, le Conseil des Deux-Cents décida que les ministres ne pourraient refuser la Cène aux opposants. C’était un grave échec pour Calvin. Les élections du 3 février 1538 furent défavorables à son parti Le Conseil des Deux-Cents vota, le 1 1 mars, la résolution suivante : « que l’on doyve advertir les prédican qu’ils ne ce meslepoënde la politique, mes qu’ils preschent l’évangile de Dieu… Plus, de vivre en la

Parolle de Dieu, joste [suivant] les ordonance de Messieurs de Berne i. Le lendemain le Conseil récidive :

« L’on azdelTendu az M « G. Farel et M 8 Calvinus

de poen se mesler du magistrat. »

Entre la liturgie de Berne et celle de Calvin, la principale différence était en ceci, que Berne maintenait l’usage du pain azyme, tandis que Calvin usait, pour la Cène, de pairt fermenté.

Calvin n’était pas homme à céder, même en si petite matière. Le Conseil eut beau insister, ni Farel ni Calvin ne voulurent se soumettre.

Les Registres du Conseil général de Genève portent, à la date du 23 avril 1538, lamention suivante :

« Touchant de Farel et Calvinus… laz plus grand

voys az arresté qu’ils doyjent vuyder laz ville dans troys jours prochaien. » — et ceux du /’etit Conseil ajoutent : « M. le Soultier est aller fère commandement az Me G. Farel et az Calvinus de non plus prescher dans laz ville et laz absente dans troys jours prochaien comment az esté resoluz en gênerai. Surquoy on respondus les dits predicans : « Est bien ! az laz bonne heure 1 Si nous heussions servy les hommes, nous fussions mal recompenser : mes nous servons ung grand maystre que nous recompenseraz

  • . » Gilvinus az respondus cecy dessus.

M" Farel ausy azresponduz : a Az laz bonne heure I et bien de par Dieu ! »

VIII. Calvin, maître de Genève (1541-1564). — Malgré l’intervention du Synode de Zurich (29 avril, 4 mai 1538), et même celle de Berne, Calvin et Farel avaient dû renoncer à leur poste a Genève. Le 23 juillet, Farel se retirait à Neufchàtel, où, si l’on excepte une audacieuse tentative à Metz, en 1 542- 1 543, il demeura jusqu’à sa mort, le 1 3 sept. 156 ; ">. Calvin, de son côté, se rendit à Strasbourg, sur l’invitation de Bucer. Il y devint, le 8 septembre, pasteur des réfugiés français, puis professeur de théologie, payé par la ville (1.539). ^ y publia la seconde édition, très augmentée, de son Institution (i’r août 153g), son Commentaire de VEpltre aux Romains (1540), sa fameuse Réponse à Sadolet, dont nous avons cité plus haut un important passage. Le Conseil de Genève fut si frappé de cette Réponse, qu’il en ordonna l’impression (30 janvier 1540). Un revirement s’opérait dans la ville. Les Guillermins (partisans de Guillaume Farel) reprenaient pied. Les élections du 8 février 1540 leur furent favorables. Le 5 juin, les principaux adversaires des ministres exilés furent condamnés à mort. Le ai septembre, Ami Perrin, chef des Guillermins, fut ofiiciellement chargé « de trouver moyeant si pourroyfere venyr H* Caulvin » (Op. Calvini, XXI, 260). Les trois Conseils de la ville adressèrent, le 22 octobre, une lettre pressante à Calvin, pour la prier de revenir. Mais il se rendait alors au colloque de Worms. Un peu plus lard, il assista encore à celui de Ratisbonne (27avril-25 mai 1540- U eut l’art de se faire longtemps désirer. Plus il retardait son retour, plus on brûlait de le posséder. Il fallut encore des menaces imprécatoires de Farel et de Bucer pour le décider. Bucer n’allait-il pas jusqu’à lui prédire le destin de Jonas, s’il s’obstinait dans son refus I (voir Op. Calvini, XXXI, 25). Les pasteurs de Zurich lui envoyaient aussi leurs exhortations (4 avril 1541). Habile jusqu’au bout, Calvin rentra le 13 septembre 1541. à Genève, mais en présentant des lettres des magistrats de Strasbourg, qui réclamaient son retour dans cette ville. En même temps, il posait ses conditions en vainqueur. Il exigeait la nomination de commissaires, chargés de conférer avec lui pour établir dans la

1. Elrnnge langage dans la bourbe d’un théologien qui nie le mérite et les bonnes œuvres !