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Bâtie, ce fief passa aux Cornillon, aux Beaumont (1417), aux Blain du Poet (1589) et aux Dejean de Caderousse (1769). Voir M. Lacroix, t. I, p. 175.

Le nom de la Batie, comme ceux de la Bâtie-des-Fonts (fontaines) et de la Bâtie-Crémezin, près de Luc, de Bastet, près de Marsanne, de la Bastide, de Bastia, dont la fondation remonte à une bastie ou bastion, construit en 1383 pour défendre l’entrée du port, et de Baternay, près de Saint-Donat, Basternacum en 941, Basternaïcum en 1050, et Basternay vers 1095[1], sont empruntés à un radical primitif qu’on rencontre dans les mots bâton et bâtiment. Chez la plupart des peuples primitifs, les maisons étaient construites en bois (planches, branches ou osiers, enduits d’une bouc argileuse) et recouvertes en chaume[2] ; les habitations lacustres, bâties à peu près de la même manière, reposaient sur des pilotis ; aussi le même radical a-t-il formé palati, arbre, et palli, village, en s. c. t. ; palatium, lieu palissade, et plus tard palais ; pal, pilotis, etc.

On reconnaît la racine qui a formé le mot latin hasta, lance, javelot, et primitivement branche, dans les substantifs basto, en b. l., bastone, en it., baston, en v. fr., dont la finale indique un augmentatif ; dans ast, branche, en all., asts, en goth., astal et astas, en irl. ; dans basterna, litière soutenue par des bâtons ; βασταξ, portefaix, en gr., etc., et dans kâsta, branche, bûche, en s. c. t. ; bast, mur, construction, en pers. ; basti, en hind. ; basternia, portique, galerie, en l. (basterna, en b. l., d’où le nom de Bâternay donné à une construction en bois). Les bastilles étaient dans le principe des tours de bois qu’on faisait rouler près des murailles pour combattre les assiégés avec plus d’avantage et faciliter l’escalade. Quant au s. c. t. vasita, vasta, maison, il vient de vas, se fixer[3]. Le fief de Baternay avait donné son nom à la famille de ses anciens seigneurs, éteinte depuis

  1. Giraud, Preuves, t. I, p. 5, 18, 153.
  2. César, V, 43, et VIII, 5 ; — Vitruve, II, 1 ; — Strabon, IV, 104 ; — Belloguet, t. III, p. 58 et 470.
  3. Pictet, Origines, t. I, p. 199, et t. II, p. 194, 209, 238 ; — Burnouf, p. 571.