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chappe du glacier est enlevée à sa surface, et ne provient nullement de la fonte de sa partie inférieure. J’ai observé cette année, près de ma cabane, sur le glacier inférieur de l’Aar, une table dont le piédestal, de quatre mètres de circonférence, a diminué d’un mètre dans quarante-huit heures.

Dans beaucoup de tables, le piédestal ne se dessine bien qu’au sud ; quelques unes ne sont même pas du tout dégagées du côté du nord, de manière qu’elles ne font réellement table que du côté du sud, (voyez la troisième table sur la Pl. 14, à gauche de la grande moraine) ; et en effet le soleil agissant avec plus d’intensité du côté du midi que du nord, doit nécessairement y dissoudre plus de glace. C’est par la même raison que les tables choient habituellement du côté du midi ; la colonne de glace y étant plus réduite que du côté opposé, elle offre moins d’appui à la table, qui finit par pencher de ce côté, jusqu’à ce que son poids l’emporte et qu’elle tombe.

Il est rare de voir des tables dans la partie inférieure du glacier ; on ne les rencontre en grand nombre que là où le glacier est peu incliné, ordinairement dans le voisinage des moraines médianes, et surtout dans les endroits où celles-ci sont très-inclinées. Ce sont les blocs de ces dernières qui, en glissant le long de leurs flancs, gagnent la surface du glacier et y deviennent des tables. Les plus nombreuses sont au glacier inférieur de l’Aar, là où la