Page:Adrienne Durville, Carnet de guerre 1914-1918 n°7.pdf/87

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L’événement tragique est la mort de Sabardan, tué dans la Somme le 3 ; un obus est tombé dans sa cagna et lui a enlevé les deux jambes ; le pauvre garçon est mort quelques heures après. Nous avons été bouleversées par cette perte ; c’est le dernier ami qui disparaît et il n’y a plus que Doyen comme survivant du 11e.

Le bruit a couru de la mort de Fabry et de celle du Colonel Segonne, toutes deux démenties, heureusement.

On annonce une offensive sur Verdun.

Pendant mon absence, bombardement par avions sur Gérardmer. Une trentaine de bombes ont été lancées la nuit ; pas de morts, mais quelque blessés, des incendies et des dégâts matériels. La nuit a été tragique et les blessés ont eu une frousse épouvantable, les infirmiers se sont sauvés, cela a été comique.

Lundi 23 octobre

Arrivée à Gérardmer, après deux jours de voyage ; messe à Lyon.

On me raconte les événements, le bombardement, et ses émotions.

Je vais voir les ruines, une maison près de l’église, une grange brûlée, et des vitres cassées partout.

Visite du Colonel Segonne arrivé du front hier soir et dont la brigade est cantonnée à Étueffont. Il a fait