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Page:Adrienne Durville, Carnet de guerre 1914-1918 n°1.pdf/60

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pain est tombé en se retournant, c’est le fils qui l’a ramassé, donc c’est lui qui devait mourir le premier ! Mme des L. et moi essayons de consoler ces pauvres gens.

Mme de N. et Mlle Tissot viennent dîner ; nous apprenons des choses intéressantes : on emploie comme engins de guerre des espèces de flèches en vrille qu’on laisse tomber des aéroplanes et qui peuvent transpercer un cheval ; les Allemands, en plus de la balle dum-dum qui cause des ravages effroyables ont des baïonnettes à dents de scie ; c’est un vrai retour à la barbarie.

Mlle Tissot est allé au ballon d’Alsace ; vers St Dié, il y a plus de 5 000 cadavres, surtout allemands et on a demandé 1 500 hommes de bonne volonté, jeunes gens ou vieillards pour les enterrer, c’est atroce. Le général Lescot qui a fait des bêtises sérieuses est mis à pied ; le Gal de Castelnau a un blâme, c’est son corps d’armée qui a flanché en Lorraine et est cause de notre recul du Donon. Il y a beaucoup de morts dans les officiers aviateurs.

Mme de N. nous lit la lettre de son mari ; on s’attend au ministère au siège de Paris, mais toutes les précautions sont prises et on espère l’écrasement des Allemands. Que ce soit là ou ailleurs, cela m’est égal, pourvu qu’il n’en reste plus.

Vendredi 4 septembre

Messe aux Maristes ; j’y suis seule avec un major et trois infirmiers, c’est une messe militaire. Nos concierges sont un peu remis, surtout la femme ; chez ces gens là, tout se passe en cris, et c’est plus vite calmé.

Détails sur l’aimable visite de l’aéroplane allemand :