Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donner suite à leur projet[1]. Nous nous empressâmes de mesurer, à l’aide d’une longue corde, dont nous nous étions munis, la distance de la cabane au rocher, et nous la trouvâmes de 4 400 pieds.

Il résulte de ces faits que pendant les trois dernières années le glacier a fait autant de chemin que pendant les dix premières ; ce qui semble indiquer une marche de plus en plus rapide à mesure qu’il avance dans la vallée. Il serait fort important que l’on pût observer chaque année la marche de cette cabane, afin que si elle venait à être complètement détruite, l’on conservât du moins quelques indices de sa position. Cette année (1840) je l’ai trouvée très-délabrée et 200 pieds plus bas que l’année dernière ; mais les objets qu’elle renfermait se voient encore entre les blocs du toit qui se sont abattus. Si tout cela venait à disparaître, l’on aurait toujours, pour se guider dans la recherche de cette intéressante cabane, la présence du grand bloc de granit qui se distingue de loin par sa couleur blanchâtre[2]. La cabane

  1. Nous y trouvâmes en outre des cartes de visites de plusieurs de nos amis de Neuchâtel qui avaient été sur les lieux quelques temps auparavant.
  2. Il y avait dans l’intérieur de la cabane une épaisse litière d’herbes sèches et autour de la cabane un tas de souches de genévriers et plusieurs perches éparses ; le gros bloc de granit sur lequel est dressée la perche qui sert de signal en est à quelques pas. J’eus soin de consigner ces observations dans le livre des voyageurs à l’hospice du Grimsel, afin de faciliter l’étude de ces curieux phénomènes à ceux qui voudront s’en occuper.