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REFORME

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Cependant l’esprit puritain ne pouvait se résigner à une telle renaissance de pratiques abhorrées : Lui aussi l’ait appel à des textes du Prayer Book. Il s’organise puissamment dans les milieux Lon Church ; Lord Slîaftesbury en est le chef ; la Church Association, l’ondée en 1865, en forme l'état-major. On entrave le culte ritualisle par toutes sortes de manifestations tumultueuses, puis par des poursuites légales. Après diverses escarmouches, qui font éclater le courage des ritualistes et l’impuissance des juridictions ordinaires à les abattre, on se décide à forger contre eux une arm.e spéciale. C’est le Public Worship Régulation Act, adopte le 7 août 1 87^. sur l’initiative du primat anglican Tait. Il s’ensuit une recrudescence de mesures vexatoires : amendes, suspenses prononcées contre les ministres réfractaires, parfois emprisonnements. On n’arrive point à lasser la résolution des ritualistes, qui bientôt passent devant l’opinion publique pour des victimes. Une sorte d’auréole s’attache aux persécutés. Avant de mourir (fin 1882), Tait a le temps de constater l’inutilité de la campagne entreprise et de regretter l’odieux qui en rejaillit sur l’Etablissement anglican. Son successeur Benson essaie d’une autre politique. Comprenant qu’on l’ait fausse roule en traduisant les rebelles devant des juridictions séculières qu’ils reconnaissent de moins en moins, il accepte de faire personnellement acte d’autorité dans {'affaire de l’evéqæ de Lincoln, dénoncé pour pratiques romanisantes. Après avoir l’ait reconnaître (26 juin 1888) son autorité par le Conseil privé de la reine, il prononce (21 nov. 1890) une sentence très étudiée, très nuancée, qui consacre une partie des revendications ritualistes, en écartant l’autre. Cette sentence, que le Conseil privé ratifie (2 août 18(j2), clôt l'ère des poursuites judiciaires pour cause de délits liturgiques. Voir, sur le Lincoln case, Tnureau-Dangin, t. III, p. 4y4-506.

La question des Ordinations anglicanes, occasion pour de nombreux anglicans et quelques catholiques d’illusions généreuses et d’une amère déception, au cours des années 1895-96, 8 été ci-dessus l’objet d’un article spécial, où l’on a mis en lumière le vice originel de la Hiérarchie, instituée au temps d’Edouard VI avec le dessein formé d’exclure ce qui constitue l’essence du sacerdoce chrétien.

Un coup diversement ressenti fut le désétablissement des diocèses de Galles, accompli en 1920 sous l’influence de M. Lloyd George ; préface d’autres changements.

Deux événements récents feront époque dans l’histoire de l’anglicanisme : la mise en vigueur de VEnabling Act et la Sixième Assemblée de Lambeth.

VEnabling Act, devenu loi du royaume le 29 décembre 1919, répond au vœu, depuis longtemps formulé, de donner à l'élément laïque une part dans la direction de la vie religieuse. D’une part, il consacre une certaine indépendance de la société religieuse au regard du Parlement et du pouvoir civil ; d’autre part, il reconnaît aux laïques le droit d’intervenir dans les affaires de l’Eglise, par la constitution de conseils de de paroisse, de doyenné, de diocèse, enûn d’une Assemblée nationale. Est électeur, pour la constitution de ces assemblées, toute personne (sans distinction de sexe) baptisée, âgée de dix-huit ans, et déclarant adhérer à l’Eglise d’Angleterre. — Ce bill devait trouver un accueil particulièrement froid dans les sphères de la Haute Eglise. Si tel membre marquant de la Basse Eglise lui a fait une opposition acharnée, c’est de peur d’une réaction qui pourrait jeter dans les bras de l’Eglise romaine les lidèles désabusés de l’anglicanisme. - Voir F. Datin, Le régime démocratique dans l’Eglise anglicane. Etudes, t. CLX1V, p. 156-16g, 20 juillet 1920.

