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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 4.djvu/934

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1855

TRINITE (LA SAINTE)

1856

Tout péché et tout blasphème sera remis aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne leur sera pas remis. Les p< rôles dites contre le Fils de l’homme seront pardonnées ; les paroles dites contre l’Esprit-Saint i.e seront pas pardonnées, ri dans ce monde ni dans l’autre. (Malth., xii, : <1- : S2).

Dans les discussions théologiques du iv c’siècle, quand il faudra défendre contre les Macédoniens la divinité du Saint-Esprit, on trouvera dans ce texte un argument décisif.

Ailleurs Jésus, avertissant ses disciples des persécutions qui les attendent, leur prédit en même temps le secours divin qui leur est réservé : « Ne vous souciez pas à l’avance de ce qui vous sera inspiré sur l’heure ; car ce n’est pas vous qui parlerez alors, c’est l’Esprit-Saint » (Marc, xiii, n) ; et saint Luc, rapportant ces paroles, insiste plus encore sur l’assistance personnelle du Saint-Esprit : « Il vous enseignera ce qu’il vous faudra dire. » (Luc, xii, 12). L’expression est déjà toute semblable à celles du discours après la Gène, telles que les rapporte saint Jean.

C’est dans ce discours que nous relevons les enseignements les plus explicites au sujet du Saiut-Esprit, de son rôle et de sa personne.

Xiv, 15-19. Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements, et moi je prierai le Père, et il vous donnera un autre Paraclet afin qu’il soit avec vous toujours, l’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit ni le connaît, mais vous, tous le connaîtrez parce qu’il demeurera en vous et qu’il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai vers vous ; encore un peu de temps, et le monde ne nie verra plu<- ; mais vous, vous me verrez, parce que je vis et quevous vivrez…

xiv, 25-26. Je vous ai dit ces choses pendant que je demeurais avec vous ; mais le Paraclet, l’Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom, c’est lui qui vous apprendra tout, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.

xv, 26. Quand sera venu le Paraclet, que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi.

xvi, 7-15. Je vous dis la vérité : il vous est utile que je m’en aille ; car, si je ne m’en vais pas, le Paraclet ne viendra pas vers tous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai, et quand il sera venu, il convaincra le monde à propos de péché, de justice et de jugement : de péché, parce qu ils ne croient pas en moi ; de justice, parce que je vais au Père et que vous ne me verrez plus ; de jugement, parce que le prince de ce monde est jugé. J ai encore beaucoup à vous dire, mais vous ne pouvez le porter maintenant. Quand il sera venu, lui, l’Esprit de vérité, il vous fera pénétrer dans toute la Térité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il vous dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, car il prendra du mien et vous l’annoncera. Tout ce qu’a le Père est à moi ; c’est pourquoi je vous ai dit qu’il prendra du mien et vous l’annoncera.

Il est manifeste que l’Esprit-Saint promis par Jésus n’est pas seulement un don, une force ; c’est une personne vivante comme il l’est lui-même, une personne divine dont la présence remplacera avantageusement pour les disciples la présence visible de Jésus : « Il vous est utile que je m’en aille. >< Il est aussi évident que l’Esprit n’est ni le Pore ni le Fils : à la prière du Fils, le Père enverra un autre Paraclet (xiv, 16) ; envoyé par le Père au nom du Fils, ce Paraclet rappellera aux apôtres tout ce que le Fils leur a dit (26) ; il procède du Père, il sera envoyé parle Fils de la part du Père, il rendra témoignage du Fils (xv, 26) ; quand le Fils sera parti, il l’enverra (xvi, 7) ; l’Esprit glorifiera le Fils, car il prendra du sien et l’annoncera (1’1).

D’autre part, l’unité des personnes divines est si

étroite que la présence du Saint-Esprit dans les disciples sera en même temps la présence du Fils (xvi, 18-19), et pareillement la présence du Père (xiv,

23).

L’enseignement du Seigneur nous introduit encore un peu plus avant dans le mystère divin en nous représentant les relations de l’Esprit et du Fils emhlables, en beaucoup de traits, à celles du Fils et du Père : de même que le Fils est le témoin du Père, l’Esprit est le témoin du Fils (xv, 26) ; il glorifie le Fils, de même que le Fils glorifie le Père (xvn, f t). Le Fils ne dit rien de lui-même, mais seulement ce que le Père veut qu’il dise (xii, 49> vll >’*J)î ainsi l’Esprit

« ne parlera pas de lui-même, mais dira tout ce

qu’il aura entendu ; … il prendra du mien, ajoute Jésus, et vous l’annoncera » (xvi, 13. i^). Enfin, de même que le Fils est envoyé par le Père, l’Esprit est envoyé par le Fils (xv, 26 ; xvi, 7).

Ce parallélisme est 1res étroit ; et quand, dans.>es lettre- à Sérapion, saint Athanase entreprendra de défendre et de développer la doctrine traditionnelle du Saint-Esprit, il ne choisira pas d’autre point de départ.

Au reste, cette analogie n’est pas telle qu’elle ne comporte des différences essentielles : la libation caractérise les relations du Fils et du Père ; elle n’apparaît jamais dans la théologie de l’Esprit. Le Père est l’unique principe du Fils ; il n’en est pas ainsi du Fils vis-à-vis de l’Esprit : le Fils envoie l’Esprit, mais 1 de la part du Père » Tcapk ro> Ilar/so ; (xv, 26) ; il dit : « l’Esprit prendra du mien », mais il ajoute : a tout ce qu’a le Père est à moi, et c’est pourquoi je disais qu’il prendra du mien » (xvi, i/|-15). Ainsi, même dans ses relations avec l’Esprit, le Fils est dépendant du Père ; c’est de lui qu’il reçoit t^ut ce qu’il donne à l’Esprit. Le Père est ici, comme partout, le principe premier et souverainement indépendant.

« De lui procède l’Esprit » (xv, 26) ; c’est

lui qui le donne à la prière du Fils (xiv, 16), qui l’envoie au nom du Fils (xiv, 26).

Toute cette doctrine se résume bien dans la vision symbolique de l’Apocalypse : « un fleuve d’eau vive, brillant comme le cristal, procédant du trône de Dieu et de l’agneau » (xxn, 1) ; telle est, pour saint Jean, la nature et l’origine de l’Esprit : il procède d’une source unique, qui est le trône de Dieu et de l’agneau ; mais d’ailleurs ni le prophète de l’Apocalypse ni l’évangéliste n’oubliera que ce trône n’appartient pas à titre identique au Père et au Fils : l’un possède la divinité comme en étant le principe unique, l’autre comme la recevant de lui en plénitude.

La doctrine ainsi enseignée peu à peu par le Seigneur au cours de sa vie mortelle, esl confirmée et éclairée par lui pendant sa vie glorieuse, particulièrement lors de la grande apparition en Galilée :

Les onze disciples se rendirent en Galilée, sur la montagne que Jésus leur avait murquée, et le voyant ils l’adorèrent, mais quelques-uns doutèrent. Et Jésus s’approchant leur dit : « Toute puissance m’a été donnée au ciel et sur terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit ; et voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation du monde ».

Mali., xxvm. 16-20.

Avant de parler de la formule trinitaire, il importe de remarquer ce qui concerne proprement le Christ. Les premières paroles de ce texte rappellent la sentence étudiée plus haut : « Tout m’a été conlié par mon Père » ; mais là il s’agissait plutôt de secrets confiés, de doctrine transmise (navra -ntiipecoSr, ) ; ici c’est la puissance totale (nias sgeue-fe) qui