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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/632

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SCIENCE ET RELIGION

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Etienne Parise », James Cooles Pritchard, Antoine-Laurent-Jessé Bayle, Louis-Aimé Fizeau, Ludwig Schônlein, François-Achille Longet, Maurizio Bufalini, Vincen/.o Pinali, Agostino Bassi, Albert von Grafe, Alfred-Karl von Grafe, Claude-François-Herman Pidoux, Samuel Haugbton, Armand Trousseau, Jean Bouillaud, Paul-Emile GhaulTard, Augustin Fabre, Eugène Boucbut, Pierre-Charles-Edouard Potain, Louis Landouzy, Guido Baccelli, Ernest Gaucher, F. Raymond, Jean Camus.

a 5. — Pour la Chirurgie, nous avons cherché quels noms il y a à l’origine des quatre découvertes qui ont conditionné ses progrès dans ces derniers temps. Nous avons trouvé :

James Young Simpson (181 1-1870), pour l’anesthcsie < ; Eugène Kœberté (1828-1915) et Jules-Emile Péan (1830-1898), pour la for ci pressure ; Joseph Lister (1%^1912), pour l’antisepsie ; quant à l’asepsie, les Allemands en font honneur à Ernst von Bergmann (1836-1906), et les Français, à Louis-Félix Terrier (1837-1908). Kœberlé, d’abord catholique pratiquant, semble avoir fini dans l’indifférence Péan a évolué en sens inverse. Terrier, qui se donnait pour librepenseur, demanda les sacrements dans sa dernière maladie. Les autres furent toujours des croyants.

Et parmi les grands chirurgiens, sans reparler de Bell, de Récamier, de Dupuytren, de Cruveilhier, nous pouvons citer encore comme croyants : Dominique-Jean Larrey, Amédée Bonnet, Auguste Nélaton, Luigi Porta, von Langenbeck, Richard von Volkmann, J- M. Nussbaum, Théodor Billroth, Aristide-Auguste-Stanislas de Verneuil, Louis-XavierEdouard-Léopold Ollier, Marie-Marcellin Lucas-Championnière, Edouard Delanglade.

26. — Résumé. Nous avons nommé dans ces pages trois cent soixante-quatorze croyants. Et pour en allonger la liste, il n’y aurait qu'à continuer l’enquête.

Au sujet des initiateurs, de ceux qui ont ouvert les grandes voies nouvelles, nous avons essayé d'établir une comparaison numérique entre les croyants et les autres. Or nous avons trouvé cent cinquante et un initiateurs. Il y en a onze dont les sentiments religieux nous sont inconnus. Il en reste cent quarante, qui se répartissent ainsi : cent vingt-six croyants, quatre athées, cinq indifférents, quatre agnostiques. Ce qui veut dire que, sur trente-cinq dont nous pouvons définir l’attitude religieuse, il y a en moyenne un agnostique, un indifférent, un athée et trente-deux croyants.

Il est bien entendu que ces chiffres ne sont qu’approximatifs et restent sujets à révision, mais ils approchent de la vérité. Les additions ou les soustractions que notre liste comporte ne changeront guère et, surtout, ne renverseront pas les proportions. En voyant ce que représente la part des croyants dans les grandes découvertes qui sont à l’origine des principales orientations de la science moderne, on se demande ce qui pourrait rester de considérable à mettre au compte des incroyants que nous aurions oubliés.

27. — Conclusions. — Quand on affirme que les savants sont, avec, tout au plus, de rares et insignifiantes exceptions, des incroyants, on parle contre la vérité.

28. — Les savants, comme tels, ne sont pas spécialement qualifiés pour témoigner de la religion : mais ils le sont pour témoigner de la science et de l’esprit scientifique.

Or, il se trouve que les plus grands, ceux au ? : 1. Il y a des points litigieux que nous avons indiqua, I'. page 21 !).

quels la science doit le plus, ceux qui l’ont faite, ont cru, presque tous, à la religion comme à la science : c’est donc qu’ils n’ont pas vii, dans la science, d’opposition irréductible. Mais s’ils n’en ont pas vii, eux qui étaient admirablement renseignés, c’est qu’il n’y en a pas, qu’il n’y en a pas, du moins, entre la religion et la science spéciale qu’ils ont créée. Mais toutes ou presque toutes ont été créées par des croyants, et, dans toutes sans exception, il y a eu, il y a encore, au premier rang de ceux qui les connaissent et les servent, des croyants : c’est donc que, dans aucune, le conflit de la science avec la religion ne s’impose, si bien que les savants les mieux qualifiés peuvent ne pas le voir. Mais la science est objective, c’est sa condition essentielle, et tous les savants, comme tels, voient et jugent de même : c’est donc enfin que si, parmi eux, quelques-uns voient une opposition entre la religion et la science, ce n’est pas comme savants, c’est à un autre titre, c’est par quelque chose qu’ils surajoutent à leur science. Et ce quelque chose, de quelque nom qu’on le nomme, n’est donc plus de la science ; ce n’est pas avec la science, mais avec ce quelque chose — histoire vraie ou fausse, philosophie bonne ou mauvaise, sentiments, préjugés, préventions, tout ce qu’on voudra, sauf la science I — que la religion est en conflit.

Il se trouve encore que l’esprit scientifique le plus incontestable, le plus accusé, le plus aiguisé, le plus fécond, tel qu’il s’est révélé, par exemple, dans Cauchy, Hermite, Weierstrass, Le Verrier, Lord Kelvin, Fresnel, Ampère, Faraday, Maxwell, Berzélius, Dumas, Chevreul, Tliénard, Cuvier, Haiiy, Mendel, Bichat, Lacnnec et Pasteur, a coexisté tout naturellement, dans le même homme, avec l’esprit religi' ux le plus simple, le plus pur, le plus sincère, le plus ardent. Le moyen, après cela, de prétendre que l’esprit scientifique est incompatible avec l’esprit religieux ?

29. — Une troisième conclusion, moins évidente que les autres, paraît cependant justifiée. On peut regarder comme certain, avons-nous dit, que, parmi les grands initiateurs, les croyants représentent une très notable majorité. Or, si l’on pouvait étendre l’enquête à tous les hommes (à l’exclusion des femmes), savants ou ignorants, — qui ont vécu, pendant le xixe siècle, dans les peuples et dans les milieux où les savants se sont recrutés, personne sans doute ne s’attendrait à trouver une proportion de 3a sur 35, ni même une majorité, de croyants prêts à s’affirmer comme tels par leurs déclarations ou par leurs actes.

C’est dire que les savants ont été plus croyants que la moyenne de leurs contemporains.

Les savants sont des hommes ; comme les autres, ils ont respiré l’air ambiant, ils ont subi les influences de leur temps et de leur milieu, et, dans l’ensemble, ils ont été moins croyants que dans les siècles passés ; mais ils le sont restés beaucoup plus que les autres, ils ont beaucoup mieux résisté aux influences qui détournaient de la religion les hommes de leur temps et de leur pays. Il faut bien en conclure qu’ils étaient, de par leur science même — puisque c’est le point unique par où ils diffèrent des non savants, — mieux armés contre l’athéisme ou plus attirés vers la foi.

Le fait brutal, traduit avec l'éloquence des chiffres, suffirait à justifier cette conclusion ; mais il s’est présenté, au cours de notre enquête, avec des modalités intéressantes qui lui donnent plus de relief. Lrs esprits les plus originaux, les plus vigoureux, les plus larges, les grands initiateurs, les génies, sont généralement religieux ; mais encore, au-dessous