Page:Adrienne Durville, Carnet de guerre 1914-1918 n°1.pdf/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

monstrueuse erreur de le fusiller, car en plus de la question morale, cela ferait un effet déplorable sur la population d’Alsace. On tâche d’obtenir un sursis pour permettre aux témoignages de se produire en sa faveur.

Il arrive toujours des prisonniers qui sont ravis de s’être fait prendre. Ils chantent et le disent à tout le monde.

On vient nous offrir un bout de cravate d’un drapeau de mairie allemande ; j’en garde soigneusement quelques centimètres.

10 h. soir. Bain ; c’est une vraie jouissance et tant que nous n’avons pas encore de typhiques nous gardons la baignoire pour notre usage personnel.

Mardi 18 août

Toujours rien de neuf ; nous passons notre temps à écrire des lettres ou à lire, nos 5 malades ne nous donnant pas beaucoup d’occupations. Je viens de finir l’histoire du siège de Belfort en 1870, quelle différence comme mentalité et comme préparatifs avec ce que je vois aujourd’hui.

11 h. Nous avons un 6e malade de l’artillerie alpine qui commence un abcès dans la gorge. Il nous offre à toutes deux, un edelweiss et un brin de lavande rapportés des Alpes ; je les serre précieusement avec ce que j’ai déjà comme souvenirs de guerre.

Le lieutenant Vérité (j’ai ainsi baptisé ce monsieur qui s’appelle Weité) vient annoncer à Mlle R. la prise d’un croiseur autrichien devant le Monténégro, et la retraite précipitée des Allemands vers