Page:Adrienne Durville, Carnet de guerre 1914-1918 n°1.pdf/25

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effroyables. Les premiers jours, il n’y avait pas d’ordre du tout, mais depuis que le Gal Pau est arrivé, tout marche à merveille ; il a commencé par mettre à pied le Gal Bonnaud pour avoir éreinté le 7e corps. Nos troupes ont maintenant repris l’offensive, mais il faut reprendre tout le terrain qu’elles avaient déjà occupé.

On nous amène un petit chasseur à pied ; quelques heures après, son lieutenant vient le voir ; cet uniforme me va au cœur ; je tâche d’avoir quelques renseignements sur le corps de Paul, il ne sait rien.

7 heures. Je commence à tomber de sommeil. Mme des L. et Mlle R. doivent aller dîner aux Anges ; dès que la sœur de garde sera arrivée, je me coucherai avec délices.

10 heures. Je commençais à peine à m’endormir quand on sonne, je me relève précipitamment et passe blouse, tablier et coiffe. Ce sont trois blessés qui arrivent, un sergent et deux soldats qui ont combattu toute la journée dans une grêle de balles et d’obus ; ils ont fait kilom à pied après avoir été blessés avant de trouver une voiture et 2 infirmiers pour les amener. Je les fais déshabiller par la sœur et l’infirmier pendant que je prépare de quoi les panser ; l’un deux n’a presque rien, une éraflure au poignet causée par un obus ; les deux autres sont plus sérieusement atteints, le sergent à la cuisse, l’homme au ventre ; leurs caleçons sont traversés de sang. Mme des L. rentre, le Dr Ihler arrive, nous faisons vite pansements. Ils n’ont pas mangé depuis 2 jours et pas plus dormi que le lt Delorme. Celui-ci est arrivé ce soir pour coucher ici, l’hôpit divisionnaire n’ayant que des paillasses ! Je dors debout ; j’abandonne le reste à Mme des L. et je vais me coucher ; je suis