La Sixième Assemblée de Lambeth quillet-août 1920) a voulu être une réunion plcnière de Pépiscopat anglican. Plus de trois cent soixante prélats avaient été invités ;-ib-x y prirent part effectivement, huit commissions y furent établies : la 1™, la 1" et la G* étudièrent les problèmes politiques, économiques et sociaux du temps présent : Société des nations, capital et travail, prostitution, mariage, divorce. Les 3e, 4*. &', 7e s attachèrent aux questions religieuses : développement des provinces, ministère féminin dans l’Eglise, spiritisme, etc. La 8' donna une attention spéciale au problème de la réunion des Eglises. Voiries Actes officiels, Conférence of Bishops of ihe Anglican Communion : Encyclical Letter from the Bishops, with the Resolutions and Heporls. Londnn, Society for Promoting Christian Knowledge. 192c — F. Datin, L’Anglicanisme et les problèmes du temps présent, Etudes, t. CLX.VII, p. 280-29.5 ; (a5-438 ; 5 et 20 mai 19a 1.

Sur le protestantisme irlandais, tout entier d’importation anglaise et résolument low Church, lire L. Paul-Dubois, L’Irlande contemporaine et la question irlandaise, III" partie, eh. iv, p. /j4*j-4<>o, Paris, 1907.

La province ecclésiastique de l’Inde (Cey lan et Birmanie comprise)compteun siège métropolitain, Calcutta, fondé en 184 1, et douze évêchés. En vertu de VEnabling Act, elle vient de réclamer son autonomie, quant au dogme et à la discipline. Cette demande, qui est une manifestation, entre beaucoup d’autres, de l’esprit séparatiste — « l’Inde aux Indiens », — ne laisse pas de créer de graves soucis à l’Etat anglais, accoutumé à voir les évêques de l’Inde désignés par lettres patentes de la couronne, et à l’Eglise anglicane, menacée de voir un primat autonome se dresser en face du primat de Cantorbéry. Voir Nouvelles religieuses, 15 août et i, r sept. 1924. p. 38 1-383 ; 404-405.

IL Anglocatholicisme. — Ce nom désigne couramment la fraction de l’anglicanisme qui, soit par son organisation hiérarchique, soit par ses tendances doctrinales, se rapproche de l’Eglise romaine, mais trouve dans l’héritage du xvie siècle un obstacle invincible au bienfait de l’union. Aile droite du Iligh Church, disposant d’organes puissants, tels que le Church Times, en regard du Guardian, organe semi-officiel de l’Eglise établie. Nous entendrons d’abord un représentant éniinent de l’anglicanisme biblique exposer ses vues sur l’Eglise.

The Holy Catholic Church ; The Communion oj Saints. A study in the Apostles’Creed. By Henry Barclay Swbtb, D. D., London, 191(1.

L’auteur est un des plus distingués Scholars qui aient illustré l’université de Cambridge et l’Eglise d’Angleterre. A plus de quatre-vingts ans, il se recueille, et dédie son volume : Ecclesiæ anglicanae matri carissimae. Nous l'écouterons d’abord sur lesnotes de l’Eglise ; puis sur la vie de l’Eglise.

A. Les notes de l’Eglise. — L’auteur assigne quatre notes qui nous sont familières : unité, sainteté, catholicité, apostolicité ; et par surcroit deux autu s qui ne gâtent rien : visibilité, indéfectibilité.

L’Eglise est une ; son unité a pour principe l’Esprit ; aussi est-elle compatible avec une grande diversité. De même que les individus peuvent différer par le caractère et les dons naturels ou surnaturels, sans détriment de leur commune vie dans le Christ, ainsi les Eglises individuelles peuvent-elles présenter des traits différents, sans préjudice de leur essentielle unité. Les différences très notables qui séparent aujourd’hui les Eglises historiques de la chrétienté — différences de doctrine, de discipline, de culte, y