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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/640

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SCOLAIRE (QUESTION ;

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Tous ceux qui étudient la législation scolaire des pays étrangers rencontrent des exemples qui élargissent leurs horizons. Presque partout, dans les pays divisés de croyances, ils constatent que l’attribution des subventions publiques aux écoles libres et confessionnelles est admise comme une condition nécessaire de la concorde nationale. Ils apprennent que le statut le plus complet de Répartition proportionnelle scolaire, la loi hollandaise de 1889 et de 1920, porte, aux Pays-Bas, le nom glorieux de loi de Pacification.

Eniin, tout le monde n’ignore pas que la France officielle, d’accord avec les autres Puissances alliées, imposait à la Pologne les articles 9 et 10 du traité de Versailles, le 28 juin 1919 ; imposait à l’Autriche l’article 68 du traité de Saint-Germain, le 10 septembre 1919 ; imposait à la Bulgarie l’article 55 du traité de Neuilly, le 27 novembre 1919 ; imposait à la Hongrie l’article 61 du traité de ïrianon, le.'1 juin 1920. Or, ces textes exigeaient, en faveur des minorités ethniques et confessionnelles, une part équitable, on précisait même une part proportionnelle,

« dans le bénéfice et l’affectation des sommes qui

pourraient être attribuées sur les fonds publics, par le budget de l’Etat, les budgets municipaux ou autres, dans un but d'éducation, de religion ou de charité ».

La lettre d’envoi, signée par M. Clemenceau, le 2') juillet 19 1 9, déclarait que la subvention accordée aux écoles libres et confessionnelles n'était nullement incompatible « avec la souveraineté de l’Etat ». Mieux encore, cette règle ne contient rien qui ne soit prévu, pour les institutions d’enseignement, dans beaucoup d’Etats modernes bien organisés.

Arrêtons-nous ici. La France ne pourra que tenir à honneur de prendre rang parmi ces Etats modernes bien organisés.

Bibliographie. — Bessières (Albert). Pour la Justice scolaire. Paris. Ed. Spes. 1921.I11-16. — Breton (Germain). Le droit d’enseigner. Paris. Bloud. ig13. In-16. — Duballet. La Famille, l’Eglise, l’Etat dans l'éducation. Paris. 1905. In-8". — Duchamp (le R. P.). La restitution aux congréganistes du droit d’enseigner. Paris, Publication delà D. R. A. C. 1926, in-8°. — Gibon (Fénelon) Où mène l’Ecole sans Dieu. Paris. Téqui. 1925. In-iG.

— Goyau (Georges). L’Ecole d’aujourd’hui. Paris. Perrin. 1899 et 1906. 2 vol. in-16. — Grivet (Jules). L’Eglise et l’Enfant. Paris. Beauchesne. 1910. In-16. — Kieffer. L’Autorité dans la Famille et à l’Ecole. Paris. Beauchesne. ig15. In-16. — La Brière (Yves de). Les Luttes présentes de l’Eglise. Paris. Beauchesne. 6 vol. in-8°écu. — Mascarel (Arnold). La Question scolaire. Principes et solutions. Paris, de Gigord 1921. In-16. — Maxe (Jean). L’Ecole primaire contemporaine. Paris. Nouvelle Librairie Nationale. 1909. In-16. — Michel (.). La question scolaire et les principes théologiques de l’Eglise. Paris. Beauchesne 1920. In-16.

— Nègre (Mgr). Les Ecoles. Documents du SaintSiège. Paris. Bonne Presse. 1911. I11-8. — Roux (Marquis de). Les Lois laïques. Paris. Action française. 1925. In-16. — Tavernier (Eugène). Cinquante ans de politique. L'Œuvre d’irréligion. Paris. Editions Spes. Kjib. In-8° écu. — Valois (Georges), en collaboration avec Fr. Renié, Marius Riquier, Jean Herluison : Les Manuels scolaires. Etudes sur la religion des primaires. Falsifications historiques, scientifiques, littéraires. Paris. Nouvelle Librairie Nationale. 191 1 in-16. — La liépartition proportionnelle scolaire. Action populaire, 1912. Paris. Ed. Spes. In-8 ». — La Répar tition proportionnelle scolaire. Paris. Jeunesse catholique. 191 3. In-16 (Congrès de Cæn).

