Page:Affiches, annonces et avis divers du Dauphiné, du 4 janvier au 27 décembre 1782.djvu/31

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Deux petits sacs de pierres précieuses, qui se montent à 3 millions. — 12. Trois bâtiments neufs, chargés de pierres précieuses, qui arriverent après la mort de Thiery, 6 millions. — 13. Dix-sept lits de différentes étoffes & couleurs, & autres meubles. — 14. Quarante-un miroirs, petits & grands. — 15. Dix armoires & commodes, & beaucoup de batterie de cuisine. — 16. Enfin, 101 fauteuils ornés d’or & d’argent, & autres meubles d’appartement. Ces quatre articles font un objet de 400 mille liv.

Nota. Ici ne sont point compris 800 mille écus à la Croix, qui valent de notre monnoie 9 millions 920 mille liv.

Le testament de Thiery fut apporté en France, en 1679, par le sieur Mora, exécuteur testamentaire & provéditeur de la république de Venise. Les vrais héritiers n’ayant aucune connoissance de ce testament, ne se présenterent point ; mais le bruit de cette succession donna l’éveil aux intrigants. Trois particuliers, qui se disoient cédataires de sa majesté à titre de deshérence, toucherent des sommes considérables de la république, au moyen d’un faux brevet du roi. L’imposture fut découverte. M. le procureur du roi aux requêtes de l’hôtel poursuivit les faussaires, qui s’évaderent du royaume. Ce magistrat, en conséquence, forma opposition entre les mains de la république.

Depuis cette époque, plusieurs prétendus parents de Jean Thiery se sont inutilement présentés. Mais en 1747, M. Gomé de la Grange, conseiller au parlement de Metz, obtint main-levée de l’opposition de M. le procureur du roi. Il alloit réussir, lorsque de nouvelles oppositions de la part de nouveaux héritiers, ou se disant tels, le firent échouer.

Enfin il y a un an que M. Parmentier, avocat au parlement de Nanci, observa judicieusement « que le même obstacle se perpétueroit, tant que les héritiers s’éleveroient les uns contre les autres. D’après cet avis, & la réclamation unanime de plusieurs héritiers réunis, est intervenu l’arrêt du conseil, du 5 octobre dernier, enrégistré aux requêtes de l’hôtel, le 7 décembre suivant (comme nous l’avons dit plus haut), qui établit une commission pour connoître & juger en dernier ressort de la qualité & du droit de ceux qui se prétendent héritiers de la succession de Jean Thiery ; & ordonne que dans six mois, ils produiront pardevant ladite commission, tous les titres, papiers, documents & généalogies, sur lesquels ils entendent établir leur prétention ».


Lettre au Rédacteur des Affiches de Metz.

Metz, ce 2 février 1782. Convaincu, M., que l’agrément est le passeport le plus sûr de l’instruction, j’ai voulu sauver aux enfants les désagréments attachés aux méthodes ordinaires d’apprendre à lire : ce désir m’a fourni l’idée du Loto syllabaire, dont voici les procédés, & dont vous connoissez les succès.

J’ai fait distribuer en huit cartons, contenant chacun quinze cases, cent vingt syllabes.

L’on donne un de ces cartons à l’enfant à qui l’on veut apprendre à lire ; & on le lui fait réciter toujours dans le même ordre, c’est-à-dire ou de gauche à droite en trois parties, ou de haut en bas en cinq. Dès qu’il commence à le savoir, on l’admet au jeu ; & on a soin, lorsque les syllabes de son carton sortent du sac, de lui faire remarquer l’identité du signe de la boule avec celui de ce même carton.

Lorsque l’enfant nomme lui-même les syllabes que l’on amene, & qu’il pose les jettons (*) sur les cases qui les renferment, il faut joindre un second carton au premier, sans qu’il soit nécessaire de le faire apprendre par cœur à l’enfant. Il suffit de lui nommer les syllabes à mesure qu’elles sortent du sac, & de les indiquer sur son nouveau carton.

On procede ainsi à la connoissance d’un troisieme carton, & insensiblement l’enfant les possédera tous. Il est nécessaire de faire de temps en temps saisir à l’Eleve l’application de ses connoissances sur des mots dont il connoît les parties.

Il est absolument inutile d’apprendre aux enfants les lettres isolées, excepté les voyelles. Si l’on veut, quand ils connoissent quelques cartons, leur nommer les consonnes, il faut éviter de leur donner une terminaison fermée, comme au b, qu’il faut faire prononcer be muet, ou uni à une autre voyelle. Ainsi, par exemple, la lettre m, il faut la faire prononcer me & non eme. Un enfant ne peut qu’acquérir une idée fausse de liaison, si l’on parvient à le persuader que m prononcé eme & a, font ma, & non ema. Il trouvera plus simple d’élider l’e muet, & de dire me & a font ma.

On me reprochera peut-être d’avoir omis dans mon Loto syllabaire, les syllabes qui commencent par une voyelle suivie d’une consonne, telles que ab, ib, or, &c. Mais outre que j’ai craint de multiplier les cartons, il sera aisé de faire comprendre aux enfants, quand ils commenceront à lire, qu’il ne faut, pour nommer ces syllabes, que joindre au son de la voyelle celui de la consonne, prononcée telle que je l’ai indiquée ci-dessus : par exemple a avec b prononcé be, fait abe & non abé, comme on le faisoit prononcer dans l’ancien systême.

Les progrès que font les enfants, par la méthode du Loto syllabaire, sont étonnants, & d’autant plus rapides, qu’ils trouvent de la complaisance dans les peres, meres, freres, sœurs ou domestiques, à jouer avec eux.

J’ai l’honneur d’être, &c. R. D. E. M.

(*) Les jettons de verre, ou de petits aneaux, sont préférables aux jettons, en ce qu’ils offrent aux enfants pendant la durée du tirage les syllabes que les boules ont amenées.



Observation d’un Citoyen, abonné pour ces Feuilles.

Lorsqu’un incendie s’empare d’une maison, on n’a rien de plus pressé, pour en arrêter le progrès & l’embrasement des maisons voisines, que de couper les toits ; mais souvent ce genre de secours n’est pas praticable,