Page:Adrienne Durville, Carnet de guerre 1914-1918 n°2.pdf/12

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qu’avec autant de fureur que de chagrin. Il faut vraiment n’avoir rien dans le cœur ni le cerveau pour commettre des actes pareils.

Mme de N. a eu une nuit très pénible ; le lieutenant Lombard se meurt et comme il est très vigoureux, la lutte est horrible. Il avait le délire, se croyait au milieu des Allemands ; il a arraché son pansement qu’elle a dû refaire. Il a fallu qu’elle passe plusieurs heures auprès de lui dans cette atmosphère épouvantable. Elle en est encore toute impressionnée. Que vais-je avoir cette nuit ?

Notre unique malade repart, navré, emmené par son sergent ; celui-ci nous apprend qu’il est Parisien et a un magasin d’ouvrages bd St  Germain. Dans l’espoir d’avoir notre clientèle, il nous promet des éclopés, en attendant les blessés futurs.

Mme des L. va se faire piquer contre la fièvre typhoïde ; je ne suis pas encore décidée à suivre son exemple ; il sera temps plus tard.

Thé chez le Dr Ihler ; je n’y vais pas ; il est préférable que quelqu’un garde la maison puis j’aime autant me reposer avant la nuit de veille.

Mardi 22 septembre

Nuit assez calme, mais assez froide et bien