Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/108

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plus facilement que les roches compactes, et fournissent une plus grande masse de débris aux moraines ; mais comme il n’est aucune roche qui ne soit plus ou moins fissurée, il en résulte que toutes, sans exception, sont soumises à l’action destructive du gel, et peuvent se rencontrer sur les glaciers ou le long de leurs bords. Les différents fragments de la roche en s’isolant de plus en plus par l’effet de la congélation, de l’eau et de la dilatation qui en résulte, finissent par se détacher de la masse commune et roulent dans les vallées, qui, dans les régions élevées de nos Alpes, sont ordinairement occupées par des glaciers. Aussi long-temps qu’ils sont épars sur le glacier ou adossés irrégulièrement contre son bord, ces débris de rochers éboulés ne constituent point encore ce qu’on appelle des moraines ; ils ne prennent ce nom que lorsqu’ils ont été alignés le long du glacier par suite de sa marche progressive, c’est-à-dire lorsque, déplacés par le mouvement de la glace et entraînés le long de ses bords, ils se sont rangés en forme de digues continues, adossées d’un côté contre le glacier et de l’autre contre les parois de la vallée, et forment un talus naturel entre la glace et les parois de la vallée (voy. Pl. 9). Toutefois ces relations des moraines avec le glacier et les parois de la vallée varient suivant l’état du glacier : lorsque les parois sont très abruptes, les moraines latérales reposent souvent complètement sur le glacier, surtout lorsqu’il est