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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/656

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SÉMITIQUES (LES RELIGIONS)

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son culle, ou qu’elles lui ont été spécialement consacrées par le vœu de l’homme. De là naît l’usage des prémices ; la moisson n’a pas germé du seul travail humain : elle appartient aux déesses dont les forces l’ont produite ; on leur consacrera une partie, pour pouvoir employer Le reste à l’usage profane de la nourriture.

IV. — Choses, lieux et temps sacrés.

i° Les eaux. — Parmi les choses à qui on reconnaît facilement un caractère sacré, il faut en premier. lieu citer les eaux. Dans le traité de Philippe avec les Carthaginois, les rivières et les eaux prennent rang parmi les divinités puniques ; dans l’Yéiuen, Atlitar porte le titre de dieu des sources. Dans tous les pays sémitiques, d’où il a passé en Grèce, on retrouve ce culte des eaux. En Phénicie, à Afca, entre Iliérapolis et Byblos, aux sources du fleuve Adonis qui porte le nom du dieu de Byblos, il y avait un bassin sacré où l’on jetait des présents ; près de Sidon, fief d’Echmoun, au témoignage d’Antonio Martyr, un (leuve s’appelait Asclépios, de l’un des noms du dieu. Mais à dire vrai, à la différence de la Grèce, les fleuves n’ont ni prêtres, ni autels, ni sacrifices sanglants ;

« les bassins sacrés d’Ascalon et d’Hiérapolis

étaient plutôt l’accessoire obligé des temples que leur raison d’être » (Laukange, loc. cit., p. 165). L’eau, indispensable à la vie, est le bienfait d’une puissance supérieure, à qui on rend hommage ; cependant toute eau, sauf en Babylonic, n’est pas sainte.

La mer eut aussi des dieux ; ceux d’Arvad, de Baryte, d’Ascalon, cités maritimes, sont iehthyomorphes ; mais ce fut plutôt à litre de partie du monde qn’k cause de son utilité qu’on lui rendit un culle.

a° Les arbres. — De même que les eaux, les arbres sont rattachés au culle des dieux et vénérés, mais d’après W. R. Smitu (Religion oj the Sémites, p. 187),

« il n’y a pas lieu de penser qu’un seul des grands

cultes sémitiques se soit développé de l’adoration des arbres » ; le plus sage est de considérer les arbres, ainsi que les eaux, comme des accessoires des lieux du culte, le dieu Rimmon n’étant pas un dieu-grenade, mais le dieu de l’orage, et le dieu arabe Tàlab g’interprétant mieux, en fonction des autres dieux sidéraux, comme capricorne du zodiaque que comme la plante tàlab. Lorsque les prophètes reprochent aux Israélites comme un acte d’idolâtrie de sacrifier sous les arbres verdoyants, ils ne font jamais allusion au culte des arbres eux-mêmes, mais aux désordres des cultes païens ou à l’illégitimité du culte en dehors du Temple. On ne peut tirer aucun argument de ce fait que les termes de êldh, élon ou àltùn aient désigné certains arbres ; quand même ils se rattacheraient à la même racine que el dieu, et que cette racine exprimerait l’idée de force, ils n’impliquent pas nécessairement, en s’atlac.hunl aux arbres, un sens divin.

Une espèce d’arbres se trouve en relations avec une divinité déterminée. Etant donné le nom biblique de llaal Tamar, le palmier semble consacre à Baal ; mais Baudissin a remarqué qu’en Phénicie les arbres sont surtout attachés nu culte des déesses. Le grenadier, symbole de fécondité, est l’arbre d’Astarté, mais aussi le cyprès, le myrte et le palmier. N’est-ce point que ces derniers arbres, verts en toute saison, étaient plus que d’autres propres à former les bosquets sacres qui entouraient les temples ? Quant à la déesse Béroutlia, elle n’est pas la déesse cyprès 1 beroutha en araméen), mais la dame de Beirouth, ville qui tire son nom de ses puits.