Yves de la. Brirri- :.

SCOLAIRE (QUESTION). — II. La question scolaire et la pensée catholique. — Que valent les lois sans les mœurs ? disait la sagesse antique. La Société générale d'Éducation et d' Enseignement, dans son existence déjà longue et toujours féconde, a tenacement travaillé pour que les lois qui garantissaient la liberté de l'école, lois sans cesse menacées, trop souvent amputées, trouvassent l’appui des mœurs ; elle a su convier les catholiques, et les convier efficacement, à défendre les libertés que ces lois leur assuraient, et à faire de ces libertés un usage qui fût un bienfait pour l’ensemble du pays. Etrange vicissiludedes volontés publiques ! En 1789, dans un certain nombre de cahiers où les électeurs résument les vœux que devront réaliser leur élus, nous les entendons déclarer que les moines doivent enseigner : on ne veut plus qu’ils prient, on ne veut plus qu’ils contemplent, on ne veut plus qu’ils chôment ; ce dix-huitième siècle, si prodigieusement ignorant des valeursspirituelles, assimilait à un chômage la prière et la contemplation ! Mais on demande que les congréganistes enseignent, qu’ils rendent à la vie nationale ce service, d'être des éducateurs, des professeurs, des distributeurs du savoir humain. Voir Dknys-Buirettb. Les questions religieuses dans les cahiers de 1789, p 268-275. (Paris, de Boccard, 1919) En vérité, les temps sont bien changés. Vous n’enseignerez pas, signifient aux congréganistes nos lois récentes. Vous enseignerez, leur signifiaient les cahiers de 1789. Et ces lois insistent : Enseigner, vous n’en avez plus le droit. Et ces cahiers insistaient : Enseigner, c’est votre devoir. Si fourvoyée que fût à beaucoup d'égards cette opinion publique de 1789, qui dans cescahiers tâtonne et balbutie, l’on gênerait peut-être quelques-uns des partisans de nos ostracismes jacobins, en invoquant auprès d’eux, pour justifier les campagnes catholiques de libération, le souvenir des confiants appels adressés aux bonnes volontés monastiques, en vue de la besogne d’enseignement, par les électeurs de l’Assemblée Constituante.

Il me serait facile, prenant leurs vœux pour point de départ, de trouver, dans la philosophie politique du dix-neuvième siècle, toute une série de témoignages qui convergent avec les revendications catholiques, et qui militent pour elles, et de citer un certain nombre de penseurs, d'écrivains, qui sans être dominés par aucune préoccupation confessionnelle, ont défendu et réclamé la liberté de l’enseignement. Mais pourquoi convoquer les hommes du dehors pour qu’ils nous confirment que nous devons être libres ? Nos penseurs à nous, nos écrivains à nous, nos saintsà nous, les dépositaires de notre richesse elirétienne, les représentants de notre tradition spirituelle, nous attestent, par leur doctrine, par leurs propos, par leurs exemples, l’usage que fait l’Eglise enseignante de sa liberté d’enseigner : écoutonsles, et laissons-les nous dire ce que leur culture, ce que leur ministère sacerdotal, ce que leurs vœux sacerdotaux, oui, ce que leurs vœux, leur confèrent de force, pour leur grande besogne d'éducateurs.

I. L’Eglise maltresse d'école. — J’ouvre certaines histoires de la pédagogie, écrites il y a une quarantaine d’années, au début de la laïcisation ; on a l’impression, en les feuilletant, que l’Eglise ne se serait jamais occupée de la diffusion du savoir que pour la canaliser, que pour l’endiguer. Ne