Aller au contenu

Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/471

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

92 »

RENAISSANCE

"30

vénérées bénéficient d’une situation acquise, jusqu’à preuve d’inauthenlicité (ia85, a).

Les Ordinaires ne laisseront pas agiter en chaire, dans les livres, périodiques, ou autres publications pieuses, les questions relatives à l’authenticité des reliques, sur de simples conjectures, en vertu d’arguments seulement probables ou d’opinions préconçues, et surtout d’un ton de raillerie ou de mépris (ii>86). Les reliques ne doivent être proposées à la vénération que dans des boites ou reliquaires clos et scellés (1287, 1). Les reliques de la vraie croix ne doivent pas être proposées à la vénération dans un même reliquaire avec les reliques des saints, mais avoir leur reliquaire à part (1 387, 2). Les reliques des bienheureux ne doivent pas, à moins d’induit particulier, être portées en processions ni exposées dans les églises, sinon là où leur ollice et leurmesse est célébrée, par concession du Saint-Siège (1287, 3).

Les reliques de la vraie croix, que l’évêque pourrait porter dans sa croix pectorale, doivent, à sa mort, faire retour au trésor de l’église cathédrale, pour être transmises à son successeur ; si l’évêque était à la tête de plusieurs diocèses, elles font retour à l’église cathédrale du diocèse sur le territoire duquel il est décédé, ou qu’il a quitté en dernier lieu, s’il meurt hors de son territoire (1288). La vent » ; des reliques est interdite ; les Ordinaires, doyens, curés et autres ayant charge d’àmes, doivent veiller avec soin à ce que les reliques, particulièrement celles delà vraie croix, ne soient pas, particulièrement en cas d’héritage ou de liquidation, mises en vente et exposées à tomber en des mains non catholiques (1280, , 1). Les recteurs d’églises, ou autres ayant charge de reliques doivent veiller avec soin à ce qu’elles ne subissent aucune profanation et nesoient pas exposées à se perdre ni conservées peu décemment (1289, 2). Fabriquer de fausses reliques on sciemment les vendre, les distribuer, les exposer à la vénération des fidèles, c’est encourir ipso facto l’excommunication réservée à l’Ordinaire (2326).

Voir le commentaire de F. Clakvs Bouuært et j. Simbnon, Manttale Iuris Canonici, p. 507-51’|. Oandæ et Leodii, 192$.

VI. Conclusion. — Il serait puéril de contester <-ue la dévotion des fidèles a pu accidentellement f.’égarer sur de fausses pistes ou être exploitée par des charlatans sans scrupule. Mais ni les erreurs de lait ni les escroqueries ne doivent masquer les vérités essentielles. Comme toute institution dans la société humaine, le culte des reliques demande à être jugé sur le principe d’où il procède et sur les

! < » is qui le régissent, non sur les déviations accidentelles

imputables à l’ignorance ou à la perversité. Ici, le principe échappe à toute discussion : il n’est autre que la fidélité légitime du genre humain au souvenir de ses représentants éminents. Tant qu’il y aura des hommes surterre.il y aura des tombeaux, et les morts illustres seront honorés. Le culte voué parle christianisme à ses héros possède ce trait en propre, qu’il s’inspire de la croyance à la résurrection corporelle et n’est pas tourné simplement vers le passé, mais encore vers les perspectives de l’éternité bienheureuse. Un tel surcroît, loin de l’amoindrir, l’éclairé par un rayon d’en haut et le grandit moralement Reprocher au christianisme ce que les groupements les plus laïques observent à leur manière et selon leurs convictions propres, serait le mettre hors du droit commun. Quant à la législation de l’Eglise, dans ce domaine, elle s’inspire, depuis l’origine, de principes immuables, et s’est précisée au cours des siècles. Aujourd’hui plus que jamais avertie et circonspecte, elle ne prétend pas

To me IV.

déraciner tous les abus, mais elle s’applique à les réprimer, à les prévenir ; l’équité veut qu’ils ne lui soient pas imputés.

A. d’Alès.


RENAISSANCE. -
I. Définition. —
II. Caractères généraux. —
III. Première période. l’Italie et la découverte de l’antiquité. —
IV. La- Papauté et l’humanisme. —
V. La Papauté et les arts. —
VI. La Renaissance en Angleterre et en Allemagne. —
VII. La Renaissance en France. —
VIII. Bibliographie.

I. Définition. — On entend par le nom de Renaissance cette période de la civilisation européenne qui comprend le xve et le xvi » siècle, transition entre le Moyen Age et les temps modernes, que caractérise une évolution considérable des idées et des mœurs. Une vie nouvelle s’y manifeste dans les lettres et les arts, due surtout à la mise en lumière des chefs-d’œuvre de l’antiquité, oubliés ou perdus depuis de nombreux siècles.

Il semble que le premier emploi du mot, au sens spécial qui lui est donne, apparaisse dans la grande Histoire de France de Michblbt. Durant l’intervalle de dix ans qui sépara les six premiers volumes de leur suite, le point de vue de l’historien s’était complètement modifié, il avait découvert la Révolution, lui consacrant les facultés d’enthousiasme qu’il appliquait d’abord au Moyen Age. En 1855, ce qu il voit dans le xvie siècle, c’est l’aube de la Révolution, et il intitule son volume : Renaissance.

II. Caractères généraux  :. — C’est bien une révolution, mais uniquement intellectuelle. Propagée d’abord dans les rangs les plus élevés de la société, elle descend peu à peu, elle gagne les régions populaires ; elle y est introduite par un enseignement plus accessible à tous, et surtout par ce véhicule merveilleux des idées les meilleures et les pires, l’imprimerie. Ce que l’enseignement qui succède à la scolastique, ce que les livres qui succèdent aux manuscrits vont apporter à des esprits las de lu vieille routine, inquiets et avides d’une pensée, d’une morale et d’une foi plus libres, c’est la connaissance de l’àme antique, d’une sagesse et d’une règle de vie qui ne s’appuient plus seulement sur une autorité divine, mais sur la raison de l’homme et sur la nature. Maintenir l’équilibre entre l’humain et le divin, ouvrir à l’homme les trésors de la nature, mais rendre à Dieu ce qui est à Dieu, telle fut la première tâche et la vraie grandeur de la Renaissance ; trop souvent on n’en voit que la suite funeste, la déviation. Michblbt, en termes enflammés, a célébré ce qu’il nomme le grand duel :

« D’une part, l’Antiquité grecque et romaine, si
« haute dans sa sérénité héroïque. D’autre part, 
« l’Antiquité biblique, mystérieuse, pathétique et
« profonde. De quel côté penchera l’âme humaine ?
« à qui sera la Renaissance ? qui renaîtra des
« anciens dieux ? L’arbitre est la Nature. Et celui-là
« serait vainqueur, à qui elle donnerait son sourire, 

son gage de jeunesse éternelle. Plus jeune et

« plus vieille que tous, mère et nourrice des dieux, 
« comme des hommes, elle les berça aux anciens
« jours et sourira encore sur leurs tombeaux. « Suis

ï la Nature ». Ce mot des stoïciens fut l’adieu de

« l’Antiquité. « Reviens à la Nature », c’est le salut

<< que nous adresse la Renaissance, son premier mot. < Et c’est le dernier mot de la Raison » (Histoire dr France au seizième siècle. Renaissance, éd. de 18j5, p. 30(j).