Page:Adolphe Orain - Contes du Pays Gallo.djvu/221

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À peine eut-elle atteint sa seizième année, qu’on vit, un beau matin, un superbe équipage s’arrêter à la porte de la maison de la tante Ursule, au grand ébahissement des passants.

Les voisins s’attirèrent aux portes et aux fenêtres, en se demandant ce que signifiait cette visite matinale.

La boutique du père Migaud, le maréchal-ferrant, située en face de la masure de la tante Ursule, fut bientôt envahie par la foule, avide de voir ce que pouvait contenir cette voiture dorée jusqu’aux moyeux.

Un petit bossu, en culotte courte, avec des bas de soie bien tirés, des souliers à boucles d’argent, un frac noir et un chapeau à plumes, en descendit prestement et entra chez la bonne femme.

« Tiens ! le bossu du Harda, s’écria-t-on de tous côtés, qui vient rendre visite à la sorcière. Il veut faire enlever sa bosse disait l’un ; il veut s’en faire mettre une par devant, disait l’autre. »

C’était, en effet, M. du Harda, le plus riche seigneur du pays, qui, séduit par la