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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/390

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REFORME’68

voisines de sa frontière, poursuivait un dessein politique contre les Habsbourg. Le manque de prédicateurs instruits amena un développement prodigieux de la superstition, qui éclata au grand jour dans les sectes des Abraliamites (Israélites), ou Adamites, et des Marocains.

IV. Après Ledit de tolérance, jusqu’à la fondalion de la République Tchécoslovaque. — Le 17 octobre 1 -81, Joseph II publia l’Acte de tolérance, accordant la liberté religieuse à tous les sujetsde la Confession d’Augsbourg et de la Confession Helvétique. Les restes de l’ancien protestantisme sortirent alors de l’ombre. Les Allemands se réclamaient en général de la Confession luthérienne ; les Tchèques, pour la plupart provenant des communautés de Frères, s’attachèrent, après quelques hésitations, à la confession helvétique, qui répondait mieux à leur tradition.

La religion catholique demeura toujours religion d’Etat. Les Protestants étaient tolérés ; leurs églises ne pouvaient avoir ni tours ni cloches, les registres étaient tenus par les prêtres catholiques.

La révolution politique de 1848 amena là aussi un changement. Par la loi du 4 mars 1849 et la « patente » impériale du 8 avril 1861, les Protestants obtinrent pleine autonomie et égalité de droits.

A la tête des deux Confessions protestantes, se trouvaient les deux Conseils ecclésiastiques évangéliques nommés par le gouvernement à Vienne, puis le Comité synodal et les Synodes généraux, dont les résolutions devaient être ratifiées par l’empereur, comme chef suprême territorial de l’Eglise.

En 1871, les membres de la Confession Helvétique en Bohème et en Moravie cherchèrent à fonder une Eglise autonome bohémo-morave. Cependant la résolution synodale ne fut point ratiliée. Les Luthériens réglaient leur foi sur la Confession d’Augsbourg, les Calvinistes sur la seconde Confession helvétique (de 1066), et sur le Catéchisme d’Heidelberg, de 1 563. De nouveaux efforts des deux Confessions vers l’union se produisirent, en connexion avec la pénétration des idées libérales venues d’Allemagne. Cependant la majorité tenait pour les Confessions de foi séparées et pour l’Orthodoxie protestante.

En 18(j9 qusque vers 1910), se développa parmi les Allemands d’Autriche le mouvement dit Los von Rom. Un des centres principaux du mouvement était le pays Sudète. Cependant la population slave ne se laissa guère entamer, parce que les meneurs ne poursuivaient pas seulement la séparation de Rome, mais encore le rattachement aux Hohenzollern.Leseptième Synode général autrichien de la Confession helvétique, où les Tchèques disposèrent constamment d’une majorité écrasante, mit expressément en garde contre le caractère politique de ce mouvement. Néanmoins, même dans le peuple tchèque, un mouvement Los von Rom se dessinait, qui devait prendre des formes encore bien plus sérieuses ; et là encordes mots d’ordre avec lesquels on provoqua des apostasies furent principalement les mots d’ordre du nationalisme politique. Cependant les passions qui aboutirent à la fondation d’une Eglise tchécoslovaque, ne devaient faire explosion qu’en 1918. Ce fut un malheur, pour la nation tchèque, de perdre son indépendance en pleine crise religieuse et de voir la transformation successive du libre Etat de Bohème en trois provinces autrichiennes coïncider avec la contre-réforme catholique ; peut être aussi faut-il déplorer que le restaurateur du sentiment national, qui rapprit aux Tchèques à connaître et à aimer leur passé, le père de la patrie — ote r vlasti —. François Palacky, fut un protestant. Son Histoire, lu peuple tchèque, en dépit de sa (idéliléaux sources et

de ses prétentions à l’objectivité, allait conclure à la glorilication du mouvement hussite : le réveil de la nation contre la menace du germanisme envahisseur, commence avec Hus ; la liberté succombe à l’écroulement de l’utraquisme protestantisé. Cette pensée a peu à peu passé à l’état de dogme dans l’hisloriographie tchèque ; les professeurs libéraux à l’Université, le personnel libre-penseur de l’enseignement secondaire et l’école élémentaire elle-même l’ont imprimée dans l’intelligence du peuple : la période hussite fut la période héroïque du peuple tchèque, elle brisa jadis la prépondérance de l’Allemagne, elle créa la littérature et la langue nationale ; les désastres des luttes religieuses auraient pu être évités si l’Eglise avait négligé de défendre ses droits — si elle s’était montrée tolérante. La germanisation de la noblesse et des villes, depuis la Montagne Blanche, est un fruit du Catholicisme. — En vain les apologistes catholiques ont signalé la fausseté de ces déductions, et particulièrement fait ressortir que ce fut la lutte contre l’Eglise qui introduisit dans la nation la scission qui la paralyse ; que les soulèvements protestants eurent pour effet de pousser les Habsbourg, de Prague, où Rodolphe résidait encore, dans l’allemande Vienne ; que les tendances germanisantes dataient du temps de Joseph II, que précisément aux heures les plus sombres, le clergé catholique fut le porteur de la pensée nationale. Le culte de Jean Hus n’a point laissé de se répandre, en Bohême surtout, comme le culte d’un héros national, et du même coup une certaine aigreur contre l’Eglise, accusée parfois, même chez les catholiques, d’hostilité à l’égard de la nation. Par là s’explique en partie l’attrait des mots d’ordre nationaux à l’heure de la chute vers « l’Eglise tchécoslovaque », et aussi le fait que, lors de cette chute, les Protestants recueillirent quelques épaves.

V. Le présent. — Le 18 octobre 1918, prit naissance la République Tchécoslovaque. Un prodigieux enthousiasme national s’empara des âmes. Sous son influence, fut réalisée la fusion nationale des deux principales confessions protestantes parmi les Tchèques.

i° Une assemblée ecclésiastique générale, réunie extraordinairementà Prague, décida dès 1918 la réunion des deux glises évangéliques, et donna au nouveau corps ecclésiastique le nom de Ceskohratrskd cirkev evangelickd : Eglise fraternelle évangélique tchèque. La résolution synodale déclare expressément que cette réunion signifie un retour aux traditions de la Réforme hussite, de l’Eglise utraquiste et de la Jede nota hratrskd. Elle désigne, comme fondements de la nouvelle Eglise : l’Evangile, la Confession de Bohème de l’année b~h, la lettre de Majesté de 1609, et la dernière Confession de foi de l’Eglise fraternelle tchèque, la Confession de 1662. Au synode général du 21 février 192 1, la nouvelle Eglise fut dotée d’une Constitution définitive, dite presbytérosynodale.

La formation cléricale ressortit à la faculté théologique Hus, fondée récemment et annexée à l’Université de Prague. En 1923, l’Eglise comptait 12 séniorats (8en Bohême, 4 en Moravie-Silésie), avec 136 pasteurs, 25 filiales, 190 centres de prédication. Etaient affectés au ministère des âmes : ia3 pasteurs, 7 vicaires, G prédicateurs et diacres. — Le nombre des entrées, pour 1922, s’élevait à 7527 venant de l’Eglise catholique, 2799 ne venant d’aucune confession, 28C) de l’Eglise tchécoslovaque, 10 de la Jednota tchécohratrskd, 7 de la Jednota hratrskd. Nombre des sorties pour la mèmeannée 1922 : / » a /J n’allant à aucune confession, 55g à l’Eglise catholique, 11 à la Jednota tchécohratrskd, 11 à l’Eglise tchécoslovaque, Il aux Baptistes, 7 aux Adventistcs. Les périodiques sont :