Page:Adolphe Orain - Contes du Pays Gallo.djvu/324

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de tout ce qu’il voulait bien faire pour elle.

Le rouet ne s’arrêta ni jour ni nuit. La laine n’était pas plus tôt sur la quenouille qu’elle était immédiatement changée en écheveaux que les acheteurs se disputaient. Chaque jour ils en offraient un prix plus élevé.

L’aisance revint promptement dans le ménage de la fillette. Elle racheta la croix de sa mère, du linge, des hardes, des meubles et refit son nid plus chaud qu’il n’était avant l’arrivée de la sorcière.

Ses voisins s’étonnèrent du bien-être de Marie et en cherchèrent la cause.

Les plus curieux imaginèrent un prétexte pour s’introduire chez la jeune fille, et l’un d’eux, plus malin que les autres, découvrit qu’elle avait un rouet qui tournait tout seul.

Le bruit s’en répandit promptement. On crut à un sortilège, et la pauvre enfant fut en butte, à son tour, à la jalousie et à la méchanceté des gens du village.

Les plus osés l’insultèrent, mais furent terriblement punis : ils furent paralysés, les uns de la langue pour avoir dit des injures, les autres du bras pour avoir mena-