Page:Adolphe Orain - Contes du Pays Gallo.djvu/242

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seul instant qu’ils avaient pu la tuer. Aussi qu’on juge de leur surprise lorsque, le lendemain matin, ils la trouvèrent baignant dans une mare de sang et ne donnant plus signe de vie. Ils voulurent la transporter chez eux pour la soigner ; mais, hélas ! ils reconnurent qu’elle n’était plus de ce monde.

L’aîné dit à ses deux frères : « Voilà un grand malheur qui nous arrive, et, si nous ne voulons pas être accusés d’avoir assassiné cette malheureuse femme, il faut immédiatement faire disparaître son cadavre. » Une fosse profonde fut aussitôt creusée, dans laquelle ils déposèrent la défunte.

Personne ne se douta de ce qui s’était passé, et, comme la sorcière avait l’habitude de faire de longues absences, on supposa qu’elle avait quitté le pays et personne ne la regretta.

Malgré cela, les trois frères devinrent tristes, et le remords les poursuivit. Ils allèrent se confesser au curé de la paroisse, qui n’osa prendre sur lui de les absoudre, et qui leur dit que le Pape, seul, pouvait leur pardonner leur crime.