Des représentations figurées nous montrent des cyprès près des temples et des autels et nous connaissons comme accessoires du culle Vachéra que

les Septante, suivis par la Vulgale, interprétaient comme un bois sacré, mais nous l’entendons plus justement d’un tronc ou un pieu placé vers oh sous le bois sacre, tout pics de l’autel, sinon sur l’autel même, et associé aux idoles, aux stèles ou aux piliers khammanin. Que représentait cet arbre’.' La déesse Aebéra. Gomme nous savons que cette déesse n’est pas une déesse arbre, mais Astarté, divinité sidérale, le plus vraisemblable est que ces pieux étaient des xoana, encore plus grossiers que ceux des Grées.

Z" U enceinte sacrée. Le haut-lieu.— Certains lieux sont sacrés, soit une enceinte dans une ville, soit un sommet, soil toute vue montagne, comme t’H< rmon, dont le nom même indique la sainteté, ou leCarmcl, nom d’une montagne et d’un dieu qui n’a ni images ni temples, ciit Tacite, ou toute une vallée, comme celle du Nahr Ibrahim, « sorte de terre sainte d’Adonis » (llBNAN).En Afrique on a trouvé plusieurs de ces

« enceintes sacrées à ciel ouvert, soit isolées dans la

campagne, soit formant l’annexe d’un temple qui reste à découvrir » (Flulletin archéologique, i ! SKg, p. 208). « Partout où les Phéniciens ont pénétré, on retrouve leur sanctuaire à ciel ouvert > (Lagbangr, loc. cit., p. 183), sans qu’ils aientun nom spécial pour le désigner. Les Xaba éens le nomment luiram et l’on en a reconnu plusieurs à l’éira. Au désert arabique cette enceinte se dilate, elle-e nomme hima ; peut-être aussi Chara, le nom de la région de Pétra, aurait-il le même sens (Wellhausbn).

Cette enceinte est réservée et n’admet pas certains actes impurs ; inviolable, elle comporte le droit d’asile pour tousles crimes. C’est le lieu que l’homme a destiné aux cérémonies religieuses, qu’il lui ait été désigné ou non par une disposition naturelle, et où l’action divine se fait plus spécialement sentir. Baudissin a remarqué que le culte des hauteurs n’est pas spécifiquement sémitique. Au haut-lieu est souvent associée une caverne sacrée, « simple cachette pour les richesses du dieu, lieu saint aménagé pour des initiations occultes, ou pour les manifestations divines au moyen d’oracles et de théophanies plus ou moins simplistes, temples de divinités chtoniennes. » (Vincent, Canaan, p. lao ;). Ces cavernes furent peut-être les temples primitifs : « la vieille Syrie ne connut guère d’autres temples que des hauts-lieux informes ou des trous dans le rocher. » (Rbnan, Mission de /’Lénifie, p. 881).

En cette enceinte, on trouve à la fois et l’autel taillé, sur lequel étaient consommés les holocaustes, et l’autel qui sert à 1 immolation de la victime du sacrifice : celui-ci est toujours, dans l’usage des Sémites, un bloc de rocher brut, non équarri par le fer.

Avant qu’eût pénétré dans ces pays l’influence grecque, les enceintes sacrées ne contenaient guère de représentations anthropomorphiques de la divinité, et ce n’est qu’au moment où les pierres consacrées à la divinité en devinrent le symbole et la représentèrent sous une forme humaine, que l’on construisit des maisons pour les dieux, des temples. A Palmyre, on ne trouve pas de haut-lieu, mais un grand temple. Le temple fut divinisé chez les Sémites occidentaux ; on connaît un ancien dieu. Bait-il. Le bétyle (fJamJ.Oî, ^ettriiitov) dont le culte lit fureur à l’époque gréco-romaine, et qui signifie alors une pierre censée venue du ciel et se mourant d’ellemême, devait être à l’origine une pierre contenant la divinité.

4° Pierres sacrées. — Il faut, parmi les pierres sacrées qui étaient placées dans les enceintes sacrées, distinguer deux catégories.

Les premières contiennent ou symbolisent la divinité, on ne peut dire : représentent, car elles ne