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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/339

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REFORME

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s’appuya résolument pendant tout son règne sur l’Eglise anglicane. Il avait les évêques sous sa dépendance, puisqu’il les nommait directement. Il était ainsi le chef spirituel, aussi bien que le chef temporel île la nation. Luttante Commission, sur laquelle’appuyaient les évêques, s’appuyait à son tour sur l’autorité royale. L’Eglise anglicane en vint ainsi à soutenir de toute son influence la monarchie absolue. Les meilleurs auxiliaires du roi furent les archevêques de Cantorbéry : l’énergique Wiiitgiit, jusqu’en iOo’i, puis son disciple Bancroft, morten 1610, i-iWin Ahbot, qui fut, plus que ses prédécesseurs, un instrument entre les mains de Jacques I er. Les Puritains, comme le souverain, portèrent bientôt la lutte sur le terrain politique ; ils firent cause commune avec les parlements successifs et la petite noblesse qui voulait un gouvernement constitutionnel. Tout le règne de Jacques I 1’1’est une longue luttecontreles Puritains et les dissidents catholiques.

2° Jacques I’contre les Puritains. — Les Puritains tout d’abord espérèrent beaucoup du nouveau roi. En avril iO >3, comme il se rendait d’Ecosse à Londres, il reçut d’eux ce qu’on a appelé « La pétiton des mille ministres », qui réclamait une conférence pour modifier le Pra ver book et certaines cérémonies. Malgré l’opposition des universités de Cambridge et d’Oxford, le roi réunit une conférence à Hampton Court.janvier i Go’,.Jacques s’aperçut bien vite que les Puritains poursuivaient en réalité l’abolition de l’épiscopat et l’établissement d’une Eglise presbytérienne. Il avait, en Ecosse, appris à détester les presbytériens, et commenta fortement à ses auditeurs désemparés sa maxime favorite : « Supprimer les évêques, c’est supprimer le roi. » Cependant, il permit et approuva quelques légères modification ; au Prayer book. La Conférence s’occupa aussi de la version anglicane de la Bible et du misérable état du clergé, dont les biens avaienl été largement pillés par les souverains successifs et les grands propriétaires terriens.

Le Parlement, réuni en mars 1604, essaya, à plusieurs reprises, déréglementer les affaires et la discipline ecclésiastiques ; le roi le lui interdit. La convocation du clergé, réunie en même temps, publiait, avec l’assentissement du roi, les canons de 1604, dont le but était d’affirmer l’autorité de l’Eglise anglicane et de promouvoir un peu de décence dans les cérémonies ; ainsi, les fidèles devaient s’agenouiller pour communier et le ministre revêtir le surplis et la chape. Les canons demandaient l’acceptation formelle de la Suprématie royale sur l’Eglise, du Prayer book et des xxxix Articles.

L’opposition à ce triple serment grandit très rapidement dans les grands centres puritains, en particulierdansles comtésdeLeicester.deLancasteretà Londres. Le conseil ordonna aux évêques de sévir. Malgré les efforts de Bancroft et de ses collègues pour les amener à se soumettre, un certain nombre de pasteurs refusèrent et furent privés de leurs fonctions. L’influence et le nombre des Puritains avaient grandi au point que les pasteurs privés de leurs fonctions présentèrent une protestation au Parlement de 1605. La Chambre des Communes leur fut favorable, mais les Lords se prononcèrent pour les évêques, qui se montrèrent tolérants, et l’afTaire en resta là pour le moment.

Les années qui suivirent furent remplies du bruit des controverses de Lancelot Andrewes, évêque de Chichester, contre Bellarmin et Haronius.de quelques députés puritains contre les cours ecclésiastiques et la Haute commission, qui furent défendues par’es évêques, puis par le roi. Le dernier grand acte de Bancroft fut le rétablissement de l’épiscopat en

Ecosse, vivement désiré par le roi. Il avait été aboli sous l’influence de Knox.

Le nouvel archevêque de Cantorbéry, Abbol, avait été le chef des Calvinistes à Oxford ; cependant les Puritains l’accueillirent mal, et les discussions relatives à la Hante Commission, aux cours ecclésiastiques recommencèrent aussitôt. Quelques hérétiques de peu d’influence furent brûlés, malgré l’avis contraire de la Haute Commission. Abbol n’était pas populaire ; leroi devenait suspecta toute une portion de ses sujets parce qu’il intervenait constamment dans les conflits entre ecclésiastiques et séculiers, et presque toujours en faveur de l’Eglise. Comme les puritains devenaient très forts à la Chambre des Communes, le conflit entre le roi et les députés s’exaspérait. Le nouveau Parlement, qui se réunit le 3 avril ibi^, était franchement hostile au souverain et à l’Eglise officielle, aussi bien qu’au papisme. Les députés décidèrent de recevoir en corps la commission et d’exclure du parlement ceux qui ne communieraient pas. Les querelles entre les deux chambres devinrent si scandaleuses qu’au mois de juin le Parlement fut dissous par le roi. Jacques attendit sept ans avant d’en réunir un nouveau. Le nouveau Parlement, moins acharné que les deux précédents contre la couronne, se montra, tout aussi violent contre l’Eglise officielle et les catholiques, et fut rapidement dissous.

Le Parlement de t6a4 ne fut pas différent des autres. Pendant ce temps, les Puritains essayaient de donnerau dimanche toute l’austérité que les Juifs avaient donnée au Sabbat. Mais ils étaient allés trop loin ; les fidèles commencèrent à protester contre leur haine des libertés innocentes, et contre leurs prédications déprimantes, où il n’était question que d’élection, de prédestination et de réprobation. Ce mouvement de rébellion contre le Calvinisme prit naissance à Cambridge et s’appela VArminianisme ; il devait ce nom au professeur de Leyde, Jacob Afimtnius, qui avait protesté contre les exagérations des disciples de Calvin. Au milieu de ces luttes, les âmes vraiment religieuses, sous l’impulsion et l’exemple de Lancblot, auteur du petit volume des a Prières privées », essayaient de ramener un peu de piété dans l’Eglise anglaise.

3° Jacques I er contre les dissidents catholiques. — En souvenir peut-être de sa mère catholique, l’infortunée Marie Stuart, Jacques montra d’abord une certaine bienveillance aux dissidents catholiques. Il avait répondu en termes courtois à la pétition que les laïques catholiques lui avait présentée à son arrivée en Angleterre, demandant la liberté du culte privé, et promit de ne pas lever la lourde amende de 20 livres par mois qui frappait tout catholique ne fréquentant pas l’église anglicane de sa paroisse.

Les dispositions royales changèrent après la découverte du complot d’un prêtre séculier, William Watson.qui fut dénoncé par l’arcbiprêtre Blackwell lui même et par le supérieur des Jésuites, Gérard, après surtout le complot avorté, mais plus sérieux, de lord Cobham, de lord Grey et de sir Walter Baleigh, qui furent envoyés à la Tour. Le roi fit des concessions aux laïques catholiques, mais se montra impitoyable à l’égard des prêtres, qui lui étaient suspects à cause de leur éducation étrangère et de leur prosélytisme. Une proclamation du 22 février 160^ ordonna à tous les prêtres séculiers ou Jésuites de sortir de l’Angleterre avant le 19 mars. Les bannis répondirent par une pétition pathétique. Ils demandaient à prouver, dans une discussion publique, qu’ils étaient de loyaux sujets. Ils ne reçurent pas de réponse. A la veille de l’ouverture du Parlement, une deuxième pétition eut le même sort. Cependant Jac-