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REFORME

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des Eglises en provinces, sous des sièges métropolitains ou patriarcaux, ne s’est point révélé incompatible avec la liberté de l’épiscopat diocésain ; mais une tête de la chrétienté universelleserait également subversive de la paix et de la liberté, que cette tête soit à Gonslantinopleou à Cantorbéry, à Moscou ou à Rome,

Présentement la base de la plus large unité possible a clé posée par l’épiscopat anglican qui dans le fameux quadrilatéral de Lambeth, en [888, îixa le minimum à proposer à l’acceptation des corps non épiscopaux, le jour où ils demanderaient à se fédérer avec l’Eglise historique d’Angleterre. Voici les quatre articles do ce quadrilatéral.

I. Les Saintes Ecritures de l’Ancien et du Nouveau Testament, comme contenant toutes les choses nécessaires au salut et constituant la règle et le type immuable de lu foi.

II. Le Credo des Apôtres, comme symbole baptismal ; et le Crr.do’de Nicée, comme exposition suffisante de la foi chrétienne.

III. Les deux sacrements institués par le Christ : — Baptême et Cène du Seigneur, — administrés rigoureusement au moyen des paroles de l’institution pur le Christ et des éléments par lui ordonnés.

IV. L’épiscopat historique, adapté localement, quant aux procédés de son administration, aux besoins divers des nations et des peuples appelés par Dieu à l’unité de son Eglise.

Telles sont, d’après l’auteur anglican, les conditions essentielles de la vie chrétienne dans l’unique Eglise du Christ.

L’examen détaillé de ces positions nous entraînerait fortloin. Notons seulement un ou deux malentendus, parmi les plus énormes.

Quant à l’unité, celle que suggère le Nouveau Testament est celle d’un organisme vivant. Une telle unité se rencontre dans l’Eglise romaine ; elle ne se rencontre pas ailleurs. Moins que partout ailleurs, se rencontre t-elle dans l’assemblage monstrueux des trois grandes « Eglises historiques ».

Quanta l’apostolicité, il n’y a aucune continuité entre la hiérarchie anglicane, institution d’Etat, et l’ancienne hiérarchie catholique, représentant légitimement la succession apostolique. La succession apostolique fut renouée au cours du xixe siècle par l’acte de Pie IX, rétablissant officiellement la hiérarchie catholique en Angleterre. Affecter de considérer cet acte comme une agression étrangère, et la position des évoques unis à Rome comme schismatique, fut longtemps un lieu commun de la polémimique anglicane. Ce lieu commun ne résiste pas à un examen objectif des faits. Pour en faire saillir le vice logique, il suffit d’appliquer les mêmes principes à la condition présente de l’épiscopat catholique en France.

Lors du Concordat de 1801, qui liquida pour l’Eglise de France un passé douloureux, le pape Pie VII, résolu à faire table rase de ce passé, créa, par un geste sans exemple, tout un corps épiscopal nouveau, pour l’imposer à la France, et invita les anciens titulaires des sièges épiscopaux à démissionner. Beaucoup de ces anciens titulaires représentaient, aux yeux de Rome même, la légitime succession de l’épiscopat, plusieurs étaientillustrrs par leurs vertus et les services rendus à l’Eglise, par la confession éclatante de leur fol. Ils n’en furent pas moins déracinés, pour faire place à un épiscopat nouveau, dont les litres, au regard de l’Eglise de France, pouvaient paraître beaucoup moins incontestables que ceux de la hiérarchie donnée par Rome aux catholiques d’Angleterre par Pie ÏX, le ag septembre 18Î0. Ils n’en disparurent pas moins, et au jourd’hui l’épiscopat de France représente la succession de ces nouveaux titulaires, et non pas des autres. D’où il suit que, selon les principes anglicans, la France, considérée comme la lerre classique du catholicisme romain, serait dépourvued’épiscopat historique. C’est une conclusion devant laquelle reculera la logique anglicane elle-même. Reste à juger les institutions selon les principes qui leur sont propres. L’épiscopat uni à Rome, — qui, avant la Réforme, était seul tenu pour légitime non seulement en Italie, en France, ou en Espagne, mais en Angleterre, ou en Allemagne, ou en tout pays où vivaient des catholiques romains, — disparut, par son extinction consécutive au schisme anglican, beaucoupplus évidemment que ne disparut, lors du Concordai de 1801, l’ancien épiscopat français, par le fait de sa libre obéissance. On doit dire qu’il disparut, puisque, selon les principes alors reçus dans l’Eglise universelle, il ne fut pas pourvu à sa succession. La place était donc beaucoup plus évidemment vacante, et l’acte pontificalqui, au xixe siècle, restaura la hiérarchie catholique en Angleterre, n’a pas organisé un schisme, mais pourvu aune vacance datant de trois siècles.

Le document de Lambeth, cité plus haut, répond à une préoccupation plusque jamais actuelle : préoccupation d’un accord et d’une fusion éventuelle entre l’Eglise établie et les sectes dissidentes. De la môme préoccupation, procède une publication plus récente, dont le soin fut confié au même D r Swete, et qui vit le jour après sa mort (arrivée le 10 mai 1917). L’importance singulière de cette publication nous engage à l’analyser aussi.

Essays on the early History of the Churck and tke Ministry. By variouswriters. Edited by H. B. Swetb, D. D. London, 1918.

Au cours des années qui suivirent 1910, la Haute Eglise anglicane procédait à un examen de conscience. La question, toujours actuelle, des sectes non-conformistes, maintenues jusqu’alors par l’Etablissement anglican dans une position irrégulière et dans un état d’infériorité, venait d’être soulevée à nouveau avec un certain éclat. Le primat de Canterbury exprima le désir de voir discuter, par des historiens compétents, la position traditionnelle de son Eglise. De là le livre que nous venons de citer, dû à d’éminents spécialistes.

Remontant par de la la période patristique étudiée avec prédilection par les chefs du mouvement tractarien, les auteurs s’attachent aux tout premiers siècles de l’Eglise, pour éprouver la solidité du premier chaînon qui relie le christianisme moderne aux temps apostoliques. Nous n’examinerons pas dans quelle mesure fut atteint le but poursuivi, par la composition de celivre, à l’égard des sectes non conformistes. Un résultat nullement cherché, mais effectivement atteint, fut de rendre plus que jamais sensible à tous les yeux l’audacieuse fiction par laquelle l’anglicanisme, à ses origines, prétendit se rattacher au christianisme primitif. Que l’on compare aux principales conclusions de cette sérieuse enquête historique les articles de 1562, et l’on constatera d’énormes différences. C’est ce que nous ferons, en parcourant les six enquêtes renfermées dans le volume.

1) Conceptions primitives de l’Eglise, par A. J. Mason, D. D. — L’enquête a tourné contre la conception d’une Eglise invisible sur terre, distincte de la société visible des baptisés ; contre l’aspiration de congrégations autonomes à se gouverner en dehors de l’autorité qui régit tout le corps du Christ ; contre la prétention de trouver l’influence normale du Saint-Esprit hors de la communion catholique. —