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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/384

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REFORME

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Skien(S. O.de Christiania), sur La Norvège et le Catholicisme. — Voirdansle même recueil, i « r oct. 192^, p..’( $5, un souvenir du Neuvième Centenaire de Saint Olaf (ioa’1-1924).

Niels Hansbn, M. A.

IV. Islande. — En Islande, la Réforme (luthéranisme danois) fut introduite à force armée par le Danemark au milieu du x ie siècle.

Il y avait deux évcchés dans l’île : celui de Skàlholt dans le Sud et celui de Ilôlar dans le nord. Le dernier évêque de Skâlholt, Ogmunduk Palsson, fut pris par les Danois et conduit au Danemark où il mourut en prison en 10^2. — L’évêque de Hôlar, Jôn Auason, un homme remarquable, résista énergiquement aux envahisseurs. En 15/|S, le Pape Paul III lui écrivit une lettre d’encouragement. Il jura alors publiquement devant les fidèles de son diocèse qu’il combattrait jusqu’à la mort contre l’introduction de la nouvelle foi. Il réunit autour de lui une petite troupe armée de goo hommes, attaqua les Danois et parvint aies chasser de l’île. Peu après, ces derniers revinrent plus nombreux et la lutte se termina cette fois à leur avantage : ils firent l’évêque prisonnier et le décapitèrent, en 1550. Ce fut la un du catholicisme en Islande.

La succession apostolique fut rompue — et les vestiges de l’ancienne foi furent effacés autant que possible. On brûla de très grands trésors littéraires conservés surtout dans les bibliothèques des couvents, perle irréparable, que le peuple islandais n’a jamais pu pardonner aux réformateurs.

Le peuple conserva beaucoup de croyances et d’usages de l’ancienne foi, notamment prières et invocations aux anges et aux saints. Les rites de la messe catholique furent aussi conservés, ainsi que le titre d’évêque pour les successeurs protestants des évêques catholiques. Un des évêques protestants, Brynjôlfcr Svbinsson, homme fort remarquable par sa science, osa même ouvertement professer une grande dévotion à la Sainte Vierge. Il composa de nombreuses hymnes en latin, en son honneur. Ce recueil est conservé manuscrit dans la

« grande bibliothèque royale » de Copenhague.

La période protestante de l’Islande a été à tous points de vue un temps de décadence et de malheurs pour l’île — « une nuit de trois siècles », comme l’appellent les Islandais eux-mêmes.

Dans les vingtdernières années, l’opinion publique en Islande est devenue de plus en plus sympathique au catholicisme. On a même célébré, dans toute l’Ile, il y peu d’années, le dernier évêque catholique, Jôn Arason. comme martyr pour sa foi. L’évêque, le clergé protestant et les intellectuels de l’île prirent part à cette démonstration quasi-catholique. La position actuelle du protestantisme en Islande s’est fort affaiblie, surtout par l’effet des idées modernistesqui se sont de plus en plus introduites dans le clergé.

Au mois de juillet IQ23, sonEminence le cardinal VanRossum, préfet de la Propagande, visita l’Islande. Il fut reçu olliciellemenl par le gouvernement et le peuple, avec les plus grands honneurs et la plus grande sympathie. A son arrivée à Reykjavik, toute la capitale était pavoisée. Les autorités donnèrent à la douane l’ordre de ne pas visiter ses bagages. Le Cardinal fit au premier ministre une visite officielle, que ce dernier lui rendit dans l’après-midi du même jour. Le gouvernement l’invita à unh.inquet, auquel prirent part tous les personnages officiels de la capitale. — Le Souverain Pontife Pie XI envoya à cette occasion aux Islandais un calice d’or qui portail l’inscription suivante : « Filiis suis in Islandia Puis

.17 S. P. ». JON SvENSSON.

XIII. — EUROPE CENTRALE

I. Le Protestantisme hongrois.

II. Le Protestantisme dans la République Tchécoslovaque.

HI. La Réforme en Pologne.

I. Le Protestantisme hongrois. — I. Aperçu de l’histoire du protestantisme hongrois. — La Hongrie, confinant à l’Allemagne par l’est, connut de bonne heure l’hérésie excitée pat- Luther. La doctrine nouvelle y fut introduite et répandue soit par des jeunes gens qui avaient étudié dans les universités allemandes, soitpardes marehandsenrelationsd’affaires avec des Allemands, soit par la suite de Marie de Habsbourg, épouse du roi Louis II, roi de Hongrie. Le commerce hongrois — qui de nos jours est aux mains des Juifs, — était alors aux mains des Saxons, introduits au cours des siècles précédents par les rois hongrois en Hongrie, surtout en Transylvanie(à l’est du royaume ; hongr. Erdély, allem. Siebenbû et en Szepesség (au nord). Admis à titre de colons, ils ont pu, grâce à la bienveillance des Hongrois pour les nationalités étrangères, conserver jusqu’à nos jours leur langue et leur race. Le récent traité de Trianon a annexé à la Roumanie les Saxons de Transylvanie, à la Bohême ceux de Szepesség.

Le luthéranisme s’établit d’abord dans ces deux provinces de langue allemande ; aujourd’hui encore, les Saxons de Transylvanie (environ y5/ioo) et de Szepesség (environ 72/100) sont luthériens Leur nombre d’ailleurs (environ 220.000 pour la Transylvanie, 50.ooo pour le Szepesség) a depuis longtemps cessé de croître, ces familles étant attachées au système des deux enfants.

Les Hongrois Grent mauvais accueil à la Réforme. Cette antipathie avait, entre autres causes, des causes politiques. L’hérésie venait d’Allemagne, et les Hongrois furent toujours opposés aux Allemands, ennemis par excellence de leur race. Un proverbe dit : « Hongrois, défie toi de l’Allemand ! » Les troubles suscités en Allemagne par la Réforme luthérienne eurent pour la Hongrie un fâcheux contrecoup : notamment par l’impuissance où se trouva l’empereur d’Allemagne de lui prêter secours contre les Turcs. Aussi l’assemblée des nobles à Ràkos en 1525 édicta une loi sévère : on brûlerait les Luthériens. — La loi ne fut pas appliquée.

Peu d’années après Poriginede la Réforme, en 15a6. les Turcs infligèrent à la Hongrie la défaite de Mondes, la plus cruelle de son histoire millénaire — si l’on excepte la paix de Trianon. Toute la jeunesse tomba sur le champ de bataille ; avec elle, six évêqueset le roi Louis II, à peine âgé de 20 ans. Dès lors, rien n’arrêtait plus les Tores. Sur leur passage, ils détruisirent et brûlèrent tout, emmenèrent la population captive, s’emparèrent de la capitale Buda, qu’ils devaient tenir en leur pouvoir plus d’un siècle et demi qusqu’en’687), avec un tiers du royaume.

Après le désastre de Mohâcs, les Hongrois durent donner un successeur à Louis II, mort sans postérité. Mais ils se divisèrent en deux partis. L’un élut Ferdinand de Habsbourg, frère de l’empereur d’Allemagne, pours’assurer l’appui dece dernier contre les Turcs. L’autre ne put accepter un souverain allemand, qui d’ailleurs ne donnait aucun gage de cet appui, et se donna pour roi le seigneur le plus puissant et le plus riche du royaume, Jean Zapolya ou Szapolyai. Ainsi la Hongrie était-elle divisée en trois tronçons (l’un demeurant aux mains des Turcs).

Les deux rois, Ferdinand et Jean, étaient bons catholiques, mais jugeaient prudent de ménager les hérétiques, pour ne pas les rejeter dans les bras de leur compétiteur. Après quelques années, le règne de