Page:Adolphe de Coston - Étymologies des noms de lieu de la Drôme.djvu/16

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concours de volontés pour en changer le nom, comme on l’a fait quelquefois pour une ville ou un bourg.

Les noms des rivières et des montagnes conservent, en général, la trace des plus anciens idiomes. En France, ils sont empruntés aux langues latine, celtique, germanique et ibérienne. C’est presque toujours sur les bords des lacs et des fleuves qu’on trouve les traces de la race humaine remontant aux époques les plus reculées. Ce voisinage offrait facilité de communication, abondance de gibier et surtout de poissons. Les habitants des villages lacustres dont on a récemment découvert les restes, voulaient sans doute aussi se mettre à l’abri de l’attaque des bêtes féroces et des invasions ennemies. L’hydrographie pourrait être d’un grand secours à la science ethnologique ; dans les temps barbares, les fleuves servaient de grande route aux nations nomades ; ce sont des chemins qui marchent, a dit Pascal. L’étude des grands cours d’eaux du centre et du nord de l’Europe a permis plusieurs fois à l’historien de mieux comprendre la rouie suivie par les peuples errants[1].

Les mots qui signifient colline et montagne ont formé aussi un grand nombre de noms. Une élévation de terrain est un signe caractéristique comme désignation. On connaît l’amour, des montagnards pour leur pays ; les peuples nomades, au contraire, habitent presque toujours les grandes plaines. « Un montagnard, dit Xavier de Maistre, s’attache à l’objet qu’il a sous les yeux depuis son enfance, et qui a des formes visibles et indestructibles. De tous les points de la vallée, il voit et reconnaît son champ sur le penchant de la côte…… Dans les montagnes, la patrie a une physionomie, dans la plaine elle n’en a pas : c’est une femme sans visage, qu’on ne saurait aimer, malgré ses bonnes qualités. » Dans les époques de guerres continuelles, les hauteurs offraient des positions qui permettaient de résister plus facilement aux incursions ennemies.

Beaucoup de noms de lieu murmurent encore à nos oreilles des mots empruntés à la langue de peuples depuis longtemps

  1. Taylor, Words and Places, p. 45.