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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/789

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1565

SUPERSTITION

1561,

Protégez-nous des balles allemandes. Jeanne d’Are, sauvez-nous.

Sainl Michel, priez pour nous. »

t Cette prière m’a été envoyée et doit être répandue sur tout le front.

t II est dit que ceux qui l’écrirons seront préservés de toutes les calamités et ceux qui la négligerons aurons du malheur. Envoyez-la à neuf personnes diirérentes une chaque jour et le neuvième vous aurez une grande joie.

« Ne pas signer indiquer seulement la date de

réception. Ne pas rompre la chaîne, soyez coudant. » y 8/10.

Amulettes. — Les amulettes ont leur histoire et elle est infinie. Les anciens attribuaient à certaines substances une vertu occulte. Ils portaient en guise de préservatifs des morceaux de corail ou d’ambre, certains coquillages, des racines, des graii.es, des dents, des pierres précieuses, comme l’agate et le jaspe, des figurines de pierre ou de métal. Selon Pline, l’usage tire en grande partie sou origine de la médecine. C’est d’abord la croyance à la vertu curativede certaines substances. Puis on s’imagine que, grâce à ces substances, le mal peut non seulement être guéri, mais prévenu. On cherche moins à combattre le mal présent que l’influence mauvaise. Entin des maladies, on passe à toutes sortes de maléfices. Peu à peu, on trace sur les ligurines des symboles astrologiques ou des signes incohérents. Il ne s’agit plus des vertus de la substance elle-même. On se met sous les influences astrales ; on fait appel au pouvoir protecteur de certaines formules mystérieuses. El il doit arriver que ces puissances s’incarnent dans les objets eux-mêmes qui prennent alors une valeur absolue et sont traités comme de vrais fétiches.

Dbchklbtte (Manuel d’Archéologie préhistorique celtique et gallo-romaine. Paris, Picard, t. I, i te partie, chap. xn ; t. 11, 2 partie, ebap. xi ; t. 111, 3e partie, eliap. îx, § i, r) signale l’usage fréquent du corail et de l’ambre dans les amulettes celtiques, surtout de la roue ouroueile (ou disque) solaire, du Stvastika ou croix aux branches recourbées, symbole du soleil en mouvement, de l’S, detai-Swustilta, sur le casque, la cuirasse ou l’épée des Gaulois. Il rappelle que les Gaulois étaient, au dire de César, une nation admodum dedila religionibus, que Mêla les qualifie de Gentes sttperstitiosae. Il est permis de acroire, joute-t-il, que l’expression de César s’applique non seulement aux conceptions religieuses proprement dites, mais à l’ensemble des superstitions populaires dont nous retrouvons de nos jours tant de survivances.

Des auteurs croient, d’après les textes et l’examen des objets eux-mêmes, que nombre des bijoux antiques, bulles, bagues, bracelets, pendants d’oreilles, aiguilles de tête, colliers, feuilles de métal cousues sur les vêtements, étaient portés dans une pensée de défense contie une action occulte. Les pauvres rem plaçait nt la bulle par un nœud de corde. Dans certaines bagues est enchâssée une pierre figurant un œil. Darbmbrrg et Saglio, Dictionnaire des Antiquités, voir Ainulettim, Huila. — D. Cabrol, Dictionnaire d’Archéologie chrétienne et de Liturgie, voir Amulettes. — J.-B. Tiiikrs, Traité des superstitions, chapitres xxviii, xxix, xxx, xxxii, xxxm. — Mi’.lu-Recuetl de mythologie, littérature populaire, traditions et usages, publié par Henri Gaiooz, Paris, 180.8, t IX.

L’amulette superstitieuse, sous le nom de Portebonheur, était en honneur avant la guerre dans

toutes les classes sociales. Il en existait de toutes les variétés et de tous les prix, depuis le sou percé ou marqué, que l’ouvrier garde jalousement dans sa poche, jusqu’au petit animal en mêlai précieux, souvent un éléphant ou un cochon, que L’élégante ou l’homme du monde portent comme bijou ou breloque, depuis la branche de muguet, dont nos midinettes se parent le premier jour de mai, ou le gui dont on orne son appartement au temps de Noël, jusqu’à la médaille de Notre-Dame du Platin, patronne des aviateur » qui « dispose des éléments du ciel ».

Le P. Gh.M klli cite de nombreuses pratiques « Portebonheur », auxquelles la guerre a donné un regain de vogue. Il parle surtout du front italien. C’est, par exemple, écrire sur trois billets les trois noms « Gasp. ird, Melchior, Balthasar », et porter ces trois billets dans trois poches différentes. C’est, pour échapper aux coups, porter sur soi de l’herbe nommée Rue, ou avoir dans trois poches différentes trois petits pois brisés en trois morceaux, renfermés dans trois sachets et changer chaque jour de poche. Les soldats calabrais attribuent à un morceau de toile, porté sur la peau, une vertu médicinale, en particulier contre les douleurs de la colique. Pour se rendre le sort favorable, on se sert de gousses de petits pois contenant neuf grains, le nombre normal étant sept ; on garde une figurine représentant un bossu avec bosse devant et derrière, un animal élrange et monstrueux.

Il y a quelque chose de la foi aux amu’ettes dans la faveur accordée à certains animaux. Un régiment de bersaglieri menait avec soi une chèvre toute noire ornée de rubans rouges. Cette chèvre, qui aimait à se faire caresser par les bersaglieri, ne se laissait pas approcher par les soldats d’autres armes. D’autres fois, l’animal porte-bonheur, la Mascotte, sera un oiseau, un petit chien, un écureuil. La pratique des Masco ts est très répandue dans l’armée anglaise. Elle y est vieille d’au moins cent ans. Des fusiliers gallois entretiennent une chèvre, d’autres régiments des chiens, l’un d’eux un ours. Faut-il voit- là une expression du Totémisme, institution primitive qui établit, entre autres particularités, un lien de parenté entre un groupe humain et une espèce animale ou végétale ? Ou n’est ce qu’un symbolisme dégénéré, quelque chose comme les animaux qui figuraient sur les casques ou les armes des anciens, les animaux qu’on voit encore dans les armoiries ? Ou se trouvet-on en présence d’un reste ou d’un renouveau de fétichisme, selon lequel ces animaux seraient dépositaires d’un pouvoir supranaturel ? Ne serait-ce qu’un vestige de l’ancien usage des armées en campagne, d’avoir avec soi des animaux apprivoisés ? En tous cas, ici la superstition serait plus facilement grossière.

. Fer et clou. — L’usage superstitieux du fer ou du clou a toute une littérature, mais les érudits ne s’accordent pas sur l’explication à en donner. Le Dictionnaire des Antiquités, de Darembeko et Saglio, au mot Clav-us, fournit sur ce sujet de nombreuses indications. — Fkazkk, /c Hameau d’or, Paris, iyo3, t. I, p. 272-279. Voir encore Revue des Etudes Anciennes, 1915, p. 213, 21/(, 217, 282.

Pline en parle comme d’un remède contre l’épi* lepsie : il recommande de planter un clou à la place où la tête du malade a frappé en tombant. Le clou apaise la douleur des blessures, surtout si c’est un clou ramassé à terre, sur lequel on a marché. Les clous arrachés des tombeaux et plantés sur le seuil sont excellents contre les cauchemars. Les clous des croix chassent la fièvre. Ailleurs, on recommande de planter un clou dans le mur à la hau-